Daniel Cohn-Bendit veut qu’Europe Ecologie soit le pivot de la reconstruction à gauche et s’adresse à Corinne Lepage, MODEM (article Le Monde)

vendredi 10 juillet 2009.
 

Il ne sera candidat à rien. Ne veut ni investiture future ni titre interne chez les Verts. Les élections européennes étaient sa "dernière campagne", répète-t-il. Mais Daniel Cohn-Bendit veut peser de tout son poids pour voir émerger une nouvelle force politique, plus large que les Verts, dans l’année qui vient. Il restera à cette fin le "parrain" d’Europe Ecologie.

Ceux qui pensaient que les écologistes pourraient revenir à leurs anciennes alliances ou en nouer de nouvelles sont désormais prévenus. Plus question pour eux d’être les supplétifs d’un PS en quête de renouveau. L’ère des places offertes contre un ralliement dès le premier tour est révolue, a expliqué le député européen. Les Verts ne serviront pas davantage de bouée de sauvetage à un MoDem affaibli par les erreurs de François Bayrou. Ce n’est pas de leur côté que ses amis chercheront de partenaires privilégiés, a-t-il précisé.

M. Cohn-Bendit a une autre ambition pour les écologistes : celle d’être le pivot des majorités à venir dans les régions en 2010. Parce que la gauche "va dans le mur", "qu’elle n’a plus de projet", c’est désormais aux Verts de prendre la relève, a-t-il assené devant ses troupes. C’est donc un "non" clair que le député européen a adressé aux responsables socialistes qui ne cessent depuis quelques jours d’appeler à des listes communes PS-Verts. Ce n’est qu’au second tour que, "dans la plupart des régions", les listes écolos feront alliance avec le PS.

LES VERTS SONT PRÉVENUS

"Dany" martèle ainsi sa conviction : c’est en totale autonomie que les écologistes feront la différence et gagneront des présidences de région. Parce que le PS "n’est pas en bonne forme" et que la conscience de l’urgence de la crise écologique a progressé, leurs listes peuvent continuer à gagner des électeurs. Forts des 16,3 % qu’ils ont obtenus aux élections européennes du 7 juin, ils doivent continuer à porter leur programme seuls et obtenir des scores qui leur permettront de tenir la dragée haute dans les négociations de second tour.

La stratégie est ambitieuse. Certes, les Verts sont bien implantés dans les régions, mais ce type d’élection qui se déroule au scrutin majoritaire à deux tours risque d’être moins facile pour eux que le scrutin européen qui se joue à la proportionnelle à un tour. Pour qu’elle soit gagnante, il faut "continuer le rassemblement et son équilibre", martèle le "parrain" d’Europe Ecologie. Depuis qu’il a pris la tête de la campagne européenne, M. Cohn-Bendit affiche sa volonté de construire une nouvelle force politique écologiste, "large, diverse et rassemblant toutes les sensibilités existantes". L’ancienne tête de liste continue à appeler "tous les écologistes où qu’ils soient" à rejoindre ses amis. Samedi, il s’est adressé en particulier aux amis de Corinne Lepage, présidente de Cap 21 (MoDem) pour leur dire qu’ils avaient toute leur place à ses côtés. Il a aussi enjoint les "écolos du PS" à intégrer son rassemblement à venir. Un premier ralliement a été salué samedi : celui de Bruno Rebelle, ex-numéro deux de Greenpeace International et ancien conseiller de Ségolène Royal durant la campagne présidentielle.

Les Verts, eux, sont prévenus : si M. Cohn-Bendit entend, dans les jours à venir, continuer à mener son combat contre la réélection de Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne, il restera très présent en France. Il veut surveiller de près la constitution des listes pour les élections régionales où il entend imposer des non-Verts dans tous les départements.

Il refuse que les amis de Cécile Duflot "gâchent" le succès remporté le 7 juin en constituant des listes à leur guise. "Ce ne sera pas seulement des listes vertes ouvertes à quelques personnalités, mais un rassemblement encore plus divers, avec des figures écolos fortes. Nous voulons montrer que l’alternative au modèle sarkozyste, le vote utile, c’est nous", explique Pascal Durand, son ancien directeur de campagne. A côté des Verts, Europe Ecologie se transforme donc en association, afin de rassembler les adhérents de la campagne européenne. Le député européen devrait en devenir le président.

Sylvia Zappi


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message