La gauche, c’est quoi ? (par Olivier Doubre, Politis)

jeudi 6 août 2009.
 

Dans un volumineux essai, vingt-cinq intellectuels s’interrogent sur ce qu’est la gauche aujourd’hui. Alors que celle-ci semble s’être « arrêtée de penser », elle doit écrire une nouvelle histoire. En « labourant en profondeur » les grands sujets et en revivifiant le débat d’idées.

Où va la gauche ? Qu’est-ce qu’être de gauche aujourd’hui ? Que et qui représente-t-elle ? Quel avenir peut-elle espérer ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles 25 intellectuels ont choisi de se confronter dans un volumineux ouvrage récemment paru [1], en ces temps de doute généralisé qui taraude penseurs et militants de gauche, c’est-à-dire ceux qu’on a l’habitude de rassembler sous le terme de « peuple de gauche ». À l’occasion de la parution de cette véritable somme qui balaye les grands sujets de réflexion de ce début de XXIe siècle, Politis a voulu s’interroger sur l’état de la gauche aujourd’hui, en crise depuis plusieurs décennies du fait, d’un côté, d’un certain épuisement du « prêt-à-penser marxiste » (pour reprendre les termes de deux auteurs) et, de l’autre, du ralliement d’une partie de la social-démocratie aux dogmes néolibéraux. Car, il serait inutile de le nier, la gauche connaît une crise profonde en termes d’identité(s), de valeurs, d’objectifs, de propositions et, conséquence directe, de vocations militantes.

Comme l’écrivent Alain Caillé et Roger Sue, la gauche « s’est enfin aperçue qu’elle avait cessé de penser depuis longtemps » : la crise qu’elle connaît se caractérise en effet par une défaite prolongée dans la bataille des idées et la perte d’une hégémonie intellectuelle longtemps incontestable. Pour y remédier, la gauche – ou plutôt les gauches – devra se remettre au travail, « prendre des risques » pour proposer un projet « à la fois réaliste et ambitieux », oser « réinterroger les paradigmes » et, surtout, renouer avec le monde intellectuel, qu’elle tient à distance respectueuse depuis près de trente ans. Le chemin sera certainement long. Mais il s’agit, en premier lieu, comme l’ont fait les auteurs de ce livre, de se (re)mettre à penser ce que pourrait être un projet d’émancipation individuelle et collective de la gauche du XXIe siècle. Notes

[1] De gauche ?, Alain Caillé et Roger Sue (sous la dir.), Fayard, 440 p., 22,90 euros.


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