Le combat pour le rassemblement de l’autre gauche est l’axe stratégique central

vendredi 3 juillet 2009.
 

La tâche essentielle, avant de partir en vacances, est d’achever de mettre en place le cadre politique de la période qui suit les élections européennes. Le combat pour le rassemblement de l’autre gauche est l’axe stratégique central tandis que se prolonge la décomposition du leadership socialiste et parce qu’il est évident que les socialistes n’ont aucune espèce d’énergie ni d’idée pour tirer la gauche de l’impasse dans laquelle ils l’ont enfoncée.

Sans autre forme de commentaire, pour l’instant, je publie la déclaration commune issue de la rencontre avec Le NPA, cet après midi au siège du Parti de gauche à Paris. Je considère, sans crier au miracle que c’est une étape décisive qui vient d’être franchie. Bien sûr beaucoup reste à faire. Mais ce qui est fait est bien fait. Un cadre est tracé, une méthode de travail commun s’affine. Cela correspond au but que nous nous sommes donné avec les communistes, que résume la formule « le Front de Gauche continue, il doit s’élargir ».

Au cas précis ce n’est pas le Front de gauche en tant que tel , dont nous sommes membres fondateur, qui s’élargit dans la mesure ou le NPA ne veut pas que le rassemblement en vue puisse être perçu comme un ralliement ou une absorption. Dont acte.

Nous voici en route vers une formule dont le Front de gauche sera une composante ? On verra bien. Ce qui est sûr c’est que autant le NPA ne veut pas donner l’impression d’être absorbé autant nous ne voulons pas voir se dissoudre notre Front de Gauche créé en commun avec les Communistes d’abord, et mené au combat et aux beaux résultats que l’on sait, au prix de tant d’efforts. Il va falloir affiner. Ce n’est pas le plus difficile dès qu’on est d’accord sur l’essentiel : se rassembler. Pour autant rien n’est fait tant que n’est pas fait le programme, c’est à dire le contenu et les objectifs à proposer ensemble à la société toute entière. Bref, il y a du pain sur la planche, des embuches, des zig et des zag en vue. Le tout c’est de commencer le travail par un bout et de mener son ouvrage sans se décourager. Voici donc le texte de la déclaration commune du NPA et du PG à l’issue de la rencontre du 30 juin au siège du PG tandis que brillait dehors un soleil de plomb. Je le copie tel qu’il est sorti des plumes des rédacteurs et que nous l’avons signé tous.

La rencontre des délégations du NPA et du Parti de Gauche respectivement conduites par Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon qui a eu lieu le 30 juin au siège de ce dernier a donné lieu à la déclaration commune suivante :

Le NPA et le Parti de Gauche constatent les ravages provoqués par la crise globale du système capitaliste, à la fois économique, sociale et écologique, dans laquelle la politique des classes dirigeantes a plongé le monde. Ils dénoncent la vague de licenciements qui frappe de plein fouet le monde du travail et l’offensive de Nicolas Sarkozy, de la droite et du Medef contre les salariés annoncée lors du Congrès de Versailles et dont la volonté de retarder l’âge du départ à la retraite est un élément phare.

Face à cette offensive pour faire payer les frais de la crise aux classes populaires, devant l’urgence de la situation, quelques soient par ailleurs les divergences entre les deux formations, le NPA et le Parti de Gauche souhaitent œuvrer à la préparation d’une contre-offensive du monde du travail pour faire valoir ses exigences au premier rang desquels la garantie d’un emploi, l’augmentation des salaires mais aussi tout refus de recul de l’âge de la retraite.

Sarkozy et la droite se prévalent des résultats des élections européennes pour donner une légitimité leur politique réactionnaire. Pourtant seul un électeur sur dix a donné son suffrage à l’UMP. Il s’agit en réalité moins d’une victoire de la droite que de l’incapacité de la gauche à lui opposer une véritable alternative. En proposant d’accompagner ce système et en se contentant de remèdes homéopathiques qui ne le remettent pas en cause, cette gauche devient du coup inutile aux yeux du plus grand nombre. C’est ce qui explique la crise profonde des partis de la sociale démocratie en Europe. L’abstention massive des classes populaires et des jeunes – phénomène le plus important de ces élections – illustre cruellement cette tendance de fond. Cette abstention est certes lié au rejet de l’actuelle construction libérale et anti démocratique de l’Europe. Mais aussi au fossé de plus en plus grand entre les aspirations populaires et l’offre de la gauche institutionnelle. Dans une situation où la crise va s’aggraver, il y a là un risque majeur. On ne peut que s’inquiéter de la progression de l’extrême droite. Elle prouve qu’elle peut profiter du désespoir des milieux populaires.

Les deux partis soulignent également l’ambiguïté du vote Europe Ecologie. Il reflète une prise de conscience salutaire de la crise écologique. C’est décisif ! Mais ses porte-paroles en font aussi une stratégie politique pour dépasser le clivage gauche/droite. Pour nous, on ne peut ignorer le lien étroit entre la logique prédatrice du capitalisme et le désastre environnemental.

Ils s’accordent pour favoriser l’unité la plus grande contre les projets de la droite et du patronat que ce soit dans le domaine social, écologique, et des droits et des libertés. Le NPA et le Parti de Gauche sont ainsi unis actuellement dans la mobilisation contre l’EPR ou dans le comité national contre la privatisation de La Poste. Mais ils avancent aussi des propositions d’initiatives sur le terrain de la lutte contre les licenciements.

Les deux formations estiment aussi indispensable d’unir les forces de gauche et des écologistes qui rejettent la logique du système capitaliste aux élections régionales. Il est urgent de rendre plus crédible une véritable alternative au système.

Les deux partis constatent que les propositions issues de leurs instances nationales respectives sont suffisamment proches pour leur permettre d’avancer dans cette voie unitaire pour les élections régionales. En conséquence, ils se prononcent au premier tour des régionales pour un accord national pour les 21 régions hexagonales sur des listes autonomes indépendantes associant les forces qui composent aujourd’hui le Front de Gauche comme le PCF et le Parti de Gauche et le NPA, LO, Alternatifs, Alterekolo et les autres courants qui sont dans la Fédération, militant-e-s de quartiers ou du mouvement social. Le NPA les nomme « forces anticapitalistes », et le PG « l’autre gauche ». Ces listes seraient porteuses des exigences des classes populaires, d’un programme d’urgence en rupture avec la logique capitaliste et le productivisme pour les régions. Elles seront autonomes et indépendantes du PS et des listes de type Europe Ecologie.

Au second tour, les listes soutenues par le Parti de Gauche et le NPA se battront pour faire gagner la gauche et empêcher que des régions basculent à droite. Pour cela, les deux organisations se prononcent d’ores et déjà pour des fusions « techniques » ou « démocratiques » des listes de gauche à l’exception de tout accord incluant le Modem.

Pour le NPA, au sein de l’institution, les élus de ces listes conserveront leur liberté totale de vote et refuseront d’accepter des mesures et des budgets défavorables aux travailleurs et à la population.

Il subsiste évidemment au stade de cette première rencontre des questions à régler.

Pour le Parti de Gauche, l’ambition est d’être en situation d’appliquer le programme de ces listes dans le nombre le plus important possible de régions. Le plus sûr moyen d’imposer ce rapport de force consiste à placer ces listes en tête des listes de gauche au soir du premier tour.

Pour le NPA, les élus refuseront de contracter des accords de gestion avec les dirigeants du PS et d’Europe Ecologie. En effet, le NPA constate que les majorités de gauche ayant géré les régions depuis 6 ans n’ont pas mené de politique visant à satisfaire les besoins de la population et à répondre aux exigences écologiques. Elles ont pris des mesures qui leur étaient défavorables, par exemple des subventions accordées à des entreprises qui licencient.

A ce stade, les deux partis estiment que ces différences n’empêchent pas de poursuivre le processus entamé aujourd’hui. Au contraire, les deux partis estiment que leur rencontre aujourd’hui contribue à renforcer une dynamique positive et s’en félicitent. Un rassemblement aussi ambitieux est possible, il peut changer bien des choses. Pour le rendre toujours plus crédible, le Parti de Gauche et le NPA vont poursuivre leurs contacts, et s’invitent d’ores et déjà à leurs rendez-vous de l’été. Ils proposent également à tous les partenaires pressentis un groupe de travail commun pour commencer à avancer sur le contenu de ce que pourrait être le programme d’un tel rassemblement pour les régionales.

Paris, le 30 juin.


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