La République islamique, mode d’emploi

lundi 29 juin 2009.
 

Le régime laisse un certain espace à la discussion et au gouvernement des hommes, dans les limites de la théocratie qui le fonde.

L’imam Khomeyni est le théoricien du gouvernement islamique. Sa force, son génie, disent certains, a été d’imposer le velayat-e faqih, un système de gouvernement dans lequel la souveraineté émane de Dieu, se trouve en lui. La communauté ne peut donc être dirigée que par un faqih (un jurisconsulte) capable d’interpréter les lois islamiques. C’est le rôle du guide de la - révolution, dont les pouvoirs sont au-dessus de ceux du président de la République. Il est désigné à vie par l’Assemblée des experts (aujourd’hui présidée par Hachemi Rafsandjani) composée de 86 membres, tous religieux. Ils sont élus mais ne peuvent être candidats qu’avec l’accord du Conseil des gardiens.

Ce dernier organe, de 12 membres, est chargé de vérifier la compatibilité avec l’islam des lois adoptées par le gouvernement, il a également la haute main sur les élections. Autre instance importante, dont les membres sont désignés par le guide, le Conseil de discernement - également dirigé par Rafsandjani -, qui doit servir d’intermédiaire en cas de conflit entre le Parlement et le Conseil des gardiens. Enfin, il existe le conseil suprême de la sécurité nationale, qui regroupe la quasi-totalité de la direction de l’État. C’est là que sont prises les grandes décisions de politique intérieure et extérieure (par exemple, sur le nucléaire).

C’est dire si le Parlement - où les représentants sont élus au suffrage universel mais les candidatures passent d’abord par les fourches caudines du Conseil des gardiens - a des pouvoirs limités. C’est toute la contradiction de ce régime qui s’intitule République islamique, prétendant allier décision du peuple et loi divine.

Au sein des islamistes (laïcs et religieux), il existe un éventail d’options - politiques assez diverses, qui, d’une manière ou d’une autre, se sont toujours - affrontées. La gauche laïque et démocratique, qui avait participé à la révolution en 1979 et était même à l’origine des premières manifestations contre le chah, a été éradiquée par les mollahs et les milices à son service. Les militants du parti Toudeh (communiste), des Fedayin et des moudjahidin du peuple ont été - emprisonnés et assassinés au début des - années 1980.

Comme le souligne Bahman Nirumand, « l’hétérogénéité du camp islamique subsista jusqu’à une date très récente. C’est depuis peu seulement que les nouveaux islamistes radicaux s’efforcent de monopoliser le pouvoir » (1). Parmi eux, les « abadgaran », les constructeurs, principal soutien d’Ahmadinejad, dont le slogan est « un islam, un État, un guide » et qui récusent le pouvoir des - religieux, à l’exception de celui du guide de la révolution.

(1) Auteur d’Iran, vers le désastre ? (Actes Sud, octobre 2007). Cet article doit beaucoup à certains chapitres


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