Michael Jackson. De Bambi au "Mozart de la Pop" ? (2 articles)

vendredi 30 juin 2023.
 

1) Jackson : marée de larmes gluantes pour l’apôtre de la régression

Condamné à écouter la radio, je suffoque. Toute la planète se voit submergée par une marée de larmes gluantes et de sanglots poisseux à l’occasion de la mort de Michael Jackson. Les manifestants de Téhéran et d’Ispahan peuvent se faire massacrer en toute tranquillité par les milices d’Ahmanimachin et les aspirations à la démocratie de tout un peuple, être étranglées par une dictature mollachiste, peu importe : le monde détourne le regard pour pleurnicher sur « Bambi » qui n’est plus.

Le trépas d’un humain mérite le respect, certes. Les rites funéraires ne forment-ils pas la genèse de la culture ? Mais ce matraquage de jacksonneries commence à nous les briser menu, pour citer Michel Audiard et les « Tontons Flingueurs ». Cette hystérie médiatique – fabriquée par les vendeurs de bruits et relayée par les médiacrates panurgiques – est la marque de cette société qui veut en rester au stade infantile du gavage commercial. Car Michael Jackson – là sans doute a résidé son talent – est devenu l’apôtre de la régression. Sa musique, ses clips, son image se résument par le refus de grandir. Il a bien rencontré son époque de vieux bébés qui se cachent sous la couette pour ne pas voir ce réel inquiétant. Il a su sentir le vent. Bravo, le manager. Cela n’en fait certes pas un créateur génial.

« Le Mozart de la Pop »… Un gonozot radiophonique vient de lâcher ça sur les ondes. Une société qui confond Mozart et Jackson est vraiment très malade !

De Jean-Noël Cuénod, correspondant à Paris de la Tribune de Genève

http://jncuenod.blog.tdg.ch/archive...

2) Michael Jackson. Peter Pan s’est définitivement envolé Article de L’Humanité

Disparition . Le roi de la pop, Michael Jackson, est mort à l’âge de cinquante ans. Il laisse derrière lui une oeuvre musicale universelle qui aura marqué des millions d’admirateurs.

En 2008, le magazine Rolling Stone le classait encore parmi les plus grands chanteurs de tous les temps. Star planétaire autoproclamée, roi de la pop, Michael Jackson est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de cinquante ans dans un hôpital de Los Angeles. Selon le porte-parole de l’établissement, le chanteur aurait été victime d’un arrêt cardiaque à son domicile de Holmby Hills, un des quartiers huppés de Los Angeles où il louait un manoir depuis quelques mois. Sitôt connue, la nouvelle a fait l’effet d’une onde de choc un peu partout dans le monde, aux États-Unis bien sûr, où ses fans se sont aussitôt réunis par centaines devant l’hôpital, pleurant leur idole, et jusqu’au Japon, où le chanteur déchaînait les passions, le gouvernement nippon, aussi incroyable que celui puisse paraître, ayant tenu à exprimer sa profonde tristesse à l’annonce de son décès.

Du sommet jusqu’aux enfers

Michael Jackson, malgré les frasques d’un parcours extraordinaire qui le mena du sommet jusqu’aux enfers, rejoint la destinée de ceux qui semblent être nés pour devenir des mythes. Marilyn, James Dean étaient de ceux-là, disparus eux aussi bien trop tôt, dans des conditions tragiques après avoir connu la gloire. Michael Jackson repose désormais au Panthéon des stars universelles que seule l’Amérique semble pouvoir engendrer. Sa mort vient nous rappeler que même les icônes planétaires sont des étoiles filantes. On le croyait pourtant immortel, comme hors du temps, lui qui se prenait volontiers pour Peter Pan. Bambi Jackson, c’était l’éternelle quête de l’adolescence, la recherche d’un monde enfantin, qu’il ne voulait quitter pour rien au monde.

Dans les années 1980, devenu un des plus gros vendeurs de disques au monde, il était parvenu à fédérer une Amérique dont l’impérialisme culturel entendait dominer la planète. Rattrapé par une industrie du disque rêvant de puissance et de royalties, Jackson était devenu un phénomène mondial, héros de millions d’adolescents fascinés par son côté mutant et le narcissisme d’un chanteur qui se pensait alors Invincible, du nom d’un de ses derniers albums.

Né le 29 août 1958 à Gary dans l’État de l’Indiana, ses premiers pas dans la musique furent ceux d’un enfant star. Avant son apogée et de parvenir à dépasser le King Elvis en devenant la plus grande mégastar de l’histoire du show-biz, il commença sa carrière de chanteur au sein des Jackson Five. Il est le plus jeune des cinq frères du groupe et n’a alors que cinq ans. Ce n’est que quelques années plus tard, à l’âge de onze ans, qu’il décroche son premier contrat au sein de la formation familiale qui devient le premier groupe de l’histoire de la pop à inscrire ses chansons directement au hit-parade, grâce à des succès tels que ABC ou I’ll Be There. Une jeunesse marquée par le succès, mais pas toujours heureuse cependant, à cause d’un père sévère et exigeant avec lequel il est souvent en conflit. Michael Jackson expliquait ainsi le côté Disneyland de sa propriété de Nerverland où se trouvaient réunis un zoo, un cinéma et un carrousel, lieu où, disait-il, « je pouvais avoir tout ce que je n’avais pas eu dans mon enfance ».

Enfant vedette dès son plus jeune âge, Michael Jackson apprend très vite les ficelles du métier, grâce à des rencontres qui allaient donner un sens à sa carrière solo. On le voit alors tourner, en 1978, un remake du Magicien d’Oz,The Wizz, aux côtés de Diana Ross. Mais, c’est sa rencontre avec le producteur-arrangeur Quincy Jones qui lui permettra de véritablement décoller. C’est ainsi qu’en 1979, il sort Off The Wall, premier album qui mélange déjà pop et rythm’n’blues et battra tous les records de ventes, avec dix millions d’albums écoulés. Mais, c’est l’album Thriller (cinquante millions de disques vendus dans le monde) qui va installer définitivement son image de roi de la pop. Partout, son style musical cartonne grâce à une voix haut perchée et un registre qui mêle funk et disco, donnant lieu à des chorégraphies tout aussi originales. Ses shows très visuels seront ainsi marqués par des déhanchements sexy et son fameux pas de danse, le « Moonwalk », que des milliers d’adolescents de par le monde chercheront à imiter.

Une tournée pour retrouver ses fans

Sur scène Michael est le roi du monde, enchaînant les tournées et enregistrant des albums qui à chaque fois font mouche, tels Bad ou Dangerous. Enfin, il y aura Le tube repris par les foules du monde entier, We Are The World, coécrit avec Lionel Richie. Une chanson écrite contre la faim en Afrique, et qui restera comme le single le plus vendu aux États-Unis (7 millions d’exemplaires).

Au triomphe va succéder une période qui allait noircir une existence jusqu’ici teintée de réussite. La star mondiale, adulée par des millions d’adolescents, est soudainement accusée d’abus sexuel envers un garçon de treize ans. Les médias font leurs choux gras des accusations de pédophilie. Jackson doit maintenant faire face aux juges lors d’un procès devant la Cour suprême de Santa Maria en Californie, qui dura de longues semaines. Le chanteur fut acquitté. Mais l’image de l’icône pop est écornée, marquant le début de la déchéance du chanteur. Blessé et psychologiquement déstabilisé, le chanteur occupe désormais la rubrique people des journaux. On parle désormais surtout du chanteur noir devenu blanc à force de chirurgie plastique qui allait transformer radicalement son visage. Jackson, qui semblait ne plus se satisfaire de son image, paraissait toutefois avoir récemment repris goût à la vie. Il devait repartir pour une immense tournée dans le monde, heureux de pouvoir retrouver ses fans. Six cent mille d’entre eux avaient d’ailleurs tenu à acheter un billet pour revoir leur idole sur scène. La première date devait avoir lieu à Londres le 13 juillet. Le destin en aura décidé autrement.

Victor Hache


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