Les réalisations du Conseil national de la Résistance : Des conquêtes historiques

mercredi 19 août 2009.
 

En1949, il y a soixante ans tout juste, s’achevait la mise en place du programme des grandes conquêtes sociales que le Conseil national de la Résistance avait inventé dès la parution de son programme, en mars 1944. Il faut rappeler ces fondamentaux qui ont donné à la France la couleur de la dignité. D’abord, la Sécurité sociale. Bâtie par Ambroise Croizat, elle visait « à en finir », comme le soulignait le ministre du Travail du général de Gaulle, « avec le rejet, l’exclusion, l’impossibilité d’accéder aux soins et, surtout, disait-il en des termes très novateurs, en finir avec la souffrance et les angoisses du lendemain ».

Un peu partout, elle s’organisa à l’aide de bénévoles des entreprises hors leur temps de travail ou sur leurs congés. Deux tiers des Français n’étaient alors couverts par aucune assurance sociale. La plupart vivaient à l’heure de la solidarité syndicale ou des familles, de la charité ou de quelques petites mutuelles dont les caisses étaient épuisées à la moindre épidémie de grippe. La Sécurité sociale donna à tous les salariés la possibilité d’accéder à l’hôpital, au médecin ou à la pharmacie sans débourser un centime dans la plupart des cas. « C’était une véritable révolution, raconte un ouvrier. Avant, on ne se soignait pas ou si mal. On laissait la maladie nous affaiblir ou nous emporter ! » « Je me souviens, surenchérit un paysan savoyard, qu’avant la fameuse "Sécu", l’intervention chirurgicale était une terreur. On n’y pensait même pas. Pour les familles, il fallait parfois vendre une vache, la moitié de son cheptel pour se faire opérer. »

Autre grande conquête, toujours proclamée sous les auspices d’Ambroise Croizat et des gouvernements de la Libération : la retraite. 82 % des Français ne bénéficiaient d’aucune allocation vieillesse. « Il fallait alors travailler jusqu’à soixante-dix ans ou plus, glisse un ancien, pour espérer une petite obole donnée par les municipalités. Alors on se tuait au travail jusqu’au bout ! Mon père d’ailleurs y est mort, à l’usine ! »

Tout change avec l’institution de ce qui fut appelé « celle qui vous doublait la vie ». On comprend le sens de cette appellation quand on se souvient que la vieillesse fut dès lors envisagée non plus comme une « antichambre de la mort » mais au contraire, dira encore Ambroise Croizat, « comme une nouvelle étape de la vie ».

Parmi les grandes conquêtes du CNR, fut aussi proclamée, par la loi Croizat, la généralisation des comités d’entreprise qui offrirent aux enfants d’ouvriers le droit à la lecture, aux vacances et aux bourses scolaires qui permirent à beaucoup d’envisager des carrières impensables pour des familles des cités. On vit naître également - peu de gens le savent - le CNRS, outil de recherche de premier plan qui, avec les nationalisations des banques, des mines et de l’énergie, ainsi que la mise en place de la fonction publique et de la médecine du travail furent les pierres angulaires de ce grand renouveau social aujourd’hui sévèrement menacé.

Tribune libre dans l’Humanité


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