A BRUXELLES COMME A BABEL. Pour une adhésion du PG au PGE

jeudi 2 juillet 2009.
 

Lohtar Bisky, président du groupe de la Gauche unie au Parlement européen, est originaire de la Poméranie, ce territoire entre Pologne et Allemagne, à l’est de la carte de l’Europe. Il parle surtout l’allemand. Mais sinon, il "sprecht" aussi "fluently" l’English. Mais nada en français ni en espagnol, langues autrement plus suaves. C’est un homme simple et enjoué, ce qui le prépare bien à la gestion du capharnaüm Bruxellois. Lui et moi avons donné une interview ensemble pour la chaine de télévision « Arte ». On lui posait une question, en allemand, puis à moi, en français. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il a dit et je sais que lui ne pouvait rien comprendre à mes réponses.

Cependant on s’est bien tapé sur les cuisses l’un l’autre, sans oublier de rire chaque fois que l’autre le faisait. Cette affaire de langue tourne à l’obsession. Dans cette Babel l’évidence du contact humain est un enjeu. Qui que je rencontre, je me demande si l’on va pouvoir se dire quelque chose. Ainsi de mon camarade Helmut Scholtz, nouvel élu européen et secrétaire aux relations internationales de Die Linke. Je le fréquente d’habitude avec Delapierre qui parle couramment l’anglais, celui des annonces dans l’avion. Mais là, je voyage sans lui. Helmut et moi, ici, nous nous trouvons face à face comme deux poissons rouges qui bougent les lèvres mais ne se parlent pas. Notez qu’Helmut parle l’anglais des répondeurs téléphoniques.

Pour ma part je ne comprends vraiment que l’anglais parlé avec l’accent du regretté président Yasser Arafat. Je signale cependant que j’ai pu suivre dans ma jeunesse étudiante une version de Mac Beth subie, dans un ciné club, en langue originale mais jouée par des écossais qui avaient un magnifique accent palestinien ! La vérité est que ma voisine m’intéressait davantage que le film et donc il est bien possible que j’ai été distrait. Mais comment oublier ce tonitruant "mac Beth ! Mac Beth ! Beware mac Duff !" prononcé en roulant somptueusement les "r" qui foudroya mes progrès relationnels ! Et sinon Helmut parle russe et chinois. C’est admirable quoique je ne puisse pas le vérifier. Mais ça n’arrange pas notre relation.

Pour l’instant donc on se tape dans le dos et on se manifeste des signes de vive satisfaction à se retrouver là. Mais il va bien falloir attaquer l’os, bientôt. C’est-à-dire la politique. Helmut devrait bien me donner un coup de main pour fluidifier les entrées du Parti de gauche que je préside dans le Parti de la Gauche Européenne. Certes Raquel Garrido, notre secrétaire aux relations internationales du PG, a déjà bien assiégé la place. Reste à conclure. Il faudrait pouvoir saisir le congrès du parti de gauche de cette proposition d’adhésion. Je transpire à grosses gouttes au seul souvenir de ce début d’entretien avec Helmut. Il s’agissait pour moi de savoir comment Lothar a l’intention de concilier sa présidence du groupe, sa coprésidence de Die Linke et sa présidence du Parti de Gauche Européen.

Mais la réponse est simple comme une traduction des pages roses d’autrefois. Lothar lâche tout pour mener le groupe. Il est vrai que dans ce groupe, les communistes grecs et quelques autres ont rappelé qu’ils n’ont vraiment aucune affection pour le PGE qu’ils considèrent comme une assemblée de liquidateurs de l’identité communiste. Dans ces conditions Lothar devait marquer la distance pour pouvoir présider efficacement le groupe sans crispations inutiles.

De mon côté je vois le PGE comme l’occasion sinon de quelques dépassements à venir, si cela est possible, du moins comme un puissant outil de rapprochement avec les communistes français. Et pour cause. Le bilan, une fois notre adhésion faite au PGE, si elle est décidée, méritera méditation. Voyons. En France nous siégeons dans des groupes communs au Sénat et à l’Assemblée ainsi que dans les régions et souvent dans les conseils généraux et les conseils municipaux. Même situation au parlement européen. Et pour couronner le tout nous serions membres du même Parti, c’est bien d’un parti dont il est question, au niveau européen. Ca devrait faciliter l’osmose qui est nécessaire pour atteindre la masse critique permanente de cohérences dont le Front de Gauche a besoin pour devenir totalement crédible.


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