Le Front de Gauche peut et doit être le cheval de frise dressé contre l’offensive du pouvoir (par Combat républicain)

dimanche 28 juin 2009.
 

Ne pas se laisser intimider

Si Versailles lui était compté - en temps de parole par le CSA – on verrait beaucoup moins Sarkozy le restant de l’année sur les écrans de télévision… Voilà le présidentialisme à la française poussé jusqu’au bout, en vertu d’une réforme constitutionnelle voulue par Sa Majesté et votée par sa majorité : le chef de l’Etat parle à la nation à travers la représentation nationale, laquelle n’a surtout pas le droit de lui répondre. D’ailleurs après comme avant la réforme, le président peut dissoudre la Chambre des Députés, mais le Parlement n’a aucune prise sur l’hôte de l’Elysée…

Ce grand irresponsable, en terme constitutionnel, en prend donc de plus en plus à son aise. Car lui et son parti ont remporté les élections européennes, claironne-t-on dans les medias. Visiblement, nos commentateurs se soucient des chiffres comme d’une guigne, sinon ils auraient ramené le score de l’UMP à sa juste médiocrité en tenant compte de l’abstention, et auraient remarqué que plus de 70% des votants ont donné leur préférence à des partis hostiles à la reconduction de l’ultra-libéral José Manuel Barroso à la tête de la commission de Bruxelles, quand seule la formation présidentielle s’y déclare favorable. Cherchez l’erreur…

Mais laissant sonner les trompettes de la communication, Sarkozy entend bien faire croire qu’il a pris l’avantage…pour le pousser plus loin. À commencer par le dossier des retraites, qui focalise les affrontements sociaux depuis une quinzaine d’années. Résumons : l’homme qui a fait des milliards de cadeaux fiscaux aux contribuables les plus riches, qui en a autant et plus à mettre à la disposition des banques, joint sa voix au chœur des bonnes âmes qui pleurent misère à l’idée de financer les régimes de retraite ; l’homme qui fait semblant de réformer le capitalisme veut vraiment« réformer » les retraites, autrement dit détruire l’un des plus importants de nos acquis sociaux, le départ légal à 60 ans. Une incongruité doit nous mettre la puce à l’oreille. Sachant que l’âge médian de sortie du marché du travail est en France de 58 ans, que le taux d’emploi des 55-64 ans n’est que de 38, 2%, et que le chômage n’en finit plus d’exploser, comment diable pourrait-on travailler jusqu’à 67 ans ? En fait, le pouvoir sait très bien que ce nouvel horizon est illusoire. Mais peu lui importe, car sa finalité est autre : en repoussant l’âge légal du départ en retraite, il cherche à repousser d’autant la perception des pensions à taux plein. Les retraités sont trop riches, alors à l’appauvrissement ! Comme les salariés et les chômeurs !

Courage et lucidité

Il faudra, dans les rangs de la gauche combattante, expliquer patiemment, massivement, les tenants et les aboutissants de la bataille dont Sarkozy a fixé la date : 2010, soit la même année que les élections régionales. C’est dire si l’échéance du mi-mandat orientera l’avenir. La droite le sait : 2010 peut être l’année décisive du quinquennat, dont l’issue conduit à la réélection ou à la défaite. En attendant, elle prépare le terrain par la guerre psychologique, distillant l’idée que les jeux sont faits et que, fort (?) du résultat du scrutin européen, Sarkozy ne peut pas être battu en 2012.

Il est vrai que l’actuelle fragmentation de la gauche milite en sa faveur…Mais rien ne serait plus absurde que de baisser les bras devant une droite minoritaire. Rien ne serait plus dangereux que de laisser s’installer le défaitisme dans les rangs du mouvement populaire, alors que s’approche « la bataille des retraites », dont l’issue influera pour longtemps la gauche et le destin de la République. Sarkozy et ses sbires – les Bertrand, Lefèvre, Hortefeux et autre Estrosi – n’ont pas tous les moyens de leur politique. Rarement pouvoir aura été si impopulaire, quoi qu’en dise ses propagandistes. La colère court le pays comme une traînée de poudre…

Et le Front de Gauche ? Justement, il peut et doit être le cheval de frise dressé contre l’offensive du pouvoir. À lui d’insuffler courage et lucidité, à rassembler sans sectarisme dans la perspective du combat prochain. Contrairement aux pronostiqueurs intéressés qui l’avaient simplement enterré avant les élections européennes, malgré le silence radio et la censure télé, le Front de Gauche s’est inscrit dans le paysage politique. Il pèse sur la recomposition de la gauche et ses militants sont aux avant-postes du mouvement social. Ferment de combativité, il doit maintenant irradier au plus profond des forces populaires.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message