La Fête de l’Humanité des 11, 12 et 13 septembre 2009 : Carrefour des luttes. Entretien avec Jean-Luc Hees, président de Radio France (3 articles)

vendredi 11 septembre 2009.
 

1) Un rendez-vous de rentrée à ne pas manquer

Quelques semaines après les élections européennes, où la semence du tout nouveau Front de gauche porte de premiers germes d’espoir, au cœur d’un mouvement unitaire, syndical, social, citoyen, culturel, la Fête sera un lieu inédit de convergence et de dialogues des gauches sociales et politiques, un lieu original où résonneront les aspirations populaires, les urgences sociales, démocratiques, écologiques, contre les choix ultralibéraux destructeurs des hommes et de la nature.

La Fête sera un formidable lieu de réflexion, de débat d’idées sur les moyens d’élaborer ensemble un plan audacieux, crédible de sortie de crise, en procédant à des ruptures nettes avec les politiques ultralibérales et le capitalisme. Elle va être le lieu où toute la gauche pourra se retrouver pour cet indispensable débat, afin de relancer une gauche populaire, bien à gauche, au service du peuple et de la jeunesse.

Face à l’aggravation des crises mondiales qui s’annoncent, la Fête sera, une nouvelle fois, un grand rassemblement internationaliste de convergence des mouvements progressistes du monde entier ; une grande manifestation pour la souveraineté des peuples, le désarmement et la paix. Placée sous l’égide du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Jean Jaurès, de son action, de ses pensées, de la renaissance des idées du marxisme vivant, la Fête va déployer des débats sans pareils pour penser un nouvel avenir, plaçant au cœur de toute délibération publique l’intérêt des êtres humains et de la planète sur laquelle ils vivent.

Le cœur de la Fête battra au rythme des mobilisations sociales, culturelles, féministes, antiracistes, celles de la jeunesse dans sa diversité. Elle sera le lieu de rendez-vous de toutes les luttes syndicales et sociales. Elle en constituera un porte-voix incomparable. Elle prolongera et pourrait être un point culminant des initiatives des parlementaires communistes et ceux du Parti de gauche pour obtenir enfin des lois efficaces contre les licenciements, pour l’augmentation du pouvoir d’achat, pour la défense, la modernisation et l’élargissement des services publics.

L’utilité et la force de cette édition de la Fête de l’Humanité vont résider dans une multitude de débats sur les issues possibles à la crise du capitalisme et l’invention d’un projet politique nouveau, le processus de construction d’un rassemblement populaire de type nouveau, jusqu’à devenir majoritaire.

La Fête de l’Humanité c’est aussi la culture, sous ses diverses formes. Cinéma, avec notamment le film l’Armée du crime, de Robert Guédiguian. Théâtre avec la nouvelle pièce la Valise de Jean Jaurès. La scène des nouveaux talents avec Zebrock. La création avec une belle exposition de peinture. La découverte de la littérature espagnole contemporaine au Village du Livre. La grande scène va accueillir une programmation musicale et culturelle exceptionnelle, métissée, jeune, intergénérationnelle, diverse. Elle offrira, dans une ambiance conviviale et pour un prix d’entrée sans équivalent, une occasion pour un large public de participer à des concerts inoubliables, notamment avec Manu Chao, Deep Purple, Julien Clerc, The Kooks, Keziah Jones et bien d’autres encore.

Comme chaque année, le succès de la Fête de l’Humanité dépend de la mobilisation des lecteurs du journal, des diffuseurs de l’Humanité Dimanche et des militants pour proposer largement le « bon de soutien-vignette » à leurs proches, leurs voisins, leurs collègues de travail. Disponible dès maintenant, le « bon de soutien vignette » est à mettre entre toutes leurs mains. Au-delà, nous souhaitons que la Fête soit co-construite avec les mouvements sociaux, culturels, écologiques, associatifs. Nous souhaitons qu’elle soit la propriété de toutes et tous. Nous proposons aux nombreux jeunes qui souhaitent y venir de les associer pleinement à la préparation de la Fête. Nous leur proposons de faire connaître le programme, de s’emparer des nombreux débats et rencontres qui vont se préparer, de proposer leurs propres initiatives, de participer à la vente du bon de soutien. L’espace Libres Échanges des jeunes correspondants de l’Humanité se met à leur disposition pour qu’ils construisent leur Fête et apportent leurs idées à sa préparation.

Ensemble, construisons une belle Fête de l’Humanité. Une fête joyeuse et dynamique. Une fête utile pour inventer un autre monde. Une fête de la solidarité et de la fraternité.

Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité

2) « Radio France fêtera les cent ans de la Fête de l’Huma ! » Entretien avec Jean-Luc Hees, président de Radio France

« La Fête de l’Huma fait partie de l’histoire de France », estime Jean-Luc Hees. Le président de Radio France, qui a évité de s’exprimer dans les médias depuis sa nomination à la tête de la Maison ronde, en mai dernier, déroge à la règle pour parler de la Fête. « J’ai un peu pris le train en route », s’excuse-t-il dans un sourire derrière son bureau. S’il est au courant du programme, c’est son prédécesseur qui a effectivement signé et réglé le partenariat avant son arrivée.

Pour lui, le partenariat entamé depuis plusieurs années avec la Fête de l’Humanité est « incontournable » pour Radio France. « C’est un endroit où il y a des centaines de milliers de personnes qui passent », et Radio France se doit donc d’être là où se crée l’événement. D’autant que « c’est un endroit sympathique où se croisent tant de musiques, le plateau est quand même impressionnant », continue-t-il. « C’est une tradition de la maison d’être à la Fête de l’Humanité. Nous sommes complètement dans notre rôle avec ce partenariat », insiste-t-il.

Pour le président de Radio France, l’édition 2009 de la Fête, avec la crise économique et les débats qui l’entourent est quasi incontournable : « c’est un lieu très ouvert au plan culturel, où il y a du débat, particulièrement en ce moment », dit-il pudiquement. « C’est d’ailleurs assez miraculeux que tout le monde trouve sa place en ce lieu », remarque-t-il. « Personne ne s’y trompe : c’est un lieu qui rassemble bien au-delà des communistes. » Vu le contexte économique, et compte tenu des interrogations de la période, « Radio France est dans son boulot en étant présent à la Fête de l’Humanité ». Jean-Luc Hees insiste sur le fait que son prédécesseur, Jean-Paul Cluzel, avait déjà quasiment bouclé le partenariat avant son arrivée : « Mais le bon côté de cette maison, c’est la continuité du service public », se félicite-t-il. Pour lui, il est aussi important que les nombreux participants à la Fête « remarquent la présence de Radio France ». Et avec les plus de trente heures d’antenne des différentes stations, et le concert du dimanche après-midi (voir encadré), Radio France est largement visible sur la Fête.

D’ailleurs, la logistique, plutôt lourde, coûte cher. « Mais le service public fait des sacrifices là où il faut en faire », assure-t-il. Lui n’a qu’un seul regret pour cette année : il n’y a pas assez de captations pour les différentes antennes du service public « de ces formidables concerts ». Il est à parier qu’il aura des idées de ce type pour l’an prochain… « Personne ne se trompe » sur l’importance de ce rendez-vous de la rentrée, assure le président de Radio France. D’ailleurs, lui est persuadé que « Radio France sera encore là pour les cent ans de la Fête de l’Humanité ».

Propos recueillis par Caroline Constant

3) La Fête, carrefour des luttes

La multitude de luttes et des conflits sociaux, dans le secteur privé comme dans le public, seront à l’honneur. Occasion de croiser les expériences et de tisser des solidarités.

« Forum des luttes », à l’agora de l’Humanité, « Apéritif de luttes », au forum social, rassemblement avec les salariés sans-papiers au stand de Paris, « Hôpitaux en lutte », dans l’espace Val-de-Marne, des moments de solidarité avec les Molex, les Conti, les agents d’EDF, ceux de la RATP, les cheminots, les psychiatres, les agriculteurs, les enseignants… Et partout, les premiers votes pour s’exprimer contre la privatisation de La Poste. Sans surprise, la Fête de l’Humanité 2009 sera une caisse de résonance des multiples sujets de mécontentements sociaux. La plupart des acteurs des luttes récentes ou en cours s’y retrouvent. À commencer par les salariés des grandes entreprises du secteur privé en proie à des plans de suppression d’emplois ou à des fermetures de sites, confrontés à des patrons voyous où à des directions qui ont profité de la crise pour annoncer de vastes plans de restructurations. Mais les salariés des entreprises publiques confrontées à une marche forcée vers la rentabilité, tout comme les fonctionnaires qui résistent aux réformes de l’hôpital, de l’université, de l’État sont aussi largement invités à participer à des débats. De ce point de vue, la Fête est aussi un croisement, un espace où se mélangent les expériences, les idées, les points de blocages et les alternatives, les défaites et les victoires.

Depuis le déclenchement de la crise économique, il y a un an, la France connaît une conflictualité exceptionnelle du fait de la conjonction de deux principales causes : les effets de la crise et la poursuite des réformes gouvernementales. Les huit derniers mois ont été riches en luttes. Dans leur entreprise ou lors des rendez-vous de mobilisation interprofessionnelle, les salariés ont exprimé leur refus de payer les pots cassés de la crise, tandis que se développaient des mobilisations pour préserver un haut niveau de services publics d’éducation, de justice, de santé… La plupart de ces luttes ont été relayées, traitées, suivies par des journalistes de l’Humanité. Pendant l’été, du 3 au 21 août, la rédaction a publié une série de portraits : « Moi, nous. Portraits de luttes ». Chacun sa page. Un peu à l’image des conflits sociaux qui ont, en fait, trop peu l’occasion de se rencontrer. Pourtant, les questions transversales ne manquent pas : Existe-t-il des racines communes aux restructurations dans l’industrie ou aux réformes des différents services publics ? Les conflits sont-ils dans une phase de radicalisation ? Jusqu’où faut-il aller pour se faire entendre ? Comment faire face à la répression, à la criminalisation ? Ont-ils favorisé une prise de conscience sur la nature du système économique ? Comment concilier l’action pour préserver son emploi et celle pour arracher le maximum d’indemnité ? Est-il possible de tisser des convergences entre des conflits qui portent des problématiques très différentes ? Faut-il rassembler plus largement que les seules forces salariales ou syndicales pour créer un rapport de forces ? Toutes ces questions, et beaucoup d’autres, trouvent à la Fête matière à être débattues. Cette année, à l’agora de l’Humanité (voir ci-dessous), le « forum des luttes » n’a pas d’autre vocation que de croiser les expériences et de débattre de toutes ces questions.

Paule Masson


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