Européennes : « Cette élection n’est pas un succès pour le Président » (interview de Jean-Luc Parodi, politologue au Cevipof)

vendredi 12 juin 2009.
 

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans cette élection ? Le bon score d’Europe Ecologie ? L’échec du MoDem ?

C’est plutôt la manière dont l’UMP a gagné la bataille de l’interprétation des résultats. Il est vrai que le parti de la majorité envoie le plus d’élus au Parlement (30). Mais en termes de suffrages, la gauche, toutes familles confondues, fait mieux que la droite. Tout comme l’anti-sarkozysme (la gauche, le MoDem et dans une certaine mesure le FN), qui totalise près de 60% quand le parti du Président ne recueille que 28% des suffrages. Un chiffre assez proche, d’ailleurs, de la cote de popularité de Nicolas Sarkozy. Cette élection n’est pas un succès pour le Président.

Elle est par contre un revers cinglant pour le PS et le MoDem, non ?

Oui. Il y a deux vaincus dans cette élection, le PS et le MoDem et deux vainqueurs, l’UMP comme parti et « les gauches ». Mais le jour venu, c’est peut-être le PS qui tirera le plus de profit de la coalition de gauche issue de ces élections. La droite récolte les fruits de la création de l’UMP en 2002, avec ce que cela a de rassembleur mais aussi de limité dans la mesure où il n’y a plus beaucoup de réserves de voix. La tentation pourrait être grande de modifier le mode de scrutin des régionales pour en faire une élection à un tour, comme cela a de nouveau été récemment évoqué par Jean-Pierre Raffarin.

Que faut-il par ailleurs retenir du 7 juin 2009 ?

J’ai pour habitude de dire que les européennes, c’est une élection sans électeurs, sans Europe, sans enjeux de pouvoir et sans 2e tour. Cette fois-ci, c’est faux sur un point : le scrutin de 2009 est peut-être celui qui a le plus parlé d’Europe. Par ailleurs, contrairement aux précédentes élections nationales, où on assistait à un vote râleur et pessimiste, on constate cette année que les partis de gouvernement ont mieux réussi que ceux de protestation. Même si une partie de la contestation s’est peut-être manifestée dans l’abstention. Enfin, les partis qui avaient appelé à voter « oui » à la Constitution ont rallié les deux tiers des suffrages quand ceux qui avaient fait campagne pour le « non » ne récoltent qu’un gros quart des voix. C’est le signe que la grande crise de 2005 s’est un peu estompée.

Propos recueillis par Catherine Fournier


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