Pas d’élu à moins de 8%, 10% Sur un gros bobard de Martine Aubry (par Michel Soudais, Politis)

dimanche 7 juin 2009.
 

A court d’arguments, Martine Aubry s’emploie à dissuader les électeurs de voter pour le Front de gauche, le NPA et Europe-écologie. Le seul vote qui, selon elle, permet de changer de majorité au Parlement européen et ainsi de "changer l’Europe" (et non de "changer d’Europe", nuance) serait de voter en faveur des listes du PS.

Au lieu de convaincre les abstentionnistes, la Première secrétaire du PS martèle le même message à chacune de ses apparitions médiatiques. Avant d’être sur TF1 hier soir, Mme Aubry était l’invitée de la matinale de France Inter : « Il ne faut pas se disperser, a-t-elle averti. Les liste qui font moins de 8 ou 10% n’auront aucun élu, aucun élu. » Et d’ajouter cette conclusion, très contestable au regard des votes du Parti socialiste européen et du PS : « Si on veut battre la droite libérale, il faut voter socialiste. »

Mme Aubry : pas d’élus à moins de 8 à 10%.

L’ennui est que cet argument n’en est pas un. Sans qu’intervienne une quelconque appréciation politique, il est même tout simplement faux. En 2004, au moins 8 candidats ont été élus avec des scores inférieurs, voire même très inférieurs, à 8 ou 10% dans six des sept super-circonscriptions métropolitaines. Pour mémoire, voici la liste de ces élus, classés par « secteur » (c’est le vocable officiel), accompagnée du nombre de sièges à pourvoir en 2004 et (derrière le /) en 2009.

- Ile-de-France (14 sièges/13), Francis Wurtz (PCF), 6,04 %.

- Nord-ouest (12 sièges/10), Jacky Hénin (PCF), 6,80 % ; Hélène Flautre (Verts), 6,83 %.

- Sud-est (13 sièges/13), Patrick Louis (Villiers), 6,15 %.

- Sud-ouest (10 sièges/10), Gérard Onesta (Verts), 8,31 %.

- Ouest (10 sièges/9), Marie-Hélène Aubert, 7,66 %

- Est (10 sièges/9), Marie-Anne Isler-Béguin (Verts), 6,39 %.

- Massif-central-Centre (6 sièges/5), Jannely Fourtou (UDF) 9,95 %.

Martine Aubry fait donc (au mieux) une erreur de calcul.

Le scrutin européen, rappelons-le, se joue à la proportionnelle à la plus forte moyenne (Méthode d’Hondt). Seuls les listes ayant passé la barre des 5% participent à la répartition des sièges. En pratique cela signifie que, dans un secteur où 13 sièges sont à distribuer, il faut pour en obtenir un réunir non pas 7,7% (100% divisé par 13 sièges), mais plus vraisemblablement 6,5%. En effet, une fois mises hors-jeu les listes ayant obtenu moins de 5% des suffrages, la répartition des sièges se fait sur environ 85% des suffrages exprimés.

En outre, les subtilités d’un scrutin de liste à la proportionnelle sont telles que voter pour la liste PS ne donne pas forcément un siège de plus. C’est ainsi qu’en Ile-de-France, si l’on se fie aux sondages disponibles, le dernier siège à pourvoir se jouerait entre le Front de gauche et l’UMP. Dans ces conditions, tout électeur qui abandonnerait le Front de Gauche pour se porter sur le PS risquerait de faire élire un député...UMP de plus.

Mieux vaut donc ne pas écouter Martine Aubry et les sirènes de Solferino et voter suivant son inclination.


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