Parti Socialiste : AMNESIE CONTAGIEUSE

mercredi 27 mai 2009.
 

L’argumentaire du PS sur le Front de Gauche prétend que nous l’accusons à tort de ne pas avoir respecté les référendums contre le Traité Constitutionnel européen et contre le Traité de Lisbonne. Problème. L’argumentaire du PS est spécieux. Très spécieux. Il ne porte que sur le Traité Constitutionnel européen. Celui de 2005. Le PS se défend d’avoir voulu continué à le faire ratifier après les référendums de 2005. Encore heureux ! Cependant ce n’est pas non plus tout à fait vrai. En effet nombreux sont ceux des dirigeants socialistes qui appelèrent après le vote à poursuivre la ratification dans les autres pays européens. Sans oublier les braves camarades du PSOE qui réunirent à Madrid les Etats ayant voté oui pour faire pression sur ceux qui ont voté « non ».

Laissons cela pour l’instant. Car la critique du Front de Gauche ne porte pas là-dessus. Elle concerne le soutien du PS au Traité de Lisbonne, copie conforme du TCE. Et, précisément, en ce qui concerne le Traité de Lisbonne, l’argumentaire du PS est étrangement silencieux. Et il y a une raison, on s’en doute. On devine même laquelle ! C’est que les eurodéputés PS l’ont adopté en séance, piétinant ainsi les votes populaires. Pour que le lecteur se fasse son opinion tranquillement le mieux est qu’il puisse lire sans coupure tout le passage de de l’argumentaire amnésique du PS et ensuite seulement ma réplique argumentée et documentée. Voici donc le texte de l’argumentaire socialiste :

« Sur le Traité Constitutionnel Européen, suite aux « Non », le Parlement européen a réfléchi à ce qui pouvait être fait pour améliorer le fonctionnement de l’Union européenne. Pour le Front de Gauche, nous n’avons pas respecté les référendums. Pourtant, nous avons voté ceci : « il est nécessaire de respecter les États membres et leurs peuples qui ont ratifié la Constitution aussi bien que la décision de ceux qui ne l’ont pas ratifiée, et d’analyser avec soin les causes des résultats défavorables en France et aux Pays-Bas ». Nous respectons le vote des citoyens, de tous les citoyens, contrairement à ce qu’affirme la citation fallacieuse faite par le Front de gauche. Autre coupure qui déforme le sens : selon le Front de gauche, le PS a voté pour la ratification du texte malgré les référendums. Faux, encore une fois. Voici le paragraphe que nous avons effectivement voté, dans son intégralité cette fois-ci : « Le Parlement européen fait observer que, théoriquement, un certain nombre d’options s’offrent à l’Union, qui vont de l’abandon du projet constitutionnel à la poursuite des efforts tendant à la ratification du texte actuel non modifié, en passant par la clarification ou l’enrichissement du texte actuel, la restructuration et/ou la modification de ce texte dans le but de l’améliorer, ou encore une refonte complète ; ». Résumé hypocritement par le Front de Gauche, cela donne : le PS appelle « à la poursuite des efforts tendant à la ratification du texte actuel non modifié ». Beau mensonge ! »

C’était la prose socialiste. Quelle erreur ! Il ne faut pas mettre des points d’exclamations comme celui-ci, cher camarade socialiste préposé à la rédaction des argumentaires, sans s’assurer d’être absolument sans faute. Pensez aux malheureux amis sur le terrain qui se risqueraient à vous répéter en se pensant sûrs de leur argument, devant un diable rouge du PG qui potasse comme un fou toutes ses fiches avant le moindre débat. Pan sur le bec du pinocchio socialiste ! Car voici à présent l’extrait de la résolution du 20 février 2008 du Parlement européen, votée par tous les euro députés PSE et PS, à l’exception d’André Laignel qui est le seul député PS à avoir voté contre. Lisez.

« Il est nécessaire que le traité de Lisbonne soit ratifié par tous les États membres avant la fin de l’année 2008 ». Le Parlement européen « accepte le traité et souligne la nécessité pour tous les États membres de l’Union d’en achever la procédure de ratification suffisamment à temps pour qu’il puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2009 ». Vous aviez dit mensonge, cher socialiste ? Et il y a encore une preuve supplémentaire que les euro députés PS ont refusé de tenir compte des référendums populaires. La voici, elle est implacable. Lors du même débat au Parlement européen sur le Traité de Lisbonne, le 20 février 2008, ils ont voté contre l’amendement présenté par Francis WURTZ et le groupe de la Gauche Unie Européenne. Voici ce que disait cet amendement. « Le Parlement européen s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne ». La grande majorité des euro députés PS français (à l’exception de 2 d’entre eux) ont voté, avec l’UMP et les Verts, contre cet engagement élémentaire de respect du vote irlandais. Dites, vous aviez dit mensonge ? Décidément ces argumentaires socialistes sont surtout dangereux pour ceux qui les utilisent !

AMNESIE PARISIENNE

A Paris comme partout ailleurs en France, le PS n’a pratiquement aucune activité de campagne. Mais les dirigeants doivent au moins faire semblant de faire quelque chose qui justifie leur position éminente. Chaque étage renvoie donc à l’étage supérieur des bilans d’activités flambants. Mais personne ne fait rien de réel. Même pas relire ce qu’il écrit ou envoie. Donc, les grands chefs parisiens ont publié une liste d’élus qui soutiennent la liste d’Harlem Désir. Un copié collé de fichier. Bien sûr personne n’a été consulté. Les élus de base c’est le bétail de l’appareil. On siffle, on crie, et on le pousse devant. A partir de là, avec ces méthodes, comment reconnaître quelqu’un dans la masse du troupeau ? Mais quelle importance ? Personne ne lit ce genre de liste. Même pas celui qui la rédige. C’est comme ça qu’un vieux fichier est publié.

Et dedans, la grosse bêtise qui fait tomber tout le système par terre car elle prouve que c’est juste un montage copié collé. C’est ce que dit poliment Alexis Corbière, premier adjoint au maire du 12 ème arrondissement, embrigadé de force dans la cohue. Il l’écrit sur son blog. Humour froid. " C’est avec le plus grand étonnement que je découvre mon nom parmi le Comité de soutien à la liste présentée par le Parti socialiste et conduite par Harlem Désir en Ile-de-France à l’occasion des élections européennes. Secrétaire national du Parti de Gauche (PG), j’appelle pourtant à voter publiquement depuis plusieurs mois pour la liste "Front de Gauche" conduite par Patrick Le Hyaric, Raquel Garrido et Christian Piquet en Ile-de-France. Ceci révèle sans doute banalement que le PS utilise le nom d’élu sans même leur demander leur avis. A quelques semaines du scrutin du 7 juin, cela ne manifeste pas beaucoup de sérieux. J’attends que dans les plus brefs délais cette erreur soit corrigée. Alexis Corbière Conseiller de Paris Premier adjoint à la Maire du 12e arrondissement de Paris.

AMNESIE ENCORE !

Le PS a décrété le mercredi 20 mai comme journée nationale de mobilisation pour les services publics, avec une grande réunion publique à Paris sur le thème « Les services publics, notre bouclier social ». Le lundi 18 mai sur LCI, Vincent Peillon a accusé la droite « qui ment. Et ne cesse de mentir. Et sur tout. Je peux prendre des exemples. [ …] Sur la directive services publics : cela fait trois ans que j’entends M. Barnier, M. Sarkozy, dire qu’ils sont pour les services publics ».

Vincent Peillon ignore visiblement que deux des commissaires européens qui auraient pu proposer cette directive sur les services publics sont membres de son parti, le PSE (Gunter Verheugen, commissaire aux entreprises et Vladimir Spidla, commissaire chargé des affaires sociales). C’est d’ailleurs ce que Michel Barnier n’a pas manqué de lui répliquer mercredi 20 mai sur France Inter s’étonnant que le PS dénonce la commission Barroso alors qu’elle est cogérée par les sociaux-démocrates du PSE. Peu importe, le PS continue son numéro d’enfumage à longueur de meetings. Ainsi, Martine Aubry à Marseille le 19 mai dont les propos sont rapportés par l’AFP : « Il y a deux projets, celui de la droite, du PPE (parti populaire européen), projet de déréglementation et de dérégulation et celui des socialistes qui s’ils gagnent les élections reproposeront la directive pour protéger les Services publics » « Lisez le programme du PPE et du Modem ; ils sont pour la concurrence » « il ne faut pas avoir d’hésitation ou d’états d’âme, il faut voter efficace ».

A croire Martine Aubry le PS et le PSE seraient donc contre la concurrence appliquée aux services publics … C’est certainement pour cela que le 22 avril dernier les eurodéputés PS et PSE ont voté au Parlement européen avec le PPE et les centristes les directives achevant la libéralisation du marché de l’électricité. C’était deux jours avant le meeting de tout le PSE a Toulouse ! Il faut conseiller à Martine Aubry de lire à son tour le texte de la résolution votée à cette occasion par les euro députés PS. Ça rafraichit la mémoire décidément très défaillante au PS. Ce texte est en effet une véritable ode à la concurrence. On trouve 43 fois le mot concurrence dans la résolution votée par le PS ! Cette résolution appelle par exemple à « développer la concurrence sur le marché intérieur de l’électricité ». Pire, elle dénonce « les États membres dans lesquels les tarifs entravent la concurrence et le bon fonctionnement du marché » …Qui est visé ? Devinez. Son propre pays ! La France et ses tarifs réglementés de l’électricité. Je suis sûr que Laurent fabius ne savait rien non plus de tout cela avant d’aller faire son meeting en défense des services publics. Il a déclaré que le 7 juin ce serait un choix entre l’Europe de la démolition libérale et l’Europe de la protection socialiste. Il ne savait pas, pas vrai ! Sinon il saurait que pour ce qui concerne l’électricité, pour ne parler que de cela, c’est du pareil au même. Même poil, même bête, dit l’adage créole. Donc lui aussi a l’air assez amnésique ces temps-ci. Ou bien ses proches camarades qui ont voté tout ça ont oublié de le lui dire. Faire campagne pour le PS, aujourd’hui, c’est être oublieux du matin au soir. Et ridicule en proportion. Rien de plus !

APPEL

Je viens de prendre le temps de consacrer un long moment à rédiger cette note. Mon intention est toujours la même : mettre en circulation des arguments pour faire vivre la campagne. Faire vivre le débat est un acte civique. Mais il y a davantage dans cette circonstance. Mon intention est de faire réfléchir très sérieusement les camarades et amis socialistes et verts de gauche qui préparent leurs votes en conscience. Déjà nombreux sont les militants, élus, électeurs socialistes qui sont venus me dire qu’ils voteront pour le Front de Gauche. Ils ne quittent pas leur parti et ce vote ne veut pas dire qu’ils se lient pour toujours à nous. Cela veut dire qu’ils se donnent dans ce vote et par leur bulletin de vote une assurance contre ce qu’ils voient se mettre en place du côté du PS en direction du centre et de la mise aux normes européenne de leur parti de référence. Et beaucoup sont, comme en 2005, tout simplement d’accord avec ce que nous disons à propos du Traité de Lisbonne. La même situation prévaut chez nombre d’amis Verts. Je pense que la déclaration de José Bové, celle de Cohn Bendit en Italie doit maintenant les décider à agir contre le mauvais coup qui se prépare. En France, le modèle italien ne doit pas passer. La mutation de la gauche en centre gauche centre droit ne doit pas se faire. Il faut l’empêcher. Et pas seulement se défendre. En positif il faut ouvrir une alternative à cette voie suicidaire. C’est cela que représente la construction du Front de gauche.


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