GRIPPE PORCINE : Le virus du néolibéralisme (article national du Parti de Gauche)

mercredi 6 mai 2009.
 

Selon les premières indications de la presse mexicaine, l’épidémie de grippe H1N1 proviendrait probablement de l’Etat de Veracruz, où s’entassent les fermes d’élevage porcin. Que ceci soit finalement avéré, ou pas, n’a au fond que peu d’importance. On trouve, tant dans la presse que dans le journal officiel du Parlement mexicain nombre de commentaires désobligeants et de plaintes à l’encontre de l’entreprise qui gère ses fermes, Granjas Carroll, et ce depuis des années.

D’où vient cette entreprise, Granjas Carroll de México (GCM) ? C’est une filiale d’une des grandes entreprises étasuniennes de l’agrobusiness, Smithfield Foods Company (SFC), un des plus gros producteurs mondiaux de porcs. A vrai dire, SFC n’est pas non plus en odeur de sainteté au nord du Rio Grande, où ses pratiques et le niveau d’hygiène de ses installations semblent susciter de nombreuses réticences. Mais, au Mexique, les normes sanitaires et sociales sont inférieures à celles des Etats-Unis et, probablement, le niveau de contrôle de l’Etat est d’une souplesse compatible avec la pensée du profit. Et c’est heureux pour SFC, car les Etats-Unis, le Canada et le Mexique forment une grande zone de libre-échange, l’ALENA, depuis le 1er janvier 1994, contre laquelle s’étaient soulevés les indigènes du Chiapas, avec un certain sens de la prémonition.

Pour en revenir à nos cochons, GMC a été créée en... 1994. Aubaine de l’ALENA pour SFC qui trouve ainsi à investir dans une zone moins contraignante d’un point de vue réglementaire. Qu’on en juge : GCM produit aujourd’hui environ 950 000 porcs sur l’Etat de Veracruz, quand SFC en compte environ 1,2 millions sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis. Emanation directe du capital étasunien, créée dans le cadre d’un marché de libre-échange, GMC développe ainsi un type d’élevage concentrationnaire, destiné à notre alimentation, et propice à l’apparition de maladies diverses et variées. Comme on peut le constater sur le site internet de SFC, son action ne se porte pas mal depuis 1994... SFC est aujourd’hui présente en Chine mais aussi en Europe - Pologne, Roumanie et Royaume-Uni, trois pays qui ne sont pas particulièrement réputés pour la sévérité de leurs contrôles étatiques.

L’épidémie de grippe mexicaine, au-delà des drames individuels qu’elle cause, est symptomatique des dérèglements du néolibéralisme, de la poursuite effrénée de la maximisation des profits et de l’accumulation du capital, au détriment de la santé humaine et des conditions d’élevage des animaux. Elle jette une lumière crue sur des modes de production délirants, ou le manque absolu d’hygiène est compensé par l’usage effréné de médicaments visant à réduire les pertes de capital avant l’abattoir.

Ce modèle a germé dans l’Union européenne, au service des puissants et des possédants, de ceux qui ne perdent jamais ni leur terre ni leur emploi. Il existe à travers la politique agricole commune qui depuis ses débuts mise sur la concentration économique et spatiale de la production, avec les désastres que nous connaissons, que ce soit à travers les territoires qui se vident ou les crises comme celles de la « vache folle ».

Il existe aussi à travers les accords d’association que cherche à imposer l’Union européenne à nos partenaires du Tiers Monde en Afrique, en Amérique latine ou en Asie. En suivant un format OMC+, qui va plus loin que les concessions exigées par l’Organisation Mondiale du Commerce, plus loin que les concessions obtenues par les accords de libre-échange avec les Etats-Unis, nous, Européens, participons à travers l’Union européenne de la fragilisation de l’agriculture de ces pays, nous minons leur souveraineté alimentaire, nous préparons le terrain des crises sanitaires de demain.

Le Parti de Gauche rejette cette relation à l’être humain et au monde. Il demande l’abandon des dogmes productivistes de la politique agricole commune et l’abandon des exigences néolibérales aux pays du Tiers Monde. Il défend l’agriculture de proximité, respectueuse de l’environnement et déconnectée des logiques malsaines du capitalisme.

Le Parti de Gauche, à travers le Front de gauche dans lequel il s’est engagé pour les élections européennes du 7 juin, invite ses concitoyen-nes à le soutenir dans la rue et dans les urnes pour éradiquer le virus du néolibéralisme, pour une véritable rupture avec l’ordre néolibéral du monde fauteur de troubles, de crises, de guerres et de maladies.

Le 7 juin, votez et faites voter Front de gauche !


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