RETOUR EN ROUTE 2 : Carcassonne, Périgueux et Bordeaux

mercredi 29 avril 2009.
 

Hier j’ai commencé un récit politique au fil du voyage dans la circonscription du grand sud ouest. Je poursuis ce soir. Demain je pars pour Carcassonne, Périgueux et Bordeaux. Le premier Mai, je serai à la fois le matin à Bordeaux, et l’après midi à Paris dans le carré national du Front de gauche. Avant d’entamer cette note, juste un grand hourra pour la victoire de raphael Correia en Equateur. Au premier tour. On vit on lutte. pourvu qu’ils tiennent bon ! Et comme on serait heureux de pouvoir dire : nous voici, nous aussi !

En quittant Toulouse j’étais vidé. Mon état paru assez alarmant pour qu’on délibère séance tenante dans la petite équipe qui m’accompagne. Je saurai ensuite que ma seconde de liste, Cathy Daguère, pourtant spécialement tenace, ne brillait pas davantage que moi. On décida donc sur le champ que l’horaire des meetings serait dorénavant calé très strictement. A onze heures du soir, quoiqu’il arrive elle et moi, on s’en va. Sinon les latitudes que chacun s’accorde sans y voir mal s’accumulent pour nous qui devons recommencer chaque soir. J’ai pris le train pour Montpellier avec Hélène mon assistante de campagne, comptant que le temps de trajet me permettrait de recharger les batteries en regardant le paysage.

Évidemment j’ai potassé mes fiches. J’étudie celles que m’envoie mon ami Nicolas Mayer sur les questions de la pêche. Lui est syndicaliste de la branche. Le fond de l’affaire est toujours le même : la concurrence libre et non faussée superposée aux quotas de prises en mer effondrent le système de pêche et la réserve halieutique. Mais je ne maitrise pas encore bien le mécanisme. Et les contre propositions non plus. Donc je vais avoir besoin de cours particulier. Cette histoire de thon rouge me parle. J’ai participé à une pêche il y a très longtemps. Sur la côte marocaine. Il y en avait des centaines, des milliers ! La mer bouillonnait à mesure que le filet remontait, tendu entre les quatre bateaux d’où l’on harponnait au crochet, sans relâche ! Comment concevoir qu’on en soit rendu au point où la survie de l’espèce est menacée. Bon. La suite se présente.

La suite c’était d’abord un débat retransmis à Montpellier, Bordeaux et Toulouse sur les télé locales et sur radio France bleue.

Les bourreurs de crâne

C’est le moment de signaler que pendant quatre jours de campagne, avec des meetings pleins à craquer et toutes sortes de manifestations, je n’ai pas vu une seule fois notre cher service public de France trois, dont les innombrables directeurs et leurs adjoints non moins nombreux pourtant dument informés, ne se donnent même pas la peine de signaler s’il condescendront à s’intéresser à autre chose qu’à la main qui leur donne à manger et tient la laisse. Il va de soi que ça donne terriblement envie de défendre un tel « service public » de l’information. Bientôt, quand vous verrez comment ces gens là ont prévu d’organiser les débats officiels vous aurez envie de mordre. Préparez vous. Car, comme vous le savez je ne suis pas du style qui tend la joue gauche. Faute d’être invité il faudra sans doute s’inviter. On créera l’ambiance et l’évènement à domicile puisqu’il semble impossible de les faire venir sur les évènements.

En fait c’est le cirque de 2005 qui recommence. Le thème du désintérêt des Français pour l’Europe que les intelligents se tuent pourtant à expliquer à ces pauvres ignorants, les logorrhéess méprisantes sur le thème du vote défouloir sans signification que seraient lesélectionss européennes, les lâchers d’euro béats à longueur de colonnes et d’éditoriaux faisant la leçon à tout le monde, tout le cirque des bénii oui-oui est reparti. Pour autant je note que s’il y a de graves récidivistes, notamment à France Trois, on ne doit pas mettre tout le monde dans le même sac. Il existe une presse vaccinée, des gens de médias qui ont souffert du rôle ridicule qu’on leur a fait jouer pendant l’épisode référendaire. Ils marquent à présent leur distance avec ces méthodes. Je recommande donc un traitement différencié. Respect pour les uns, du moment qu’ils nous respectent. Feu à volonté sur les autres. Arme de prédilection : l’humour, la raillerie, l’affichette, l’auto-collant, les boules puantes, le poil à gratter, les coussins péteurs, les verres percés et toutes les momeries qui déstabilisent les importants de cette sorte, tout ce qui fait rire aux dépens des bourreurs de crânes.

Retour au récit

Du débat je ne dis rien. On peut le voir en ligne sur internet. Bon moment, honnête. Une belle entrée en matière pour le public cueilli à froid. Chacun a eu son joli moment donc personne n’est reparti médiatiquement la tête dans le sac comme un Lelouche du dimanche. Mais le fond de l’argumentation des partisans du traité de Lisbonne est toujours aussi étrange. Rien de ce qu’ils disent, promettent ou demandent n’est compatible avec le traité qu’ils assument ! Et ça ne les gêne pas un instant ! En tous cas un bon point à Kader Arif et même à Baudis : les deux assument publiquement leur adhésion au traité de Lisbonne. Au moins la comédie des masques a une limite.

LE FRONT DEVIENDRA FRONT POPULAIRE

Le soir c’était meeting à Sérignan, à dix kilomètres de Béziers. Quatre cent personnes rassemblées. Et parmi elles, deux que j’ai salué spécialement, tant leur présence conjointe et les applaudissements que leur noms ont soulevés, alors qu’ils sont si éloignés philosophiquement l’un de l’autre, me semblent significatifs de ce que peut rassembler le Front de Gauche. Il s’agit de Roland Leroy, figure historique du communisme français et de Guy Le Néouannic figure non moins historique du syndicalisme enseignant. Plus tard, à la fin de la séance, les dirigeants locaux du parti radical de gauche viendront aussi me dire leur estime et chuchoter ce que j’interprète comme un soutien qui restera muet mais pas inactif. Et comme à la tribune on voyait assis non loin l’un de l’autre Jean Claude Gayssot et François Liberti, on savait déjà que ce n’était pas une soirée à conjonctions banales. J’ajoute qu’à cette même tribune siégeait à mes côtés pour la première fois ma colistière issue des comités unitaires anti libéraux de l’Hérault, Sylvie Doumenc. Notre Front de gauche naissant deviendra un grand Front populaire, le moment venu.

ELECTRIQUE

Mon récit ne restera pas centré sur mes allées et venues. Pendant que je parlais à Figeac, devant cette salle de 500 personnes dont j’ai parlé hier, se nouait au parlement européen le vote du Parlement européen sur la libéralisation de l’énergie. Ce vote portait sur le 3ème paquet de directives sur la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz. Ces directives, on le devine, visent à renforcer la libre concurrence et à achever la libéralisation du secteur. Que sait faire d’autre l’Union Européenne ? Au cas précis il s’agissait d’accélérer le démantèlement des entreprises intégrées de service public, chiennes galeuses accusées de fausser la concurrence. Le vote a eu lieu. Sans surprise, EDF et GDF vont devoir séparer plus fortement leurs activités de production, de fourniture (services de distribution, en contact avec le client) et de transport (les lignes, les gazoducs etc). Bien sur cette cette désintégration ouvre la voie à une privatisation rampante des réseaux et de la distribution. C’est d’ailleurs commencé avant même le vote. Maintenant c’est la loi. On connait l’enchainement. Tout va se faire par des filialisations et des externalisations au profit du privé. Adieu l’égalité devant le service public. Adieu les investissements de long terme dans le réseau. Voici enfin l’ère de la modernité. Cela veut dire que ce qui marchait bien pour tous va complètement disfonctionner, que tout vaudra plus cher et que tout finira dans un scandale à l’occasion duquel on rappellera l’État pour réparer des dégâts inouïs ! Les rapaces vont encore se goinfrer et les gens souffrir. C’est justement ce que dénonce actuellement le mouvement des agents des services de distribution d’EDF et GDF nommés dorénavant ERDF et GRDF en application des règles de dépeçage.

Certes, sous la pression des États, le compromis final voté par le Parlement européen n’impose certes plus une séparation patrimoniale totale et obligatoire entre les activités de production et celles de transport. Si cela avait été fait cela aurait valu une privatisation directe. Mais il impose une séparation accrue. Comme d’habitude, des petits pas toujours dans la même direction. Jusqu’à la prochaine fois. En pleine campagne européenne ça vaut la peine de savoir qui a voté comment. Surtout que les intéressés ne vont pas s’en vanter. En effet, le PPE et le PSE ont massivement voté pour (187 voix du PSE pour, 2 contre, 2 abstentions !).La majorité de la GUE et des Verts ont voté contre. Les socialistes français ont brillé. Illisibles comme un de leur meeting. La majorité a voté pour comme l’ensemble du PSE. Et parmi ceux-ci Françoise Castex, Vincent Peillon, Stéphane Le Foll, Pervenche Bérès, Jean-Louis Cottigny, Béatrice Patrie, Bernard Poignant, Catherine Trautmann. Benoît Hamon et Harlem Désir se sont abstenus. Kader Arif et Henri Weber n’ont pas pris part au vote. Seules Marie-Noelle Lienemann et Anne Ferreira ont voté contre. Dites merci. Vous auriez pu aller le dire au meeting de lancement de campagne du PS a Toulouse le 24 avril.

Meeting du PS à Toulouse : DE MASSE

Pour une fois c’était un vrai succès de masse. Au moins 1500 personnes. Au moins un car par département et même un car d’espagnols. Je suis beau joueur et je concède que nous n’avons réunis que 1300 personnes (selon la presse) deux jours avant. Sans car et sans espagnols certes, mais on n’avait qu’à en faire autant. Mais pourquoi faire ? Notre logique de campagne, à cette étape, est la construction pas à pas d’un socle d’opinion construit et argumentant. Eux devaient lancer leur campagne, c’est un autre exercice. En tous cas c’était drôlement internationaliste. 26 orateurs ont pris la parole. La moitié en anglais. Sans traduction ça va de soi. Comme les petits films vidéos. Pas de sous titre. Vu que les cars venaient de toute la circonscription du grand sud ouest, de Perpignan (avec les drapeaux catalans, ça le faisait !) à Bordeaux je pense que les merveilleux souvenirs de cette soirée vont se diffuser amplement.

Parmi les orateurs un nombre significatif de gens qui gouvernent leur pays avec la droite. Et la totalité de ceux qui venaient de voter la nouvelle directive électricité. Une confusion suffisante pour que François Bayrou, parlant deux jours plus tard à Hérouville Saint-Clair (Calvados), puisse ensuite cantonner le PS à sa droite sans que ceux ci trouvent quoi que ce soit à répliquer. « Aucune autre force politique que la nôtre, a-t-il déclaré, ne peut porter la voix des citoyens dans une Europe où conservateurs et socialistes s’entendent pour maintenir José Manuel Barroso au pouvoir, quand il y a besoin de leaders plus ouverts et plus sociaux. Le social doit revenir au cœur du projet européen. » Évidemment François Bayrou réécrit lui aussi l’histoire. Car les euro députés centristes ne se sont pas opposés à l’investiture de Barroso. Lors du vote au Parlement européen du 18 novembre 2004, les euro députés centristes, à commencer par Marielle de Sarnez, se sont abstenus sur l’investiture de la Commission Barroso. La seule force politique à s’opposer frontalement à cette investiture a été la GUE que préside le communiste Francis Wurtz. Le PSE, lui, c’est à dire tous les invités du meeting de Toulouse autour d’Aubry, a voté pour l’investiture de Barroso et de sa commission où siègent six commissaires sociaux démocrates. Ce Baroso c’est devenu la corde dont on ne peux plus parler quand on est dans la maison du pendu !


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