La gauche et le Parti Socialiste de 1981 à 2005 (texte du Parti Socialiste)

dimanche 29 avril 2007.
 

1) La gauche au pouvoir -1981-1986

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. Le 16 mars 1986, la gauche perd les élections législatives. Pendant ces cinq années, les socialistes gouvernent la France.Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République ouvre une période nouvelle dans l’histoire du socialisme français. C’est la première alternance politique entre la gauche et la droite sous la Ve République. Les élections législatives de juin sont un triomphe pour le PS : pour la première fois de son histoire, il obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale et devance nettement le PCF qui enregistre un recul certain. Pierre Mauroy forme un gouvernement auquel participent quatre ministres communistes.

Lionel Jospin succède à François Mitterrand à la direction du parti. Dans un premier temps, des mesures importantes conformes aux 110 propositions du candidat Mitterrand sont adoptées (abolition de la peine de mort, augmentation sensible du SMIC, du minimum vieillesse et des allocations familiales, possibilité de prendre sa retraite à 60 ans, nationalisations, décentralisation, nouveaux droits des travailleurs, etc.). Mais rapidement, la crise économique internationale et les faiblesses persistantes des entreprises françaises conduisent le gouvernement de Pierre Mauroy à opter dès 1982, et surtout en 1983, pour une politique de “rigueur économique”. Ces décisions découlent du choix fondamental de l’économie ouverte et de la construction européenne.

Les effets positifs de cette politique qui privilégie le renforcement de notre économie se font peu à peu sentir, sauf sur le front du chômage (ce qui entraine une baisse de la popularité des socialistes). Ceux-ci enregistrent de sévères reculs lors des élections municipales de 1983 et européennes de 1984. Cette même année, les manifestations en faveur de l’école privée contribuent à affaiblir le gouvernement et le PS. Le PCF critique de plus en plus nettement la politique du gouvernement auquel il participe. En juillet 1984, Laurent Fabius remplace Pierre Mauroy comme Premier ministre et forme un gouvernement auquel les communistes refusent de participer. Il définit une politique qui allie la modernisation et la solidarité.

Le congrès de Toulouse, en 1985, traduit l’évolution idéologique et politique du parti. Les socialistes perdent les élections législatives de 1986 mais réalisent un bon score (32 % des voix). François Mitterrand demeure président de la République et nomme Jacques Chirac à la tête du gouvernement. De 1986 à 1988 c’est la “cohabitation”. Le Parti socialiste est dans l’opposition … mais avec un président de la République qui reste à son poste et n’entend pas demeurer “inerte”.

2) La gauche au pouvoir après 1988

La cohabitation a tourné court. Le tournant libéral voulu par Chirac jette des millions de personnes dans la rue. Un printemps étudiant fleurit même en hiver avec le mouvement contre la loi Devaquet. A la première occasion, les Français sanctionnent le gouvernement Chirac.En 1988, François Mitterrand, à l’issue d’une campagne offensive, est largement réélu avec 54 % des voix. Le candidat socialiste, qui a fait campagne sur le thème de la “France unie”, se prononce pour une certaine ouverture de la majorité. Les élections législatives donnent une majorité relative au PS. Michel Rocard est nommé Premier ministre. En intégrant des personnalités dites d’ouverture, issues de la ” société civile” et du centre, son gouvernement reflète la réalité de la majorité présidentielle, mais le PS est le seul grand parti à le soutenir. Dans le parti, le départ de Lionel Jospin du premier secrétariat provoque des tensions au sein du courant majoritaire mitterrandiste. Pierre Mauroy est élu Premier secrétaire contre Laurent Fabius. Deux ans plus tard, le congrès de Rennes voit s’opposer durement les partisans de la motion I (Mauroy-Mermaz-Jospin) et ceux de la motion 5 (Laurent Fabius). Finalement, Pierre Mauroy est réélu à l’unanimité après une synthèse générale qui associe à la direction du parti l’ensemble des courants qui s’étaient exprimés à travers la présentation de sept motions différentes.

Pierre Mauroy mène à bien une double modernisation :

Une modernisation statutaire et une réactualisation de la déclaration de principes au congrès de Rennes. Une modernisation idéologique avec le congrès de l’Arche consacré au projet socialiste. Par ailleurs, le PS se dote de nouveaux outils : création de la Fondation Jean Jaurès, du Centre Condorcet et de l’hebdomadaire “Vendredi”. Entre 1988 et 1992, le président de la République et les gouvernements de Michel Rocard (mai 1988 - juin 1991) puis d’Edith Cresson (juin 1991 - mars 1992) ont donné, à l’extérieur, la priorité à la construction européenne et à la définition d’un nouvel ordre international, après la fin de la guerre froide, l’effondrement du communisme en Europe et l’épreuve de la guerre du Golfe. A l’intérieur, les gouvernements se sont attachés à remplir les engagements pris par François Mitterrand en 1988 dans la “Lettre à tous les Français”.(cf chapitre consacré au Bilan).

3) 1993-1998 : de la défaite au rebond

Après dix ans d’exercice du pouvoir le Parti socialiste traverse une crise dont il ressort après un cycle de réflexion et de changements. Etats généraux ou Assises de la transformation remettent le PS en phase avec le reste de la gauche. Les succès électoraux de 1995 et la dissolution manquée confirment le rebond des socialistes.Le parti socialiste, bien que restant le premier parti à gauche, prend conscience de la nécessité de sa remise en cause et de sa reconstruction pour redresser son influence dans son électorat et notamment dans les milieux populaires. Lors du comité directeur du 3 avril 1993 qui suit la défaite aux élections législatives, une majorité des membres du comité directeur décide la démission collective de la direction et élit Michel Rocard Président du parti. Une direction provisoire se met en place et décide la réunion d’états généraux du parti. Quelques jours plus tard, le parti socialiste subit un deuil cruel lorsque le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy choisit de se donner la mort.

Aux états généraux de Lyon, en juillet 1993, la parole est donnée aux militants et sympathisants sur le bilan, le projet, la stratégie et le militantisme aujourd’hui. Les fédérations envoient 2358 délégués (militants et sympathisants) à Lyon. La procédure, inédite, est une réussite, et le rapport final est approuvé à la quasi-unanimité. Les états généraux confirment l’unité du parti remobilisé, sa stratégie de rassemblement à gauche et un redéploiement dans les réseaux associatifs et professionnels.

Au congrès du Bourget, en octobre 1993, trois textes sont soumis aux militants. La motion “Refonder” présentée par Michel Rocard, propose des options différentes sur cinq questions (réduction du temps de travail, commerce international, institutions européennes, institutions, mode de scrutin) sur lesquelles seuls les militants votant pour ce texte se prononcent. Elle obtient 83% des voix. Les deux autres motions défendues respectivement par Jean Poperen et Louis Mermaz obtiennent 11% et 6%. Le parti définit son programme sur trois thèmes principaux “réduction du temps de travail - nouvelle donne européenne - égalité continue des chances ” et s’engage dans la préparation des Assises de la transformation sociale. Son Premier secrétaire est élu pour la première fois par les congressistes et non plus par le comité directeur. Michel Rocard, confirmé à la direction du Parti par 80,92 % des votes du congrès, annonce qu’il conduira la liste socialiste aux élections européennes, sur laquelle la parité “un homme - une femme” sera respectée. Le redressement marqué par les élections cantonales de mars 1994 ne se confirme pas aux élections européennes de juin. La liste conduite par Michel Rocard n’obtient que 14,6 % des voix, talonnée par la liste de Bernard Tapie. Au conseil national du 19 juin, Michel Rocard est mis en minorité et un nouveau Premier secrétaire, Henri Emmanuelli, est élu. Il est confirmé par le vote des délégués au congrès de Liévin en novembre 1994. La motion présentée par Henri Emmanuelli recueille 92,15 % des voix contre une motion défendue par de jeunes militants, qui regroupe 7,85 % des voix. Henri Emmanuelli met en avant une volonté d’opposition au libéralisme dominant. Mais ce même congrès de Liévin, marqué à gauche, est également dominé par la perspective d’une candidature de Jacques Delors, encore président de la Commission européenne. En marge du congrès, François Mitterrand fait en quelque sorte ses adieux au parti et l’engage à rester fidèle à la ligne de l’union de la gauche.

En décembre, le retrait de Jacques Delors ouvre une période incertaine. Pour la première fois dans l’histoire, deux candidats à la candidature s’affrontent : Henri Emmanuelli et Lionel Jospin qui sont départagés par un vote direct et secret des militants. Le vote avantage largement Lionel Jospin. Ce dernier se trouve investi lors d’une convention de désignation le 5 février 1995, qui marque le lancement de la campagne présidentielle. Trouvant un ton juste, alliant volonté réformatrice et réalisme, réclamant un “droit d’inventaire” sur le bilan socialiste, Lionel Jospin réussit à être en tête des candidats du premier tour, avec plus de 23 % des voix et à regrouper 47,3 % des suffrages au second tour. Ce succès relatif permet de mettre en place les conditions d’un renouvellement pour le Parti socialiste. Quittant la Présidence de la République, François Mitterrand encourage les socialistes à affronter le cycle politique qui s’ouvre. Il meurt quelques mois plus tard, le 8 janvier 1996, salué par une imposante manifestation populaire, Place de la Bastille.

Sa période nouvelle est d’abord marquée par un changement de direction. En juin 1995, Henri Emmanuelli propose de s’effacer et de laisser à Lionel Jospin la responsabilité de conduire les socialistes. Celui-ci accepte à la double condition de réaliser l’unanimité des composantes du parti et pouvoir mener à bien une rénovation approfondie des idées et des structures. Une commission de rénovation se met en place et travaille tout l’été. Elle propose un programme de réformes. Celui-ci, comme l’élection de Lionel Jospin, Premier secrétaire, est soumis au vote direct et secret des militants lors de la Convention nationale du 14 octobre 1995. L’année 1996 voit le Parti socialiste tenir trois importantes conventions pour redéfinir son projet et préciser ses orientations programmatiques. Sa première s’est tenue les 30 et 31 mars sur “la mondialisation, Europe et la France”, la seconde, les 29 et 30 juin, sur “les acteurs de la démocratie” et la troisième, les 14 et 15 décembre 1996, a élaboré “nos propositions économiques et sociales”.

Le Parti ayant ainsi posé les bases d’un programme d’alternance politique pour les élections législatives de 1998, désigne ses candidats en mars 1997, avec une volonté de renouvellement et d’élargissement comme le montre la place faite aux femmes. Après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac le 21 avril 1997, le Parti socialiste est prêt pour faire face aux échéances. Après un premier tour favorable le 25 mai, la gauche obtient le 1er juin 1997 la majorité à l’Assemblée nationale avec les élus du Parti socialiste, du Parti communiste, des Radicaux de Gauche, des Verts et du Mouvement des Citoyens (la Gauche Plurielle)

Lionel Jospin est appelé par le Président de la République à former le Gouvernement, où toutes les composantes de la Gauche parlementaire sont représentées. Une nouvelle période de “cohabitation” commence. François Hollande succède à Lionel Jospin comme Premier secrétaire délégué du Parti. A la suite du Congrès de Brest en Novembre 1998, il est élu Premier secrétaire par les militants et un programme d’action est adopté pour les trois ans à venir, à la fois pour renouveler la doctrine socialiste et pour rénover ses pratiques et ses structures politiques.

4) Le Parti socialiste de 1997 au 29 mai 2005

Le divorce avec le pays n’a jamais eu lieu quoiqu’en disent certains. Malgré l’usure du pouvoir et l’échec de 93, les Français en 1995 avait porté la gauche avec Lionel Jospin en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Cette « remontée » est confirmée en 1997 lorsque Jacques Chirac, conseillé alors par un certain Dominique de Villepin, décide de dissoudre l’Assemblée nationale.

Les socialistes, au sein de la gauche plurielle, emmenés par Lionel Jospin parviennent à battre la droite et à former un gouvernement qui va durer cinq ans.

Lionel Jospin, Premier ministre permet pour la première fois à des Verts d’exercer des fonctions ministérielles.

La croissance économique au rendez-vous est stimulée et renforcée par une politique de gauche qui tranche avec 4 ans de conservatisme rigide et deux millions d’emplois sont ainsi créés. Le chômage recule. Les 35 heures, les emplois jeunes, la couverture maladie universelle, la police de proximité, le vote du PACS, la loi sur la parité, le passage réussi à l’euro, l’allocation personnalisée d’autonomie, autant de mesures qui réconcilient les Français avec l’idée qu’une politique de gauche peut changer le cours des choses et « que l’on tient bien ce que l’on dit ».

Mais, la dégradation de la situation intérieure avec notamment la montée de l’insécurité, de la violence exploitée par la droite, une période de « pré campagne » « particulièrement dure et angoissante » entre le « 11 septembre », « AZF » ou l’assassinat d’élus à Nanterre, puis pendant la campagne la multiplication des candidats, quelques erreurs stratégiques sur fond de montée des revendications sectorielles conduisirent à la défaite de Lionel Jospin, candidat du Parti socialiste, dès le premier tour de l’élection présidentielle.

Les Socialistes, comme le reste des Français doivent choisir entre leur adversaire et leur ennemi. Entre Chirac et Le Pen. Ils feront leur devoir de démocrates

Les socialistes sont traumatisés par cette crise. Disqualifiés au premier tour comme en 1969 alors qu’ils ont changé la France comme jamais depuis 1981.

Entre 2002 et 2003, les socialistes tirent donc le bilan de leur action au gouvernement tout en jouant leur rôle d’opposition. Lors du congrès de Dijon qui se tient en 2003, l’orientation de François Hollande est soutenue par les militants, face aux courant « Nouveau monde » d’Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et Alain Vidalies et « Nouveau Parti socialiste » d’Arnaud Montebourg et Vincent Peillon.

Les socialistes parviennent à convaincre qu’ils sont une alternative crédible en remportant une victoire historique au printemps 2004 lors des élections régionales et cantonales puis lors des élections européennes. La quasi-totalité des 26 régions de France et la moitié des départements élisent un ou une président(e) socialiste. 31 eurodéputés socialistes représentent désormais la France au Parlement européen et constitueront la première force du groupe socialiste.

Cette année 2005 verra le PS célébrer à plusieurs reprises son « centenaire » et s’engager dans des auditions et réflexions avec la « société civile » en prévision de notre projet.

A l’automne de la même année, le PS se lance dans une innovation démocratique qui sera observée dans l’ensemble du pays. Un débat militant de deux mois sur le Traité constitutionnel européen qui doit être adopté bientôt par référendum dans le pays. Le 1er décembre les militants socialistes votent à 58 % pour que le PS fasse campagne en faveur du « oui ». Cette orientation, ce vote éminemment démocratique sont cependant « bafoués » par certains responsables, c’est une « première dans l’histoire de notre parti centenaire » qui provoque une crise. Ce choix politique du PS n’est pas suivi par une majorité de Français qui, le 29 mai 2005, rejettent le traité constitutionnel.


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