Les USA détournent un avion d’Air France pour ne pas être survolés par un journaliste du Monde diplomatique. Et Reporters sans frontière se tait ; logique.

vendredi 24 avril 2009.
 

J’ai rencontré il y a quelques années Hernando Calvo Ospina, un journaliste colombien qui a fui un pays où les journalistes qui ne traversent pas dans les clous gouvernementaux finissent en nombre dans le caniveau, une balle dans la nuque, sans que cela émeuve exagérément Reporters sans frontières. Il vit désormais à Paris avec sa famille. Il a appris rapidement notre langue. Il a écrit des livres dénonçant l’implication du gouvernement colombien dans le terrorisme d’état. C’est un homme calme, doux, rieur et courageux. J’ai de l’admiration pour lui.

Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois, dans des réunions, dans des salons du livre, dans une Université à Toulouse, etc. J’ai participé à ses côtés à un débat sur l’Amérique latine à la fête de l’Humanité en septembre dernier...

Or, voici un résumé de ce que nous apprend mardi une dépêche de l’agence Prensa latina.

A cause de la présence à bord du journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina qui se rendait au Nicaragua pour effectuer un reportage pour Le Monde Diplomatique, le Boeing 737 du vol 438 d’Air France n’a pas été autorisé par les autorités américaines à survoler le territoire des Etats-Unis. La nouvelle a été confirmée ce mardi par Air France. Cinq heures avant l’escale prévue au Mexique, les voyageurs furent informés que l’avion allait être dévié vers la Martinique pour faire le plein de carburant en raison du refus des autorités américaines de permettre le survol du territoire US.

Après de décollage de la Martinique, Hernando Calvo Ospina, auteur de plusieurs livres sur Cuba et la Colombie a eu la surprise d’apprendre par le copilote que sa présence à bord était le motif de ce refus. Hernando Calvo Ospina dénonce la paranoïa des autorités US et s’étonne du silence d’Air France et des autorités françaises devant ces pratiques qui portent atteinte aux droits civiques les plus élémentaires.

Il faut aussi dénoncer le silence de nos médias qui auraient battu le tambour dès la parution de la dépêche d’agence si (au hasard) la Chine ou le Venezuela ou la Russie avaient fait détourner un avion d’Air France au seul motif qu’un envoyé spécial de (encore au hasard) Libération, ou du Monde, ou du Figaro, ou de France 2 y occupaient un fauteuil.

Bien entendu, si Cuba avait fait détourner un avion en raison de la présence à bord de Robert Ménard, nous aurions eu droit, retransmis par le JT de 20 heures, à une manifestation au Trocadéro et à un déploiement de banderoles depuis les tours de Notre-Dame. Imaginons ensemble combien de journaux en auraient fait des articles et des éditoriaux, combien de micros et de caméras se seraient braqués sur l’indésirable.

Maxime Vivas.

PS. Pour en savoir plus sur le journaliste colombien et sur cette affaire, voir son site : http://www.hernandocalvoospina.com


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