Manuel Valls contre le péril rouge venu de Solférino

mercredi 29 avril 2009.
 

Sous son air paisible, sous son apparence de voie bourgeoise, la rue de Solferino, à Paris (septième), abrite, à son numéro 10, siège du Parti « socialiste », un repaire de Rouges écarlates – un nid de communistes comme oncques n’en vîmes depuis les années 1950. Ce n’est pas moi qui le dis : c’est le désopilant député-maire d’Évry (Essonne), Manuel Valls. (Pour ce qui me concerne, je l’avoue : j’ignorais totalement que le dessein secret de François Hollande fût de planter notre cher et vieux pays, non de tulipes, comme son patronyme pourrait le faire accroire, mais de (gris) sovkhozes.) Bien sûr, Manu (comme on l’appelle à l’UMP), interviewé par le Monde [1], ne dit pas directement que le P« S » est profondément noyauté par des agents du Народный комиссариат внутренних дел (NKVD) : le gars est tout de même conscient que le maccarthysme n’a pas laissé que de bons souvenirs en Occident. Même : succombant à un (bref) accès de lucidité, il admet que les « socialistes », généralement, « sont aujourd’hui décomplexés à l’égard du marxisme ».

Mais cette concession lui sert (uniquement) à introduire l’effarant constat que son parti « compte encore des responsables et des militants, sans doute sincères, qui restent hantés par les Spectres de Marx [2] : conception binaire de la société, vision violente de l’Histoire », et qui du coup développent un « goût commun pour les grandes fresques avec l’extrême gauche » – et qui partant jugent, comme des gros ballots, que « la crise économique devrait dégénérer nécessairement en crise sociale avant d’aboutir à la crise politique… » [3]

Dans la vraie vie, naturellement, même les orpailleurs défoncés du fin fond de l’Amazonie savent que ça fait maintenant, et dans le meilleur des cas, un looooong quart de siècle que les « socialistes » français se sont massivement asservis au libéralisme et sont pris de nausées à la seule idée qu’on puisse les confondre avec des marxistes : raison pour laquelle Jospin hurla naguère (avec le vif succès qu’on sait) que son programme n’était pas (du tout) socialiste.

Valls galèje, par conséquent, quand il affirme détecter au P « S » des relents collectivistes – mais c’est pour sa bonne cause : le gars n’existe, dans les médias, que par une stigmatisation maladive de tout ce qui se positionne à gauche de Jean-Marie Bockel, et se doute bien que le jour où il arrêtera d’exiger que les « socialistes » rompent avec des traditions qu’ils ont de longue date abandonnées, le Monde cessera de lui garder un rond de serviette. Il continue donc à psalmodier que son parti doit « se réformer », sans jamais dire exactement ce que ces réformes devraient être [4] : il est vrai que s’il se livrait trop, le monde entier s’apercevrait que Manuel Valls est de droite.

par Sébastien Fontenelle

Notes

[1] 12 avril.

[2] Par cette astucieuse référence, Manuel Valls, on l’aura compris, donne à entendre qu’il aurait lu Derrida.

[3] Hhhhh...

[4] Et sans d’ailleurs que les journalistes qui recueillent ses incantations ne lui demandent la moindre précision.


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