Historicité de Jésus 3 Une invention pour Nicolas Bourgeois

dimanche 24 mai 2009.
 

Aucun document non chrétien n’est un témoignage direct sur Jésus. Tout ce que nous savons de Jésus vient des textes chrétiens et essentiellement des quatre évangiles. Toute opinion sur l’existence de Jésus repose donc sur une estimation de la crédibilité des évangiles.

Nous constaterons que cette crédibilité est extrêmement faible. Si les évangiles se présentent comme le récit d’une histoire s’étant réellement passée, un examen, même superficiel, montre que les histoires qu’on y rencontre sont invraisemblables, qu’elles se contredisent, que la théologie, les symboles et les références à la Bible y prennent nettement le pas sur toute autre considération, bref, que leurs auteurs se moquent de l’exactitude de ce qu’ils racontent.

Deux questions

L’interrogation sur l’existence de Jésus est donc inévitable. Pourtant les doutes se heurtent à deux objections de bon sens :

- pourquoi aurait-on inventé cette histoire ?

- les spécialistes, universitaires et autres historiens affirment massivement que Jésus a existé. Ces savants se trompent-ils ?

Pourquoi a-t-on inventé Jésus ?

Pourquoi a-t-on inventé Jésus ? On ne voit pas. On ne voit pas car l’histoire de Jésus est née dans une culture différente de la nôtre et dans un contexte historique particulier. Une fois tout cela exploré, l’invention de Jésus paraît beaucoup moins étonnante.

À partir du IIe siècle avant J.-C., le judaïsme palestinien qui vivait sans trop de problèmes depuis plus de trois siècles, s’est trouvé confronté aux mondes grec puis romain. Il s’ensuivit une série de difficultés et de persécutions (voir l’annexe 1, Le contexte historique, page 107) que les Juifs palestiniens affrontèrent avec la farouche volonté de préserver leur religion. L’oppression et le triomphe alternèrent depuis l’interdiction, sous peine de mort, d’observer les rites juifs en 167 avant J.-C. jusqu’à la défaite définitive contre les Romains en 135 après J.-C.

Ces épreuves ont suscité une abondante littérature dont le thème principal est l’espoir. Espoir d’une prochaine libération des Juifs, espoir du salut d’Israël et de son triomphe sur les oppresseurs impies. Citons par exemple une prophétie du livre de Daniel (IIe siècle avant J.-C.) :

« Le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la royauté ne sera pas laissée à un autre peuple. Il pulvérisera et anéantira tous ces royaumes-là, et il subsistera à jamais » (Livre de Daniel, chapitre 2, verset 44, consultable dans n’importe quelle Bible).

Le livre de Daniel est le premier d’une longue série d’écrits religieux juifs méditant sur ce mystère insondable : pourquoi Israël souffre-t-il alors que les impies prospèrent ? La réponse est que, très prochainement, le salut viendra par un personnage plus ou moins divin souvent appelé Messie ou Christ. Le Messie anéantira les ennemis d’Israël puis les justes connaîtront une ère de paix et de prospérité éternelle.

Au sein de ce vaste mouvement théologico-littéraire se sont trouvés des auteurs, tout aussi juifs et tout aussi religieux que les précédents, qui renouvelèrent le genre. Pour eux comme pour d’autres Juifs le salut d’Israël était imminent mais il fallait attendre, non pas l’arrivée du Messie, mais son retour. Le Messie était déjà venu, certains Juifs avaient cru en lui mais d’autres ne l’avaient pas reconnu et l’avaient même fait crucifier par les Romains. Ce Messie crucifié s’appelait Jésus. Les écrits racontant son histoire sont les évangiles.

La thèse de ce livre, basée sur l’étude des textes chrétiens, est que Jésus est un des multiples avatars de la spéculation juive sur le Messie, que Jésus a été inventé pour des raisons théologiques en dehors de toute réalité.

L’avis des spécialistes

Une thèse annexe est que les spécialistes du « Jésus historique », sous couvert de science et d’histoire, font de la religion et de la désinformation.

Les spécialistes ont produit sur les écrits chrétiens des travaux admirables d’érudition et d’intelligence. Considérant qu’un travail bien fait n’est pas à refaire, j’y ai puisé sans vergogne. Aussi, la documentation utilisée dans ce livre provient pour l’essentiel de la Bible (et d’autres écrits antiques) ainsi que de chercheurs chrétiens réputés appartenant au courant de pensée approuvé par le Vatican.

Nous constaterons cependant que, quand les spécialistes abordent le problème de la réalité des histoires racontées au sujet de Jésus, on ne les reconnaît plus : les raisonnements rigoureux disparaissent au profit d’arguments d’une faiblesse déconcertante voire de mensonges purs et simples.

À qui s’en étonnerait, je propose une explication : les spécialistes sont presque tous (tous ?) des croyants et la recherche ainsi que la formation des chercheurs sont confiées à des institutions religieuses. Sans être exagérément soupçonneux, on peut craindre un conflit d’intérêts : si les spécialistes disent que Jésus a existé, c’est peut-être parce que leur foi ou leur hiérarchie leur interdit de dire autre chose.

Pourquoi ce livre ? Enfin, précisons les intentions qui ont motivé l’écriture de ce livre : même s’il est évident que la mise en cause de l’existence de Jésus peut irriter les croyants, mon propos est ailleurs. Je ne cherche pas à édifier ou à déplaire mais à savoir ce qui s’est passé en Palestine au premier siècle.

Plan du livre de Nicolas Bourgeois : Une invention nommée Jésus

Première partie. Les sources

1. Les sources non chrétiennes

Des découvertes archéologiques et des documents non chrétiens sont souvent présentés comme preuves de l’existence de Jésus. Aucun n’est probant.

2. La Bible

Petit rappel pour ceux qui ont oublié leur catéchisme

Deuxième partie. Première lecture des évangiles : les problèmes historiques

Pourquoi les évangiles, qui sont notre principale source sur Jésus, sont bien difficiles à croire.

3. L’incroyable

4. Quelques contradictions

5. Inventaire de miracles

Troisième partie. Seconde lecture des évangiles : les symboles

Les évangiles n’ont pas été écrits pour faire de l’histoire mais de la théologie.

6. La symbolique des nombres

7. Influences littéraires

8. Interprétation de miracles

9. C’était écrit

10. Le Messie

Quatrième partie. Comment sont étudiés les évangiles

Les spécialistes du Jésus historique, forts d’une absence de contradiction, se permettent de raconter n’importe quoi.

11. De la liberté du chercheur catholique

12. Les arguments en faveur de l’existence de Jésus

13. Les critères ou comment certains spécialistes déterminent ce qui vient de Jésus

... et quelques annexes.


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