Nicolas Sarkozy veut passer la laïcité au karcher

samedi 23 septembre 2006.
 

Pour Nicolas Sarkozy, la religion est "comme une source d’apaisement utile au fonctionnement de la République. » Il n’hésite d’ailleurs pas à opposer les valeurs religieuses aux valeurs républicaines : « La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu’elle procède d’une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu’elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain. » écrit-il dans "la Religion, la République, l’espérance". « la République (...) ignore le bien et le mal. [Elle] défend la règle, la loi sans la rattacher à un ordre moral » écrit-il encore. La religion serait-elle seule source de valeurs morales ?

Très imprégné de la droite bushiste dans son rapport à la religion

Sarkozy a une conception très anglo saxonne de la laïcité. Il croit aussi à la discrimination positive, en référence au système mis en place aux Etats-Unis pour aider les minorités défavorisées. Et lorsqu’il parle de minorités, c’est toujours confessionnelles. « Zinedine Zidane et le football, c’est formidable, mais ça ne suffit pas. Les musulmans de France sont capables aussi d’avoir des hauts fonctionnaires, des chercheurs, des médecins, des professeurs ». Sarkozy définit ainsi toujours les Maghrébins uniquement par la référence religieuse dont il fait un référent identitaire, un peu comme Tariq Ramadan. De même, il réduit les problèmes de l’intégration à celui de l’islam. Rien d’étonnant alors à ce qu’il préfère faire appel aux imams qu’aux travailleurs sociaux à chaque flambée des banlieues. Intégrer les intégristes serait pour lui le meilleur moyen de favoriser l’intégration.

Sarkozy a une véritable fascination pour ces sociétés anglo-saxonnes anti universalistes où l’on vante la juxtaposition des communautés.A tel point qu’il n’est plus toujours très sûr d’être Français : « Je suis un étranger dans mon propre pays » dira-t-il d’ailleurs (discours à Columbia, 04/10/04).

La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat au kärcher !

Nicolas Sarkozy, c’est d’abord un adversaire de la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Et même s’il ne parle que de "toiletter" la loi, pour que l’Etat puisse financer et entretenir des lieux de culte, c’est bien au principe meme de cette loi qu’il s’attaque. M Sarkozy souhaite notamment supprimer l’article 2 de la loi de 1905, « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », mettant ainsi en péril l’équilibre fragile qui a tenu près d’un siècle.

Avec le CFCM, Sarkozy vend l’islam de France aux intégristes

Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) est la plus désolante création de Nicolas Sarkozy. Un véritable cadeau empoisonné à l’adresse des musulmans de France ! En l’associant à la naissance du (CFCM), Nicolas Sarkozy a cautionné dès le départ l’organisation intégriste de l’UOIF (branche française des Frères musulmans). Ce choix relève d’un calcul bien mauvais : « Je suis convaincu que lorsqu’un ‘radical’ est intégré dans une structure officielle, il perd de sa radicalité " dit Sarkozy. Pari perdu ! Les intégristes n’ont pris que plus d’assurance et gagné une légitimité qu’ils n’auraient probablement jamais eu autrement. Le discours, lui, n’a pas varié d’un iota.

Nicolas Sarkozy et le modèle anglo-saxon de multiculturalisme (ou mutlicommunautarisme) institutionnel.

Une véritable menace pour la tradition républicaine française et une atteinte au principe de laïcité et à la norme juridico-politique d’égalité de tous les citoyens devant la loi.

Il pousse vers ce modèle anglo-saxon, avec comme argument l’échec des banlieues. "Le modèle républicain a failli, ça ne peut pas être pire » dit-il. Si, ça peut etre pire ! En France ce ne sont heureusement que des voitures et des bâtiments qui ont brûlé, alors que dans les pays à modèles communautaires anglo-saxons, les émeutes urbaines sont l’occasion d’affrontements ethniques. On n’en est heureusement pas encore là, mais on pourrait bien y venir à pousser vers toujours plus de communautarisme. Nicolas Sarkozy veut ainsi "toiletter" la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais en s’attaquant au principe meme de la loi (la séparation de l’Etat et des religions quant au finacement des lieux de culte), c’est bien sa suppression qu’il demande.

Pour lui, la laïcité telle définie dans la loi est une laïcité "intransigeante". Comme nombre d’intégristes, N. Sarkozy en appelle à une "laïcité moderne". Le principe laïque n’est il pas déjà moderne en soi ?

De plus, il récuse la distinction entre sphère publique et sphère privée : "Il n’y a pas deux vies. Comme si la part de soi la plus intime et la plus intéressante, il fallait l’abandonner jusqu’au samedi matin et au dimanche soir inclus. Le domaine de vie privée n’a pas de sens. C’est le domaine de la vie tout court."

Une gestion religieuse des conflits.

Sarkozy négocie la paix sociale avec les prédicateurs islamistes. Les imams deviennent les interlocuteurs privilégiés à chaque problème de banlieues. L’Etat se décharge ainsi sur la religion.

Il reçoit le "secte symbole" de la Scientologie, Tom Cruise. Sarkozy dit n’avoir parlé avec lui que « cinéma et relations franco-américaines » ce qui a été contredit par Tom Cruise lui-même lors d’une conférence de presse : « Nous avons parlé de tout, de scientologie, de cinéma, de vie familiale ». Inquiétant : Sarkozy plaide dans son livre pour que la France cesse de faire l’amalgame entre sectes et « nouveaux mouvements spirituels ». Une prise de position qui ne peut que réjouir les sectes comme la Scientologie.


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