Sri Lanka : trente ans de luttes des tamouls

mardi 12 mai 2009.
 

Les Tamouls étaient appelés dans le passé les Dravidiens. Ils représentent 18 % de la population de l’île du Sri Lanka, soit trois millions de personnes, tandis que la majorité est composée de 74 % de Cinghalais, d’origine indo-européenne, majoritaires dans le sud et le centre du pays.

La langue tamoule est parlée par quelque 74 millions de personnes dans le monde, notamment en Inde dans l’État du Tamil Nadu, auquel les Tamouls sri-lankais restent attachés. Il existe des communautés tamoules aux îles Fidji et à l’île Maurice, aux Antilles françaises et à La Réunion, en Birmanie, en Malaisie, en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.

Le Sri Lanka est devenu indépendant sous le nom de Ceylan en 1948, dans le cadre du Commonwealth britannique. En 1956, les autorités faisaient du cinghalais la seule langue officielle.

En 1972, le Sri Lanka a repris son nom d’avant la colonisation. Il est devenu alors un pays où le bouddhisme a été privilégié par l’État, alors que les Tamouls sont plutôt hindouistes.

Le Sri Lanka est un pays relativement riche. Historiquement, c’est une économie de plantation qui exporte notamment du thé et du caoutchouc. Dans les années soixante-dix, les inégalités sociales se sont accentuées, notamment au détriment de la minorité tamoule. Celle-ci était aussi sous-représentée au Parlement. Tout cela a conduit à l’apparition d’un mouvement indépendantiste tamoul, les Nouveaux Tigres Tamouls, qui se transformèrent, en 1976, en Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE selon le sigle anglais).

Influencée par le maoïsme, cette guérilla revendiquait alors l’indépendance et la création d’un État dans le nord-est du Sri Lanka. Le fondateur du mouvement, Vellupillai Prabhakaran, âgé aujourd’hui de 55 ans et actif depuis 1970, en est toujours le dirigeant.

Les gouvernements sri-lankais n’ont jamais été tendres avec les Tamouls. En cela, ils ont hérité du comportement brutal des colonisateurs successifs, portugais, hollandais et britanniques.

À partir de 1983, dans une période de véritable guerre civile entre Cinghalais et Tamouls, ces derniers ont subi des répressions féroces, avec de véritables pogroms, des enlèvements, l’usage de la torture, des représailles frappant la population civile faisant parfois des centaines de morts. Le conflit avec Colombo, la capitale économique du Sri Lanka, qui bénéficie de l’aide militaire du Pakistan et de la Chine, aurait fait au moins 60 000 morts.

À partir de 1987, des accords entre le Sri Lanka et l’Inde, qui jusque-là disait défendre les droits de la minorité tamoule, ont conduit à l’intervention de l’Inde contre les Tigres, ceux-ci ont répondu par plusieurs attentats-suicides. En 1991, ils ont assassiné Rajiv Gandhi, le Premier ministre indien. Dès lors, l’Inde s’est retirée de ce conflit tout en pourchassant les sympathisants du LTTE dans l’État du Tamil Nadu. Les attentats des Tamouls ont aussi touché les dirigeants cinghalais. Le LTTE a assassiné un président sri-lankais, un candidat à ce poste, plusieurs ministres et des hauts cadres de l’armée.

Entre 2002 et 2005, il y a eu une trêve et le LTTE a restreint ses revendications à une autonomie économique et politique, rejetant même l’approche militaire pour atteindre leur but. Depuis 2005, les combats ont repris, aujourd’hui en défaveur des combattants tamouls.


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