FMI : La stratégie du choc (ATTAC)

dimanche 29 mars 2009.
Source : ATTAC
 

Il y a quelques mois, tous les commentateurs "avisés" évoquaient un Fonds monétaire international (FMI) en crise, voire à l’agonie. Mais, tel le phénix, le FMI vient de renaître de ses cendres, pour le plus grand bonheur des néolibéraux et pour le plus grand malheur des peuples. Et si finalement la crise actuelle débouchait sur le renforcement de la stratégie mise en place depuis plusieurs décennies, cette "stratégie du choc" si bien décrite par Naomi Klein ?

Plusieurs pays européens ont déjà demandé l’aide financière du FMI et l’ont obtenue. Certains d’entre eux n’appartiennent pas à l’Union européenne (Islande, Ukraine, Géorgie, Serbie), d’autres font partie des nouveaux États membres ayant rejoint l’Union en 2004 ou en 2007 : c’est le cas de la Hongrie, de la Lettonie, et plus récemment de la Roumanie.

Nul ne peut contester que ces pays ont besoin d’aide. Seulement, le FMI n’a rien changé à ses remèdes de cheval, ceux-là mêmes qui ont conduit à la ruine ses meilleurs élèves il y a quelques années (l’Argentine en est l’exemple le plus spectaculaire). L’aide du Fonds est en effet conditionnée à la mise en place de plans d’austérité destinés à "assainir" le budget des États par des coupes sombres dans les dépenses publiques. Jeffrey Franks, négociateur du plan de "soutien" à la Roumanie, souligne que "le gouvernement roumain ne peut plus se permettre le luxe d’un déficit important". Et que, dans ces conditions, il importe de mettre en place une "réforme du système des salaires dans le secteur public", dont la facture aurait doublé ces quatre dernières années, ainsi que du système des retraites, qui exerce une "pression énorme" sur le budget. Jeffrey Franks appelle cela des "conditions ambitieuses mais réalistes" !

En Hongrie, ce sont également les retraites qu’on met au banc des accusés. Selon le FMI, c’est l’absence d’une réforme du système des retraites qui a vidé les caisses de l’État. Honte à la Hongrie, où les retraites auraient absorbé près de 10 % du PIB, et où on versait même un treizième mois aux retraités ! Le docteur FMI va modifier tout ça. Et puis, comme le dit le ministre des finances hongrois, "la grande leçon à tirer des dernières années est qu’il faut oublier la hausse ambitieuse des dépenses sociales et le financement du niveau de vie de la société par des crédits".

Quant à la Lettonie, qui avait connu ces dernières années une croissance aussi spectaculaire qu’artificielle, le soufflet est retombé, et là aussi ce sont les fonctionnaires qui en font les frais, avec une amputation de 15 % de leurs rémunérations, dont les observateurs estiment qu’elle ne va pas tarder à s’étendre au secteur privé. En outre, les Lettons ont vu leur taux de TVA (l’impôt le plus injuste qui soit) grimper à 21 %.

Qu’il soit dirigé par un ultra-conservateur comme Camdessus ou par un pseudo-socialiste comme Strauss-Kahn, le FMI ne change pas. Et on frémit à l’idée que le G20 entend lui donner plus d’argent et plus de pouvoirs. Le seul espoir pour les peuples consiste à manifester leur colère et à se révolter. "Nous ne paierons pas pour leurs crises", tel est le cri qui doit tous nous unir en cette période où le pire est encore à venir, si nous ne faisons rien.

auteur-e(s) : Jean Tosti


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