Les évangélistes du marché libre et non faussé : Warren Buffet, Alain Minc, Jean-Marc Sylvestre, AIG, etc

vendredi 20 mars 2009.
 

Comme avant, ils conseillent d’investir, ils se gavent de super bonus, ils prônent la spéculation... Pour sortir de la crise, disent-ils, il faut faire comme si elle n’existait pas...

Alors que les usines ploient sous la crise et les chômeurs s’alignent devant les services publics de l’emploi, ils sont une poignée à continuer de suivre la route de briques jaunes du marché. Ces néo-libéraux avancent vers leur Magicien d’Oz sans avoir compris la fable et écoutent l’enchanteur : « Nous sommes au sein d’un cauchemar, leur dit Warren Buffet. Retournons par la pensée vers l’Âge d’Or où tout allait encore bien et… tout redeviendra comme avant ! »

Comme avant où le capitalisme débridé promettait moulte titrisations dégoulinant en profits infinis. Car, pour Warren Buffet l’homme le plus riche d’Amérique, la crise n’est qu’un songe, une passade : « Sois avide quand les autres sont craintifs », conseillait-il dans une tribune publiée dans le New York Times. Le gourou des marchés voulait même miser sur le plan Paulson, en espérant un retour sur investissement. Spéculer sur les plans anti-crise : pourquoi n’y avait-on pas pensé avant ?

Comme Warren Buffet, les éditorialistes de The Economist voient bel et bien les demandeurs d’emplois se multiplier. Que conseillent-ils pour résoudre le problème ? Faciliter les limogeages bien sûr : l’hebdomadaire britannique recommandait dans son dernier numéro « des marchés de l’emploi flexibles, d’où seraient abolies toutes les subventions pour l’emploi, tous les privilèges des employés, et où les licenciements seraient facilités. » A l’instar du Medef, leur discours ne change en rien : la crise ne sert qu’à accélérer la mise en place des réformes nécessaires pour les patrons.

Et les patrons ne changent guère de méthode : sauvée par près de 180 milliards de dollars du trésor américain, la société d’assurance AIG, qui avait déjà payé à ses cadres un luxueux séjour en Californie, distribuera 450 millions de dollars de primes à sa filiale londonienne, responsable à elle seule de 99,3 milliards de dollars de pertes en 2008. « Mauvais goût », selon Lawrence Summers, le principal conseiller économique de la Maison blanche, la pratique relève surtout de la mauvaise gouvernance : le bonus étant par nature une rémunération complémentaire « incitative », on n’ose imaginer comment les cadres d’AIG interpréteront le message pour le prochain exercice. Mais il ne s’agirait pas de bousculer les spéculateurs en perdant les mauvaises habitudes...

Leur leçon ? Pour sortir de la crise, il suffit de faire comme si elle n’avait pas existé. « Le libéralisme n’est pas une construction intellectuelle comme le marxisme : le monde a été créé ainsi », disait l’économiste Jean-Marc Sylvestre, ancien chroniqueur chez France Inter. La civilisation a vaincu la variole, la peste, et la civilisation repousse désormais certains cancers. Les évangélistes du marché libre et non faussé nous invitent à accepter la pénitence de la crise, comme les évangélistes des âges sombres de la théocratie laissaient courir les épidémies comme des châtiments divins. Mais n’est-il pas le temps d’ausculter le malade et, qui sait, de trouver un vaccin au capitalisme fou ?


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