La lutte contre l’idéologie dominante commence dans le métro

dimanche 15 mars 2009.
 

Depuis quelques semaines, la régie publicitaire de la RATP a installé dans les couloirs du métro parisien des publicités interactives également appelées « numéri-flash » sur écrans ACL (Affichages à Cristaux Liquides) intégrant le système bluetooth et des caméras « capteurs de visages ».

Ces panneaux publicitaires nouvelle génération ne constituent pas seulement une augmentation de la pression publicitaire sur les voyageurs. Le système bluetooth dont ils disposent leur permet d’envoyer des messages sur les téléphones des passants. La RATP se veut rassurante et affirme que seuls les volontaires, qui colleront leur téléphone portable sur ces écrans pourront recevoir les publicités....

Ils disposent également d’un système de capteurs qui jauge l’intérêt des passants, le temps passé devant la publicité, la partie de l’écran la plus regardée... Les passants sont ainsi observés, avec possibilité de décortiquer leur comportement face à la pub tout en identifiant leur âge approximatif et leur sexe. Avec ce système, les usagers du métro deviennent à leur insu les otages d’un testing marketing permanent !

Il n’y aurait que 4 panneaux installés pour l’instant et il ne s’agirait que d’une expérimentation. Et pourtant, nous savons que d’ores et déjà plus de 1200 écrans ACL devraient être installés avant la fin 2009 dans le réseau francilien (Métro et gares SNCF) !

Les élu-e-s communistes et du Parti de gauche ont présenté un vœu lors de la séance du Conseil de Paris du 9 mars, demandant au Maire de Paris d’intervenir auprès du Président de la RATP pour que soit suspendue l’installation de ces dispositifs de publicité interactive. Les verts ont présenté un vœu équivalent. Mais l’exécutif (ndlr : le groupe socialiste) a préféré demander un bilan de l’expérimentation et les garanties apportées au respect des libertés publiques, et l’intégration d’une information citoyenne et culturelle et une information relative à la mobilité des voyageurs...

Le testing marketing et les spots imposés par bluetooth sur nos portables seraient-il plus acceptable si les panneaux intégraient d’autres types d’informations ? Non bien évidemment. Et nous ne pensons pas qu’il faille se résigner et considérer ces évolutions comme incontournable, au nom du progrès technologique qu’elles utilisent. « L’intégration de nouvelles technologies dans ces dispositifs pose de sérieux problèmes de liberté et de santé publiques : vidéosurveillance, étude des passants à des fins publicitaires, électro-pollution par transmission Bluetooth... », dénoncent les associations anti pubs.

5 associations (Résistance à l’agression publicitaire, Souriez vous etes filmés, Big Brother awards, Robin des toits et le Publiphobe) viennent d’assigner la RATP et sa régie publicitaire Métrobus (filiale de Publicis et JC Decaux) devant le juge des référés du Tribunal de grande instance de Paris. La 1ère audience aura lieu le 1er avril à 9 heures, devant la chambre des référés du Tribunal de grande instance de Paris, 4 bd du Palais, Métro Cité.

Les militants du parti de gauche y seront ! Cette bataille culturelle est importante et à prendre avec sérieux. Vouloir le dépassement du capitalisme, remettre en cause le productivisme passe par la critique radicale de l’aliénation que constitue le consumérisme, la publicité. Pour l’émancipation individuelle et collective, refusons de réduire chaque citoyenne et citoyen à un consommateur à épier et formater en fonction des intérêts productivistes de telle ou telle entreprise. Espérant que ce procès sera gagné par les militants anti-pub, car nous n’oublions ceux que la RATP a intentés à leur encontre pour leur actions de sensibilisation !

Danielle SIMONNET

Conseillère de Paris,

Vice Présidente du groupe communiste et des élu-e-s du Parti de Gauche


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