Maurras

jeudi 19 mars 2009.
 

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De quoi Maurras est-il le nom ?

Source : https://www.lesinrocks.com/2013/11/...

Jean-Marie Le Pen s’est souvent présenté comme un nationaliste (voire comme un "nationiste" en se fondant sur le néologisme " nationalitariste" de Maurras). Le considérez-vous comme l’un de ses héritiers politiques ?

Jean-Marie Le Pen, comme les militants nationalistes de sa génération, a été marqué par l’empreinte de Maurras qui, de sa prison (il meurt en 1952), publie encore lorsque Le Pen prend en main la Corpo de Droit. Il faut aussi souligner que le renouveau des étudiants nationalistes au tournant des années 1950 se traduit par une remontée de la présence de l’Action française (AF) dans les universités, tant à Paris qu’en province. En la matière, l’AF a un savoir-faire remontant à l’avant 1914. Que Le Pen côtoie alors les maurrassiens (et d’ailleurs d’autres tendances nationalistes) ne saurait en faire un disciple du « maître de Martigues ». En premier lieu, parce que Le Pen n’est pas monarchiste, alors que la volonté de renversement de la République et son remplacement par la monarchie sont au cœur du projet maurrassien. Le Pen peut être considéré comme un héritier des ligues des années trente et davantage un héritier des Jeunesses patriotes (JP) que de l’AF. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est l’ancien dirigeant des JP (Pierre Taittinger) qui aide le jeune Le Pen à mettre en place les Jeunes Indépendants de Paris où l’on croise certains dirigeants futurs du FN, de Jean Bourdier (ancien de l’AF pour sa part) ou Alain Jamet.

Quel poids les disciples de Maurras regroupés au sein de l’Action Française ont-ils aujourd’hui au sein de l’extrême droite ?

Les maurrassiens sont aujourd’hui (comme hier d’ailleurs) dispersés en plusieurs organisations ou organes. La filiation la plus directe s’observe avec le bimensuel l’Action française 2000 en lien étroit avec le Centre royaliste d’Action française qui voient leur propagande relayée par des « cercles » implantés en province. Il faut prendre en compte également le mensuel Politique magazine, fondé par Hilaire de Crémiers, qui a relancé aussi la Revue universelle, célèbre dans l’entre-deux-guerres. Ajoutons encore, et la liste n’est pas exhaustive, des publications régionales dominées par une référence maurrassienne (La Lorraine royaliste) ou l’action conduite par un des biographes de Maurras, Yves Chiron, qui après le Bulletin Charles Maurras a lancé Maurrassiana. Toutes ces initiatives témoignent d’un héritage du maurrassisme même si ces organes ont des statuts et des échos différents et ne parlent pas non plus d’une seule voix. Qu’en est-il de leur poids dans les droites radicales françaises (le terme extrême droite est pour moi trop réducteur) ? A dire vrai, il n’est pas structurant même si, au cours des dernières décennies, les maurrassiens ont apporté leur contribution à certains combats, en particulier au souverainisme. Mais se pose aussi à travers votre question, celle de « l’actualité de Maurras ». Elle ne fait pas de doute pour ses disciples et l’Action française 2000 comporte dans chacun de ses numéros une rubrique intitulée « Relire Maurras » qui s’emploie à rappeler les « vérités » du maître et à les confronter à l’actualité. La difficulté pour les maurrassiens est que ce qui relève pour eux de l’évidence ne va pas aussi spontanément de soi pour de nombreux courants des droites radicales (« identitaires » etc.) et surtout pour le FN dirigé par Marine Le Pen dont le programme est éloigné des canons maurrassiens.

Il y a un an, NKM a créé une polémique en déclarant que l’objectif de Patrick Buisson était « de faire gagner Charles Maurras » plutôt que l’ex-chef de l’Etat et l’on accole souvent à l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy l’adjectif maurrassien. Cela vous semble t-il justifié ?

La formule a marqué et je la reprends dès l’introduction de mon ouvrage. L’adjectif maurrassien peine à s’appliquer pour Patrick Buisson dont l’engagement militant étudiant en 1968 s’est opéré à la Fédération nationale des étudiants de France et non aux étudiants d’AF, pourtant alors en bonne posture au sein de la nébuleuse droitière. A travers ce propos de NKM, il s’agit moins de s’interroger sur sa pertinence que sur la représentation qu’elle a de Maurras (j’ignore si elle l’a lu) et l’effet qu’elle entend produire en jouant de ce « label infâmant ». A défaut d’être connue pour elle-même, la référence à Maurras s’avère opératoire pour disqualifier un adversaire politique. Et de ce fait, il est instructif d’observer au vu des réactions suscitées par la déclaration de NKM, que près de 70 ans après son procès, la figure de Maurras renvoie encore à celle de « l’empoisonneur » si ce n’est du « mauvais maître ».

Maurras et Barrès sont régulièrement présentés comme les deux théoriciens du nationalisme français. Quels sont les différences et les points de comparaison entre leurs deux doctrines ?

Les deux hommes sont effectivement les deux théoriciens majeurs du nationalisme français. L’aîné, Barrès, a rapidement accueilli son cadet dans le monde des lettres et dans ses entreprises journalistico-politiques (en particulier La Cocarde). Entre les deux hommes, les convergences sont nombreuses, du rejet de la République parlementaire au souci de reconquérir les « provinces perdues » (ce qui fait d’eux des adversaires de la politique coloniale de la 3e République) en passant par un antisémitisme profond structuré par la crise boulangiste, le scandale de Panama et l’affaire Dreyfus. Mais les différences sont également importantes. En termes d’abord d’objectif. Si les deux hommes sont reconnus comme des « maîtres » par les jeunes générations, Barrès, tout en s’en accommodant, n’aspire nullement à être un chef d’école, ce qui est au contraire le souhait de Maurras autour duquel s’organise l’Ecole d’Action française qui renvoie à un journal, à un Institut et enfin à une ligue où les étudiants jouent un rôle très important. On relève également entre les deux hommes des oppositions doctrinales : Barrès reste envers et contre tout fidèle à la République comme régime même s’il en exècre la forme parlementaire. Maurras ne l’a jamais convaincu d’adopter le « nationalisme intégral » et son monarchisme. Enfin, Barrès abandonne son antisémitisme durant le premier conflit mondial en écrivant Les diverses familles spirituelles de la France. Chez Maurras, s’il s’infléchit au même moment, il ne disparaît pas et reprend de la vigueur durant l’entre-deux-guerres.

Comment Charles Maurras a-t-il vécu l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale ?

La défaite et l’occupation sont pour cet homme de 72 ans, germanophobe impénitent qui voit dans le nazisme un avatar du pangermanisme, un véritable drame. Si Maurras s’est opposé à la perspective d’un nouveau conflit, et a dénoncé à travers elle une « nouvelle hécatombe » il n’en a pas moins, comme en 1914, adressé tous ses vœux de victoire au président du Conseil Edouard Daladier en septembre 1939. A l’heure de la défaite, Maurras, qui a quitté Paris (il n’y est jamais revenu) prend des positions qu’il va tenir pendant quatre ans. La défaite appelle des responsabilités et pour le chef de l’Action française, elle signifie la faillite de la République et impose son élimination au plan institutionnel politique. En second lieu, Maurras salue avec force l’avènement du Maréchal Pétain, qu’il rencontre à diverses reprises sous l’occupation, sans pouvoir être considéré comme l’inspirateur de la Révolution nationale. Replié à Lyon où il fait reparaître l’Action française, Maurras peut être défini comme un pétainiste en ce sens qu’il soutient la personne et la politique du chef de l’Etat français, tout en ferraillant aussi bien contre les gaullistes de Londres que contre les collaborationnistes parisiens. Le maître mot de Maurras est alors la « France seule » qu’il entend voir défendue contre les « deux partis de l’étranger, le pro-anglais et le pro-boche ». Si des maurrassiens engagés dans la résistance ont tenté de faire changer de cap leur « maître », son inflexibilité est bien connue. Rencontrant Pétain à Lyon le 5 juin 1944, Maurras lui redit toute son admiration : « Vous tirez le bien du mal. Un homme d’action peut tirer parti de tout, même d’un Déat ». A l’heure de la libération, Maurras est arrêté, jugé et condamné à la prison à vie pour « intelligence avec l’ennemi ». Les termes mêmes n’ont guère de sens appliqués à l’itinéraire du chef de l’Action française et l’avocat général, qui a requis la peine de mort contre lui, a conscience du problème en se justifiant cependant par ces mots au cours de son réquisitoire : « En somme, c’est indirect. Lui-même refuse de collaborer à l’Allemagne (sic), c’est entendu, je le reconnais, mais quand c’est Vichy qui ordonne, quand c’est le Maréchal qui l’ordonne, Maurras célèbrera aussi bien la Relève, la Milice, les luttes contre les Juifs et autres campagnes menées par le gouvernement de Vichy. » Mutatis Mutandis, Maurras se retrouve dans la situation que craignaient justement ses disciples engagés dans la résistance. Mais là où ces derniers pointent d’abord les résultats et les conséquences de ses choix, Maurras, fidèle en cela à sa démarche et son mode de pensée, revient toujours aux prémisses et à son analyse du désastre de 1940 qui marque pour lui la faillite d’un régime exécré. Le Procureur, à qui il l’avait lancé en début de procès : « Soyez tranquille […] je ne vous "raterai" pas » symbolise, avec la Cour toute entière, le retour d’un régime honni auquel Maurras, qui s’est présenté à la barre avec la francisque, lance au terme des débats : « C’est la revanche de Dreyfus ».

Comment s’explique l’antisémitisme d’Etat prôné par Maurras ?

L’antisémitisme de Maurras est ancien, profond et constant. Maurras a grandi politiquement à l’heure du succès de l’ouvrage de Drumont, La France juive, publié pour la première fois en 1886. Maurras est convaincu que les juifs, qu’il rattache aux « quatre Etats confédérés », à savoir outre eux-mêmes les protestants, les francs-maçons et les métèques incarnent ce qu’il appelle « l’Anti-France », une « anti-France » dont la République née de la Révolution de 1789 est à ses yeux la traduction politique. Au nom de la défense et de la préservation de la nation, il faut selon Maurras écarter les hommes incarnant « l’Anti-France » de l’exercice fonctions politiques et administratives. Pour le chef de l’AF, les « quatre Etats confédérés » incarnent des idées universalistes jugées dissolvantes et contraires à l’héritage d’une France associée chez lui, à travers la monarchie, le classicisme et le culte de l’Antiquité gréco-romaine, à la quintessence même de la civilisation. On retrouve ici, à travers une opposition cardinale entre « Barbares » et « Romans », le rejet de l’Allemagne et plus largement de l’Europe du Nord qui menacent une latinité chère au Martégal. Si Maurras est antisémite sur le fond, force est aussi de constater qu’en journaliste très averti, il comprend vite l’intérêt qu’il y a à exploiter cette veine porteuse dans l’opinion, et ce dès les années 1890, soit avant l’affaire Dreyfus.

En lui accolant un antisémitisme prononcé, Charles Maurras a-t-il discrédité l’idée monarchique du débat public ?

L’antisémitisme maurrassien n’est pas le racialisme nazi, ce en quoi ne se trompent pas des auteurs nazis. Ainsi, Karl Heinz Bremer considère que parce qu’il n’était pas racial, l’antisémitisme maurrassien n’était pas « inconditionnel ». L’antisémitisme maurrassien s’inscrit dans une tradition française que prolonge Vichy à travers ses statuts des juifs. On rappellera qu’en 1911, Maurras préconisait à l’égard des juifs un « statut » visant à les « exclure » de « l’unité française ». Eu égard à l’idée monarchique, je ne vois pas clairement de lien. D’abord, parce que Maurras n’est pas seul à la défendre et doit composer avec les prétendants qui l’incarnent. Ensuite parce qu’à partir du milieu des années les relations avec le comte de Paris se tendent. Assurément, le jeune Henri d’Orléans, une fois l’échec du 6 février 1934 consommé, entend prendre ses distances avec le chef de l’AF au nom de la modernisation du discours monarchique. Lorsque le comte de Paris publie ses premiers essais et lance l’hebdomadaire Courrier royal, son souci est d’incarner à sa façon un processus largement répandu à l’époque, celui de se poser en relève. Le comte de Paris joue ensuite sa carte pendant le second conflit mondial puis au lendemain de celui-ci et encore au milieu des années 1960 lorsqu’il espère succéder à De Gaulle. C’est à chaque fois un échec mais la responsabilité de Maurras ne peut être invoquée car il n’est pas (de son vivant) partie prenante du processus. Mais pour finir de vous répondre, j’ajouterai que dans un livre d’entretiens paru en 2009, Jean de France ne se réfère à aucun moment à Maurras. Je ne sais si cela relève du hasard mais j’ai du mal à le penser.

Propos recueillis par David Doucet

Commémorer, c’est bien plus que célébrer

Tribune parue dans les journaux (Le Monde, L’Humanité...)

Le cas de Charles Maurras. Par le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH)

Les polémiques autour des enjeux sociaux et politiques des cycles de plus en plus intenses de commémorations et des hommages nationaux et étatiques se multiplient au fil des ans au rythme d’une démultiplication de ces modalités particulières de faire récit et de faire vivre des mémoires. Nous étions un certain nombre à nous réjouir, au CVUH comme ailleurs, de la suppression du nom de Charles Maurras de la liste des commémorations 2018, à la suite du débat et de l’émotion légitimes provoqués par la prise de conscience de la présence du maître à penser de l’Action française dans cette liste. Nous avons été étonnés de lire dans le Monde daté de mardi 30 janvier une justification de la présence sur cette liste de Maurras, nationaliste fanatique et antirépublicain militant, de la part de deux des historiens membres du Haut Comité aux commémorations nationales, Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, et encore plus étonnés de découvrir l’argumentation visant à la légitimer.

Pour ces historiens, commémorer ne serait pas célébrer, et donc ne reviendrait pas à légitimer l’antisémitisme, la xénophobie, l’antiprotestantisme, l’antimaçonnisme fondamentaux de ce penseur de l’extrême droite monarchiste, dont les idées et les actes ont joué un rôle délétère aussi bien dans la vie politique que dans la vie intellectuelle et sociale de la France et de l’Europe, de la période de l’affaire Dreyfus aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Notre étonnement est d’autant plus fort que Jean-Noël Jeanneney anime une émission hebdomadaire intitulée Concordance des temps sur France Culture, dans laquelle il interroge la circulation entre le passé et le présent, et que Pascal Ory, auteur de nombreux ouvrages ayant trait à la vie politique et culturelle de la France, a réfléchi sur la question des commémorations aussi bien que sur le phénomène de la collaboration. Nous apprenons au passage que si le mot «  célébrations  » a été remplacé par le mot «  commémorations  », ce serait pour éviter les ambiguïtés et «  l’impossibilité qu’il y avait à “célébrer” Céline  », référence à la polémique qui a eu lieu en 2011, à la suite de son inscription sur cette même liste. Il n’y aurait donc en revanche aucune difficulté à le commémorer, lui, l’auteur de pamphlets ignobles, comme à commémorer Maurras, lui dont le journal justifiait pendant la Seconde Guerre mondiale, sous la plume de Michel Déon, qui fut son secrétaire, le fait d’aller au STO (Service du travail obligatoire) par opposition à l’acte d’aller rejoindre le maquis, et dénonçait les résistants comme étant des terroristes, sans parler de l’antisémitisme continuellement entretenu. Pire, en refusant comme d’autres la commémoration de Charles Maurras, nous serions en contradiction avec nous-mêmes, qui n’acceptons pas l’oubli et encore moins la négation des crimes commis au nom de la France. Et il s’agit bien là d’histoire, autant que de mémoire.

Pourtant, ces arguments nous semblent entretenir une certaine confusion, au nom même de la clarté et de la complexité historiennes. Tout d’abord, il n’est pas certain intellectuellement ni nécessaire moralement qu’une nation, ou un groupe social quelconque, doive absolument célébrer ou commémorer des événements pas plus que des humains décédés ou des œuvres du passé. Il n’y a là qu’un ensemble variant de constructions historiques et anthropologiques qui ne sont en aucun cas les garants d’un bien-être commun, voire qui peuvent être l’occasion de fractures et de division. Mais, si on en fait le choix, il ne peut s’agir que d’événements, d’actes, d’êtres ou d’œuvres doués d’un sens éthiquement fort et positif, en adéquation avec les valeurs communes proclamées (en l’occurrence pour la République française, sa devise  : liberté, égalité, fraternité). À ce titre, la multitude des figures et des événements présents dans la liste des commémorations à venir pose de nombreuses questions, au-delà du cas de Maurras. Tout d’abord, cela n’exclut en rien la complexité des existences, des pensées et des actes, cela n’exclut pas l’analyse des moments sombres, mais à la condition de ne pas confondre un événement et un être humain. La complexité d’une situation n’est pas le choix d’un sujet humain confronté à l’événement. Commémorer la rafle du Vél’d’Hiv, l’affaire Dreyfus, la Saint-Barthélemy, selon l’exemple choisi, ce n’est pas célébrer ni commémorer Pétain, Laval ou Charles IX  ; cela ne souffre aucune ambiguïté, d’autant que le travail d’histoire et de mémoire a eu lieu. En un mot, il s’agit de se souvenir d’événements, de conflits, de luttes constitutives d’une mémoire collective et d’une histoire collective dont nous devons assumer les antagonismes.

Commémorer Maurras, quel sens cela aurait-il eu  ? Parce qu’ensuite, selon les mots de Pascal Ory, commémorer, c’est plus que célébrer. Et, en effet, la palette de la notion de commémoration, nettement plus large que celle de célébration, englobe les actes officiels de célébration, mais aussi toutes les manifestations publiques, toutes les publications, dans un sens ou dans l’autre, qui accompagnent une commémoration, puisque nous ne sommes pas sous un régime de dictature autoritaire. Il ne saurait alors être question de censure. Comment donc empêcher préventivement ou a posteriori des actes de réhabilitation de Maurras et de sa mouvance idéologique  ? Comment donner un sens éthique à cette commémoration, à côté de celle de Couperin, parmi d’autres exemples, et alors que la préface du livre des commémorations invite au plaisir de la découverte  ?

Il est étrange que deux historiens, connus et chevronnés, aient négligé le risque de légitimation dans l’espace public au nom même de l’État-nation. La mouvance d’extrême droite, qui n’a de cesse de se faire entendre et de s’abstraire des interdits et des barrières éthiques et juridiques élaborées depuis la Seconde Guerre mondiale, n’en demandait pas tant. Qui plus est, alors qu’il a été difficile de faire comprendre ce en quoi la «  dédiabolisation  » du Front national n’était qu’une stratégie électorale qui recouvrait le même fonds idéologique dangereux, un tel choix aurait semblé apporter une caution à cette stratégie. Enfin, le contexte international, particulièrement en Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, etc.), vient souligner que les ambiguïtés mémorielles et historiennes, officielles ou non, servent avant tout à cacher des entreprises de réhabilitation d’un nationalisme autoritaire, fermé, xénophobe et antisémite, qui a régné dans les années 1930. Un renouveau dont la parenté avec l’Action française de Maurras n’est plus à démontrer. Il n’est nul besoin d’une commémoration nationale pour lire Charles Maurras de façon critique et pour prendre connaissance de son influence. Il y a suffisamment de publications et de travaux universitaires. Mais il est nécessaire d’éviter tout risque de réhabilitation, ce qu’une commémoration officielle n’aurait pas manqué de produire.

Par le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH)


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