Intervention de Christian Picquet au meeting du Zénith le 8 mars 2009 (video et texte)

dimanche 15 mars 2009.
 

Pour visionner l’intervention de Christian Picquet, cliquez sur l’adresse portée en source ci-dessus (couleur rouge)

Discours de Christian Picquet lors du meeting de lancement du Front de Gauche

Merci, Chers Amis, Chers Camarades, de cet accueil chaleureux. Il me va d’autant plus au cœur que ce 8 Mars, journée internationale des femmes, est en quelque sorte une journée de la solidarité...

Vous l’imaginez, ce n’est pas sans gravité, ni émotion, que je m’adresse à vous.

Gravité, parce que nous avons jusqu’au bout tenté de convaincre nos camarades de la direction du NPA de ne pas commettre l’irréparable en refusant que se constitue un front rassemblant toutes les composantes de la gauche de gauche pour les prochaines élections européennes... Et qu’ils viennent, au moment où je vous parle, de choisir une ligne de fermeture...

Émotion, parce qu’avec le collectif de militants du NPA que je représente ici, et qui a pris le nom de « Gauche unitaire », nous avons décidé de ne pas nous incliner devant une décision trop lourde de conséquences à nos yeux.

Soucieux de poursuivre jusqu’au bout la bataille de l’unité, nous prenons aujourd’hui toutes nos responsabilités et nous nous engageons dans le Front de gauche.

Nous nous y engageons afin que la tradition politique qui est la nôtre prenne toute sa place dans ce Front, qu’elle contribue à l’élaboration des propositions que nous allons soumettre ensemble aux électrices et aux électeurs, sans rien gommer de nos différences, mais sans rien ignorer non plus de ce qui nous rassemble et qui nous avait permis de conduire victorieusement la campagne du « non » de gauche au traité constitutionnel européen...

Nous nous y engageons afin qu’elle apporte sa pierre à l’élargissement et au pluralisme de la campagne qui se lance aujourd’hui. Et que, au bout du compte, nous impulsions ensemble une dynamique populaire aussi forte que celle du 29 mai 2005.

Nous prenons nos responsabilités, vous ai-je dit. Mais, au fond, avions-nous un autre choix possible ?

C’est une conception de la politique qui est ici en jeu.

La crise du capitalisme frappe chaque jour un peu plus brutalement les peuples d’Europe. Les chiffres du chômage s’égrènent et annoncent autant de vies sacrifiées sur l’autel du profit de quelques actionnaires, toujours aussi cyniques. La construction libérale de l’Europe, comme nous l’avions d’ailleurs annoncé, est une totale faillite, incapable qu’elle est de répondre aux besoins des populations. Partout, et en France particulièrement avec cette droite arrogante qui serre les rangs derrière Sarkozy et avec ce patronat revanchard que symbolise Madame Parisot, on détruit des décennies de conquêtes populaires. La colère monte de partout, on le voit bien en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion, et elle va s’exprimer le 19 mars avec encore plus de force que le 19 janvier. L’aspiration à l’unité s’exprime avec force dans toutes les luttes.

Devant tant de défis, devant tant de menaces gravissimes, il n’existe pas à gauche de réponses politiques qui soient à la hauteur.

Chacun le sait, la direction du Parti socialiste est irréversiblement enfermée dans sa logique de renoncement et elle va, dans ces élections européennes, de nouveau nous chanter les louanges du calamiteux traité de Lisbonne, qui grave pourtant dans le marbre ces politiques libérales dont la faillite n’est plus à prouver et qui mènent la planète au bord d’une catastrophe humaine et écologique majeure.

Mais la gauche de gauche, du fait de son éparpillement, n’offre pas le début d’alternative qui serait si nécessaire.

Alors, pour ce qui nous concerne, nous ne pouvions pas accepter que des millions d’hommes et de femmes, par-delà leurs préférences partisanes, se voient privés de la possibilité, grâce à un même bulletin de vote, de sanctionner Sarkozy et de se prononcer en faveur d’une politique de rupture anticapitaliste.

Nous ne pouvions accepter que les millions de grévistes et de manifestants du 19 mars n’aient pas le moyen de prolonger leurs résistances et leurs mobilisations dans un vote qui fasse véritablement événement.

Nous ne pouvions accepter que le peuple de gauche, qui s’était prononcé à une très large majorité pour le « non » en 2005, soit cette fois empêché de confirmer son aspiration à une autre Europe :

* l’Europe de la rupture avec le traité de Lisbonne ; * l’Europe d’un bouclier social qui protège les travailleurs des retombées de la tourmente spéculative et de l’économie casino ; * l’Europe de la réappropriation publique du système bancaire et du crédit ; * l’Europe de la redistribution des richesses au moyen de l’harmonisation sociale et fiscale que le traité de Lisbonne prétend interdire ; * l’Europe d’une planification écologique ; * l’Europe de l’égalité des droits pour tous ses résidents et dont les peuples redeviennent les souverains ; * l’Europe qui s’émancipe de la tutelle de l’Otan parce qu’elle refuse les dérives militaristes et impérialistes auxquelles Sarkozy veut précisément nous inféoder ; * l’Europe unie des peuples, en un mot, qui soit un antidote aux tentations du repli nationaliste et des régressions chauvines que l’on sent renaître un peu partout sur notre continent...

Nous ne pouvions, en d’autres termes, nous résoudre à ce que l’intérêt du peuple de gauche et du mouvement social soit sacrifié au nom d’un prétendu intérêt de parti...

Et nous sommes ici, avec vous, cet après-midi.

Nous sommes conscients, et je dirais même fiers, de la portée symbolique de notre geste.

Mais nous sommes tout aussi conscients de l’importance de la tâche qu’il nous reste à accomplir.

Il manque encore des cultures, des traditions, des expériences militantes à nos côtés.

C’est pourquoi je veux saisir l’occasion qui m’est offerte de lancer ici un appel solennel.

À mes camarades du NPA, dont je ne veux pas imaginer qu’ils iront jusqu’au bout d’une logique de division délibérée de la gauche de transformation...

Aux sympathisants de ce nouveau parti, qui avaient vu en lui la promesse d’un renouvellement des pratiques politiques à gauche...

Aux militantes et militants de la gauche alternative, et singulièrement aux Alternatifs, qui ont comme moi été de tous les combats pour le rassemblement d’une gauche sociale et écologiste...

Aux Verts qui ne veulent pas voir disparaître leurs convictions écologistes et sociales noyées dans la conversion d’un Daniel Cohn-Bendit au principe de la « concurrence non faussée »...

Aux acteurs et actrices du mouvement social, qui savent combien les mobilisations et résistances de ces dernières années ont souffert de l’absence d’alternative politique...

Aux hommes et aux femmes de gauche, qui attendent depuis si longtemps qu’une gauche de gauche crédible émerge enfin dans ce pays...

À toutes et à tous, je dis : il est temps de s’engager. Faites passer le bien commun avant les frilosités, les conservatismes de boutique, les calculs à courte vue ! Venez avec nous !

Éparpillés, nous ne sommes rien. Rassemblés, sans gommer nos héritages et nos spécificités, nous pouvons devenir une force qui compte !

Je conclurai sur une formule qui a longtemps guidé l’action de ma famille politique. Cette formule dit : « Là où il y a la volonté, il y a un chemin. »

La volonté de l’unité, nous l’avons. Le chemin de l’unité, nous allons l’emprunter maintenant avec vous. Pour qu’ensemble nous soyons l’événement à gauche du 7 juin...


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