La vigne, le vin et le réchauffement climatique.Vers la disparition du vignoble en Languedoc ?

vendredi 27 février 2009.
 

De souvenir, la conférence commence ainsi : « En moyenne sur plusieurs (env. 40) années des moyennes annuelles, il y a 5°C de différence entre Nice et Lille pour 1000 km du Nord au Sud. » Si ma mémoire est bonne (et cela vaut pour tout ce qui suit de précis) en équivalent altitude cela représente 750 mètres. Puis ensuite vient ce que tout le monde attend, le réchauffement climatique. Les sources sont ce qu’il se fait de mieux, l’intervenant utilise un certain scénario du Groupe International d’Experts sur le Climat (scénario pessimiste mais qui est déjà dépassé dans les faits) et globalement on obtient que la température va augmenter (en une seule moyenne cette fois) de 5°C dans 100 ans et que les 3/4 de la France seront en climat méditerranéen.

Remarquons au passage la pédagogie sur la règle de l’équivalent-température du monde d’aujourd’hui : 1000 km au Nord = 750 mètres d’altitude = 100 ans, bienvenue dans la 4ème dimension. De manière suffisamment intuitive pour que cela passe au journal de 13h, les simulations montrent que les conditions climatiques favorables à la fabrication du bon vin (le long du Rhône entre Avignon et Valence, pour les connaisseurs) vont se déplacer vers le Nord. Notons au passage que je n’évoquerai pas ici le vignoble de la Bourgogne et du Bordelais qui, selon les dires de l’intervenant, sont moins menacés que les fameuses zones méditerranéennes. Je n’évoquerai pas non plus les principales conclusions qui ont été émises en terme de localisation à petite échelle propre à chaque région, je voudrais juste partir d’une conclusion principale et d’une hypothèse pour déboucher sur un questionnement de la méthode.

La conclusion de base concerne la disparition du vignoble de la Vallée du Rhône (Languedoc compris) car il fera trop chaud (souvenez vous des 5°C) alors que du côté de l’hypothèse, on admet la possibilité pour les bourguignons d’abandonner le cépage qui a besoin de sucre à défaut de soleil pour des cépages plus autonomes tels que le grenache ou la syrah. Je suis sûr d’avoir moins de connaissance que l’intervenant sur les conditions de croissance de la vigne et la dépendance aux températures moyennes mais la relation mécanique qui s’exprime derrière me questionne. D’ailleurs je ne suis pas le seul, je sais que toi aussi René (le roi du métal) tu te dis qu’il ne prend pas en compte la technologie et que même, il n’y a pas que ça.

Le savoir faire accumulé par les vignerons n’est pas quelque chose de figé et il n’y a pas de raison qu’il en soit ainsi dans le futur, ils vont s’adapter les bougres. Je te dis que tu n’as sûrement pas tort mais le gars qui anticipe l’avenir, il s’en balance et il n’a peut être pas tort non plus (bien que je vais essayer d’argumenter sur le contraire). Quand on fait de la prospective (il me semble que c’est le cas ici), le principe est d’insister sur une idée forte (la hausse de la température) en laissant de côté tout ce qui n’est pas relié directement (les pratiques viticoles) pour faire passer un message avec le caractère persuasif de la précision.

Jean-Pierre Chabin (Maître de Conférence Honoraire, Université de Bourgogne)


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