Bilan du 19 mars : une démonstration de force. La cocotte minute sociale continue à grimper en température (4 articles dont FO, Solidaires et CGT)

mardi 24 mars 2009.
 

1) Bilan tiré par le Bureau national de la CGT

Ampleur impressionnante des grèves et des manifestations du 19 mars jeudi 19 mars 2009

La nouvelle journée de mobilisation unitaire est incontestablement un grand succès. Le 19 mars, il y a eu plus de manifestations, plus de grèves et beaucoup plus de manifestants que le 29 janvier qui marquait déjà une mobilisation exceptionnelle.

3 millions de manifestants ont été recensés dans 219 manifestations (1)

Sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale …, cette mobilisation a rassemblé de manière très large des millions de salariés du privé et du public, des jeunes et des retraités.

Une nouvelle fois, la dimension unitaire de la mobilisation a contribué à sa réussite, à élever le rapport de force et à ancrer la nécessaire détermination pour rendre les revendications incontournables.

Cette journée d’action, point d’orgue d’un climat social de plus en plus alimenté par de nombreuses luttes dans les entreprises est une nouvelle étape de la mobilisation. C’est donc un événement qui interpelle très directement le gouvernement et le patronat.

Comment prétendre ignorer cette mobilisation soutenue par près de 80 % des français ?

Certainement pas en qualifiant les grévistes et les manifestants de « démagogiques » comme l’a fait la Présidente du Medef. Certainement pas en culpabilisant les salariés en France puisque l’action syndicale est d’actualité dans plusieurs pays européens. Certainement pas en restant figé sur une politique économique et sociale de plus en plus contestée.

Certainement pas en comptant sur la division, l’usure et les provocations.

Nier l’ampleur grandissante de la mobilisation serait prendre une lourde responsabilité qui aurait des conséquences sur le climat social.

La plateforme unitaire portée par les syndicats doit sans tarder faire l’objet de négociations sérieuses impliquant l’Etat et le patronat.

Cette exigence doit continuer de s’exprimer en élargissant les initiatives d’actions dans les entreprises et les localités. Forts des mobilisations des 29 janvier et 19 mars, les salariés sont en droit d’obtenir à tous les niveaux des résultats sur les salaires, l’emploi, les conditions de travail …

Dès vendredi matin, l’intersyndicale se réunira pour examiner les futures initiatives interprofessionnelles coordonnées. La CGT y interviendra pour alimenter la dynamique revendicative en confortant l’unité syndicale.

Dans cette période lourde d’enjeux pour l’avenir des salariés, il faut renforcer le syndicalisme afin d’amplifier le courant d’adhésion à la CGT qui s’est exprimé aujourd’hui.

Montreuil, le 19 mars 2009

2) La colère s’amplifie par Solidaires

La journée du 19 mars a été encore plus forte que celle du 29 janvier. Près de trois millions de manifestants dans toute la France avec plus de 200 défilés. Ceux qui attendaient une décrue de la mobilisation doivent déchanter. Le président de la république espérait, avec son « sommet social » et les mesurettes qui en sont sorties, que la colère des salariés se dégonflerait. Le Medef, qui a dénoncé les grèves et les manifestations, l’espérait aussi. Ils en sont pour leur frais !

Malgré cette mobilisation, le gouvernement fait la sourde oreille comme l’a fait le Premier Ministre François Fillon au journal télévisé de 20 heures ce soir. Il faut le forcer à entendre la colère qui monte et les urgences sociales qui s’expriment. L’enjeu aujourd’hui est de savoir qui paiera la crise actuelle. Sera-t-elle payée par celles et ceux qui n’en sont absolument pas responsables, les salariés, les chômeurs et les retraités ? Ou le sera-t-elle par ceux qui se sont enrichis ces dernières décennies en exploitant toujours plus les salariés et qui sont les fautifs de la situation actuelle ? Le gouvernement et le patronat ont déjà répondu, le premier en multipliant les cadeaux au second qui licencie à tour de bras pour maintenir ses profits.

Dans cette situation, il faut s’appuyer sur la dynamique de cette journée pour amplifier encore le rapport de forces et imposer au gouvernement et au patronat de vraies mesures en matière d’emploi, de salaire, de minima sociaux, de services publics, de protection sociale, de réduction des inégalités à travers une autre fiscalité.

Face aux urgences sociales et à la nécessité d’imposer des politiques alternatives, pour l’Union syndicale Solidaires, la question de la construction d’un mouvement d’ensemble, d’un mouvement de grève générale interprofessionnelle est posée.

D’ores et déjà, il est indispensable que l’intersyndicale propose un nouveau rendez-vous interprofessionnel avant la fin du mois.

L’Union syndicale Solidaires appelle les salariés à développer les mobilisations partout dans les entreprises et la fonction publique, et dans les départements, à construire les convergences et la solidarité autour des entreprises en lutte.

3) DEMONSTRATION DE FORCE Bilan national tiré par le syndicat Force Ouvrière

La journée de grève et de manifestations a dépassé les pronostics les plus optimistes. Environ trois millions de salariés du privé et du public ont défilé jeudi dans tous le pays pour porter les revendications sur le pouvoir d’achat et l’emploi.

Tous les éléments étaient réunis ce jeudi pour réussir la mobilisation interprofessionnelle…y compris la météo. C’est en effet sous un ciel radieux que des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans les quelque 200 cortèges organisés dans toute la France, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales (FO, CFDT, CFTC, CGC CGT, Solidaires, FSU, UNSA). Qu’ils émanent des syndicats ou de la police, les chiffres diffusés font tous état d’une participation en nette hausse par rapport à la précédente journée nationale de revendications du 29 janvier. Au total, les syndicats ont recensé environ 3 millions de manifestants dans le pays (contre 2,5 millions le 29 janvier. Selon le comptage de la police, ils étaient 1,2 million ce jeudi (contre un million le 29 janvier). Si en moyenne, la mobilisation a grossi de 25%, dans certains endroits elle a doublé, à l’instar de Compiègne (Oise) qui a vu manifester 10.000 personnes. Le millier de salariés de Continental de Clairoix était venu là gonfler les rangs des manifestants. Malgré eux, ils sont devenus le symbole du dérèglement du capitalisme. Après avoir accepté de repasser aux 39 heures, ils viennent d’apprendre de la direction allemande du groupe que leur site allait fermer en 2010 alors même que l’usine de Clairoix est rentable.

C’est la province qui avait fixé le tempo dès le matin avec comme leitmotiv la baisse du pouvoir d’achat des salaires et des retraites, l’augmentation du chômage et de la précarité ou la casse du service public. « Unité des salariés pour ne pas payer la crise. Des mesures d’urgence pour l’emploi, les salaires, la protection sociale et les services publics », exigeait ainsi la banderole de tête à Marseille derrière laquelle ont défilé pas moins de 320.000 salariés du privé et du public, selon les syndicats (soit 20.000 personnes de plus que le 29 janvier). Les syndicats ont enregistré ensuite 110.000 personnes à Toulouse, 100.000 à Bordeaux, 75.000 à Nantes, 70.000 à Clermont-Ferrand, 60.000 à Grenoble ou 50.000 à Rouen et Montpellier. En Bretagne (Finistère, les Côtes d’Armor Morbihan), les organisateurs ont revendiqué plus de 150.000 personnes, dont 40.000 à Rennes, (contre 103.000 le 29 janvier). « Y’en a assez de cette société ! Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, ça ne peut plus durer ! », « La crise c’est eux, la solution c’est nous » ou encore « Emplois supprimés, salaires bloqués, retraites comprimées, ça va péter ! », scandaient les manifestants à Paris où s’est déroulé le cortège le plus imposant de la journée, avec 350.000 salariés, chômeurs, étudiants ou retraités qui ont du défiler sur deux itinéraires différents pour pouvoir rejoindre le lieu d’arrivée de la manif sur la Place de la Nation.

Selon FO, cette véritable démonstration de force n’aurait pas été possible si les appels à la grève n’avaient pas été relayés dans les entreprises privées et dans la Fonction publique. Des préavis de grève avaient été en effet déposés un peu partout dans le secteur public, notamment dans les transports en commun, au niveau national à la SNCF ou en province dans les réseaux urbains de 90 villes. A France Télécom et à la Poste, les salariés étaient couverts par un préavis de tous les syndicats. Il en était de même à EDF où un appel à la grève avait été lancé par FO, la CGT, la CFDT, la CFTC et la CGC. Dans l’Audiovisuel public, c’était silence radio ou presque à Radio France ou Radio France Internationale (RFI), les appels de grève de tous les syndicats étant là particulièrement bien suivis. A Pôle emploi (ANPE et Assedic) et à l’AFPA (formation professionnelle), la grève a été lancée là aussi par l’ensemble les syndicats.

Dans le privé, des appels à la grève ont été recensé à Total, à Renault, Peugeot et Delphi ou Faurecia, deux équipementiers automobiles. Dans les Banques, tous les syndicats avaient sonné la mobilisation générale pour l’emploi et les salaires. Des appels à la grève ont visé de la même manière d’autres grandes entreprises privées : Saint-Gobain, Auchan, Carrefour et Rhodia. Chez Valeo, Caterpillar, Gemalto, Arcelor Mittal, Mercedes, Ascometal et Alstom Transport. Les syndicats des Commerciaux (FO, CFDT, CFTC, CGC, CGT) avaient, eux aussi, appelé à se mobiliser pour le « développement de vrais emplois face à la précarité ». Dans le monde informatique, des appels à cesser le travail ont touché IBM, Hewlett-Packard ou EDS. Dans les radios privées, ce sont les journalistes de NRJ, Chérie FM et Nostalgie qui ont participé à des arrêts de travail pour exprimer, en particulier leurs craintes vis-à-vis de la réorganisation de l’information régionale. Dans la presse écrite, aucun quotidien national ou régional ne devrait paraître vendredi après le mouvement de jeudi. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive.

« Je me demande ce que le gouvernement attend pour répondre aux urgences sociales. Que la crise s’aggrave ? », s’est interrogé Jean-Claude Mailly (FO). Selon lui, après cette nouvelle mobilisation d’ampleur des salariés, les pouvoirs publics seraient bien inspirés d’apporter des réponses concrètes s’ils ne veulent pas être confrontés dans les semaines à venir à un durcissement des conflits, notamment dans les entreprises qui profitent de la crise pour licencier ou bloquer les salaires. En clair, l’exécutif ne pourra pas rester très longtemps « droit dans ses bottes ». Les suites du 19 mars seront décidées vendredi matin après une nouvelle réunion de tous les syndicats.

http://www.force-ouvriere.fr/ - Jour après j

4) Un pas de géant inattendu dans l’ampleur de la mobilisation

par Gérard Filoche, le 19 mars, 20 h

De mémoire, en plus de quarante d’expérience de luttes sociales, rarement quelque chose d’aussi puissant, au bord de l’explosion

Probablement 3,5 millions de manifestants ce 19 mars quand tous les comptes sérieux auront été faits dans les 213 cortéges (et plus) sur tout le territoire national. Il remonte souvent l’information que c’était « le double » du 29 janvier. On est passés d’un seul coup au niveau d’une des plus grandes manifestations de l’histoire de France de l’ordre de celle du 4 avril 2006 en fin du mouvement CPE.

Alors qu’il y a eu presque deux mois d’attente entre les deux journées de grèves et de défilés unitaires, c’est comme si la cocotte-minute n’avait pas cessé de bouillir et que la vapeur accumulée était, à la seconde près, au bord de l’explosion.

Probablement de mémoire, en quarante d’expérience de luttes sociales, rarement quelque chose d’aussi puissant s’est étalé au grand jour.

Car il ne s’agit pas seulement du nombre mais de la densité de la colère : rarement autant de rage, de détermination, de certitude de la force collective. Regardez ce défilé de Continental en Oise ! Et pas seulement, cortége par cortége, c’est éloquent de violence contenue. Ce peuple de salariés est d’une souveraineté, d’une capacité de résistance, vraiment admirable, étonnante, révolutionnaire.

Gare à ceux qui n’entendent pas ! Gare à cette Parisot reine du mépris, de la morgue, de la finance et des multinationales. Gare à cet incroyable président Bling-bling, un shooté des riches de Neuilly et du Fouquet’s, sans doute un des plus méprisables de l’histoire de cinq républiques françaises.

Salariés, si vous saviez… et vous êtes sur le point de le savoir, que vous avez dorénavant un point commun : 200 euros de hausse de salaires pour tous et toutes immédiatement ! 200 euros de plus, c’est la seule façon de défendre l’emploi, de faire plier les actionnaires qui vous menacent pour protéger le niveau de leurs profits, la seule façon de lutter contre leur crise qu’ils veulent nous imposer, de relancer l’économie !

C’est le privé qui monte ! Ce sont les grèves du privé qui sont en train de s’étendre, et attention !


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