Retour sur le congrès constituant du Parti de Gauche

mercredi 4 février 2009.
 

SIMPLES

Notre premier congrès s’est achevé dimanche dans l’ambiance de fraternité survoltée que les images de télé ont montré. Nous avons fait de la bonne besogne. Si nous en sommes si contents c’est que nous n’avions aucune idée de ce qui pouvait se passer, de ce que serait l’ambiance, de ce que donnerait le rassemblement de tant de cultures, de références politiques et d’âge si différents. Et nous ne savions pas non plus si nous serions capables de porter toute cette face invisible du congrès que sont les milliers de taches matérielles qu’il faut assurer pour que le congrès soit viable et qu’on ne peut vraiment réussir qu’avec des militants politiques conscients. Et cela quelle merveille humaine ! Chacun a mis les savoirs faire de son métier au service du bon déroulement de tout. C’est notre force absolue. L’instituteur, l’assistante sociale, le gars du fisc, la proviseure de lycée, le cheminot, tous au coude à coude, dans les taches les plus improbables les réalisent comme s’ils n’avaient fait que ça toute leur vie. Et ca marche ! Adieu aux méthodes et aux mœurs du parti des belles personnes où s’entrechoquent les boites de communication et les sociétés de service qui servent des caciques recuits et leur cour vibrionnante d’attachés gominés et de starlettes de bureau. On revit. On est chez nous puisqu’on est parmi les nôtres. Militer ici, au parti de gauche, en ce moment, pour beaucoup, c’est d’abord une libération.

Des outils

Au terme de nos travaux le Parti de Gauche dispose des repères partagés dont il a besoin pour entrer dans sa première année d’existence. Notre programme d’action est si rude ! Tant de choses se jouent dans les mois qui viennent ! Nous avons donc mis noir sur blanc une compréhension commune du moment politique que vit notre monde. Nous avons défini l’action que nous allons mener. C’est à ça que ca sert un congrès. Ça transforme ceux qui y participent. Il se produit ce que le vocabulaire d’organisation appelle une homogénéisation. Et celle-ci va, contagieusse, à travers tout le parti.

Soulignons-le : les textes que nous avons adoptés au cours des trois jours de notre congrès ne sont pas des commentaires savants. Ce sont avant tout des outils pour comprendre ce qui se passe et des outils d’action. Des outils pour comprendre ce qui se passe. Notre intention n’est pas de subjuguer mais d’éclairer. C’est le rôle d’un Parti de gauche d’éclairer largement le paysage pour que chacun puisse faire son chemin en connaissance de cause. Des outils d’action. Nous ne cajolons pas ceux qui nous écoutent. Notre devoir est de dire à chacun qu’il faut agir pour que la situation change. Le changement ne se fera pas tout seul. Il ne faut pas l’attendre d’un homme ou d’une femme providentiels. Nous sommes tous responsables parce que nous sommes tous impliqués dans le désastre écologique et social qui arrive. Ces outils, donc, nous les proposons en partage à tous ceux qui pensent comme nous qu’un autre futur est possible pour notre pays plutôt que le présent qu’ils subissent et les lendemains qu’ils voient s’avancer. Ceux là auront raison. La résignation voila l’ennemi.. Croyez Machiavel lorsqu’il disait : « la meilleure forteresse des tyrans est l’inertie des peuples ! » Tout cela est en ligne sur le site du parti. Des militants ont passé des heures et des heures pendant et après le congrès pour que cela soit prêt à temps.

Métissage

N’empêche ! Quel chemin parcouru. Je tourne mes repères en boucle : deux mois après le meeting de lancement du parti de gauche, nous voici 4000 « partisans » répartis en près de 300 comités. Nous sommes présents, certes de manière très inégale en nombre, dans quatre vingt-dix départements. Tous les âges, toutes les conditions sociales, sont représentées parmi nous. J’ai dit qu’une grande diversité d’expérience et de cultures de gauche se rencontrent au Parti de gauche. Il ne faut pas croire que ce soit mécaniquement un gage de fonctionnement harmonieux et mutuellement valorisant. Mais à ce que je vois, pour l’instant, tout cela se complète plutôt bien le plus souvent. Je pense que c’est parce que les protagonistes en ont envie. Ils le veulent. Ils ont envie de changer eux-mêmes.

Nous sommes donc en pleine phase de métissage politique. Il en est de ce métissage là comme de tous les autres. Comme vous le savez le métissage est toujours une création. Le métissage améliore ce qu’il transforme. Au plan humain, culturel, idéologique, nous sommes déjà le parti creuset dont nous avions le projet. Par exemple, nous avons engagé la mutation idéologique qui est à notre agenda depuis le premier jour. Notre critique du capitalisme est aussi une critique du productivisme. Je crois que le plus incroyable, et d’abord pour moi-même, c’est que nous ayons engagé le dialogue avec les décroissants….. Ainsi, le forum par lequel nous avons commencé les travaux de notre programme porte ses fruits. La planification écologique est dorénavant la trame de fond de notre programme. En le disant nous ne visons pas une clientèle. Notre projet ce n’est pas de prendre des électeurs ou des adhérents aux verts. Nous élargissons le champ de notre réalisme politique. Nous allons augmenter le nombre et la qualité de ceux qui font de la conscientisation sur le thème et qui en tirent des conclusions théoriques et programmatiques.

Bon ! 4000 donc ! C’est peu ? C’est beaucoup ? Je m’avance peut-être mais je dis que c’est bien. Très bien. Surtout en deux mois. Ainsi le mépris des puissants qui ont ricané sur nos débuts n’aura rien empêché. Notre nombre est un pied de nez ! Ce que je sais c’est que nos réunions ont toutes été très fréquentées. Ce que je sais c’est que ceux qui ont pris la décision de franchir le Rubicon de l’adhésion ne l’ont pas fait pour venir pêcher à la ligne. Ils veulent peser sur les évènements plutôt que de les laisser peser sur eux. En ce sens leur engagement est un acte de dignité personnelle. Et il est une façon d’entrer en liberté. En toutes circonstances entrent en liberté ceux qui choisissent d’agir consciemment plutôt que de subir. Ainsi, pour beaucoup d’entre nous, l’engagement politique est un acte de construction de soi en même temps qu’un projet pour la société.


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