Oradour sur Gaza pour la famille Samouni : trois articles (dont Libé et Le Monde)

lundi 26 janvier 2009.
 

1) Les Samouni, famille brisée par un « crime de guerre »

Ce sont les adolescents qui racontent le mieux ce qui s’est passé les 4 et 5 janvier à Zeitoun, une petite ville proche de Gaza et de la frontière avec Israël. Des filles comme Almaza Samouni, 13 ans, qui a perdu sa mère, Leïla, ses quatre frères, Ismaïl, Isaac, Nassar et Mohammed, et plusieurs cousins et cousines. Ou Kanaan Attia-Samouni, 12 ans, qui a vu un soldat israélien tirer quasiment à bout portant sur son père devant la porte de sa maison, puis sur son petit frère Ahmed, tué d’une balle dans la tête. Les Samouni, une famille d’agriculteurs plutôt aisés, perdront - d’après nos informations - 22 des leurs dans ce que les organisations humanitaires considèrent comme un « crime de guerre délibéré ». Parmi eux, neuf enfants et sept femmes. Sept autres parents plus éloignés, dont trois enfants et deux vieillards, seront aussi tués. Si l’on fait le bilan des victimes, ce sont plus de 70 personnes qui ont trouvé la mort ou ont été blessées. Le bilan fourni hier par Amnesty International, qui enquête à Gaza, est encore plus lourd : 40 tués, dont 33 pour la famille Samouni.

« Les bras levés » La longue avenue Saladin, qui mène au hameau, apparaît déjà comme la prémonition du désastre. Un tsunami semble avoir remonté la rue, détruisant sur plusieurs kilomètres maisons, mosquées, ateliers, usines. La fabrique de jus de fruits Star a brûlé. Même sort pour Palestine Automobiles, le principal garage de voitures d’occasion. Des vergers entiers d’oliviers et de palmiers ont été déracinés. Une petite rue mène ensuite au hameau : deux maisons très abîmées mais debout, quelques autres par terre. La mosquée a rendu l’âme. On ne la reconnaît que parce que le chapeau du minaret trône au milieu des décombres. L’endroit pue la charogne. Des centaines de volailles, mais aussi des vaches, des ânes et chèvres, gisent sur le sol. On piétine l’intimité des maisons : le linge, les vêtements, les tenues nuptiales, les photos de famille, les livres d’enfants, les meubles, tout a été jeté à la rue et mêlé à l’ordure. A l’intérieur de l’une des demeures survivantes, où les soldats s’étaient installés, tout a été souillé. On a percé les murs pour faire des meurtrières, les sacs de sable sont encore dans l’escalier. On a écrit aussi sur les murs, en anglais ou en hébreu : « Arabs need 2 die » (« les Arabes doivent mourir »), « Arabes vous pouvez courir mais pas vous cacher ». Un dessin représente une tombe : « Arabes : 1948-2009. »

Drap blanc C’est le 4 janvier, vers 6 heures du matin, qu’une unité israélienne prend possession du hameau. La famille Attia-Samouni est alors réunie autour du thé. Quand le père, Attia, 45 ans, entend les soldats s’approcher, il sort sur le pas de la porte en criant « S’il vous plaît, ne tirez pas, il y a des enfants. » Il tombe aussitôt foudroyé. « J’ai vu celui qui a tiré. C’était un soldat africain [d’origine éthiopienne, ndlr]. Mon père avait les bras levés », raconte Kanaan. Des « bombes de feu » - sans doute des grenades fumigènes - sont ensuite lancées dans la pièce où s’était installée la famille, en tout 18 personnes. Les explosions referment la porte, fracassée la seconde suivante par des rafales, - on peut voir les impacts sur les murs. Il y a aussi du sang, celui de Ahmed, 4 ans, tué par balle. Sa mère, Zahwa, qui tient un bébé de 10 jours, est aussi touchée mais assez légèrement. « A cause de la fumée, on ne pouvait plus respirer. Le nez des enfants saignait », dit-elle, Puis, les soldats leur ordonnent de sortir et d’aller jusqu’à la route. « Ils criaient : "On va tous vous tuer, allez à la mort." Avant, ils nous ont obligés à enlever nos vêtements. Comme si des enfants pouvaient cacher des armes. » La maison des Attia sera ensuite détruite au bulldozer.

Quand on demande à Almaza, l’orpheline de 13 ans, où est sa maison, elle répond « mais vous marchez dessus ». Un engin a tellement aplati la demeure qu’on ne la distingue plus de l’amoncellement de caillasses et de fange qui s’étend alentour. Almaza, a fait partie du groupe de 90 personnes que les soldats ont rassemblé et poussé vers un entrepôt. Ils y resteront vingt-quatre heures. « Il n’y avait rien à manger, rien à boire, pas de lait pour les bébés. » Alors le lundi 5 janvier, vers 6 h 30 du matin, quelques personnes bravent l’interdiction pour essayer de trouver des provisions. A peine ont-ils ouvert la porte qu’un missile est tiré sur la maison, suivi d’un deuxième une minute plus tard, puis d’un troisième. A l’intérieur, c’est l’horreur. Du sang et de la fumée partout. Derrière un drap blanc, les survivants parviennent à sortir. Parmi eux, Waed Samouni, père de six enfants, blessé à la tête, dont les parents ont été tués. S’il parvient à s’enfuir avec quatre de ses fils, il est obligé d’abandonner sa fille Aza, 3 ans, et Omar, 4 ans, dans l’entrepôt détruit. « Omar est resté deux jours à côté de sa petite sœur morte. Quand on l’a retrouvé, il ne voulait pas partir sans elle. »

« Résistance » Car ce n’est que le 7 janvier que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) parviendra à secourir les blessés, l’armée israélienne empêchant ses ambulances d’accéder à Zeitoun. L’interdiction provoquera la colère de Pierre Wettach, chef de la délégation du CICR, qui, fait exceptionnel, sort de sa réserve : « Les militaires israéliens n’ont pas fait en sorte que le CICR ou le Croissant-Rouge puissent leur venir en aide, ni respecté leur obligation de prendre en charge les blessés, comme le prescrit le droit international humanitaire. » Les survivants enfin évacués, l’entrepôt sera rasé. Avec les cadavres à l’intérieur. Almaza, elle, vient chaque jour errer sur les ruines : « Quand je serai grande, je rejoindrai la résistance. Car on ne m’a rien laissé d’autre pour le reste de ma vie. »

2) A Gaza, des habitants racontent l’acharnement de l’armée israélienne sur des civils Le Monde

Au sud de Zeitoun, faubourg oriental de la ville de Gaza, le quartier habité par le clan Samouni n’est plus qu’un cimetière de ruines. Seules quelques maisons sont encore debout. Vingt et une habitations et une mosquée ont été réduites à l’état de carcasses de béton et de ferraille. Tsahal est passé par là.

Découvrez le Desk, votre écran de contrôle et de suivi de l’information en temps réel. Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts Sur le même sujet Vue de Zeitoun, faubourg oriental de la ville de Gaza. Vidéo Gaza : espionnage et torture Les faits Le Hamas pose ses conditions pour prolonger le cessez-le-feu Cadrage Gaza : Israël prépare sa défense contre des accusations de crimes de guerre Les faits Israël se prépare à aider ses soldats accusés de crime de guerre Les faits Gaza : l’ONU veut réunir des "centaines de millions de dollars" pour répondre à l’urgence Edition abonnés Thématique : Guerre de Gaza : à qui la faute ?

Moussa Samouni, 19 ans, raconte : "Lors de l’offensive terrestre le 4 janvier, les hélicoptères ont déposé les parachutistes sur les toits. Ensuite, ils ont fait sortir tout le monde et nous ont rassemblés dans un bâtiment. Nous étions près de 120 personnes. Nous sommes restés toute la nuit. Il y avait des explosions, des coups de feu. C’était la panique totale. Les enfants pleuraient. Il faisait froid. Nous avons ouvert la porte pour aller chercher du bois. Mon père était dans la rue, mort. Les soldats nous ont ordonné de rentrer. Puis il y a eu un bombardement et ensuite un deuxième et après les obus sont tombés sur le toit. Vingt-deux personnes sont mortes. J’ai perdu mon père, ma mère, mon frère, mon oncle et plusieurs cousins. Il y avait des blessés partout qui perdaient leur sang." Moussa n’a pas été touché. Il a tenté de sortir mais il a été arrêté par les soldats qui lui ont attaché les mains et bandé les yeux. Il s’est retrouvé prisonnier avec son oncle. Cela a duré trois jours.

Trois jours d’interrogatoire. "Les soldats nous ont accusés d’être du Hamas. Ils nous ont tapé dessus. Je leur ai dit : Tuez-moi si vous pensez que je suis du Hamas. Ils ont mis des grenades dans les poches de mon oncle et derrière moi, et menaçaient de les faire exploser. Mon oncle préférait mourir par balles, a-t-il dit. Ils ont voulu nous brûler et ont mis le feu à des couvertures. On va vous faire sauter la tête , disaient-ils." Le 7 janvier au matin, tous deux ont finalement été libérés. Les soldats leur ont intimé l’ordre de ne pas dire un mot et leur ont donné des drapeaux blancs.

Après le désengagement de Tsahal le 20 janvier, les corps des 22 victimes ont été sortis des décombres et enterrés. Jeudi 22 janvier, une grande tente de deuil a été dressée au milieu des ruines pour les condoléances. Sur une toile blanche sont écrits les noms des 22 morts plus ceux de 7 autres victimes avec cette inscription : "Les martyrs du massacre de Gaza de la famille Samouni". La foule se presse dans ce décor d’apocalypse pour rendre hommage aux 29 disparus.

Dans l’une des rares maisons restées debout, les murs sont couverts d’inscriptions tracées à la craie. "La place de l’Arabe est sous terre" ; "Si vous êtes un vrai Givati (unité d’élite), vous devez tuer les Arabes" ; "Jérusalem-Est pour Israël". Des étoiles de David signent d’autres cris de guerre. C’est là que les soldats avaient installé leur campement et leurs postes de tir comme en témoignent les boîtes de cartouches et les sacs de sable sur la terrasse.

"C’ÉTAIT COMME UN JEU POUR LES SOLDATS"

C’est là aussi qu’un autre drame s’est déroulé. Fahed raconte : "Mon père Atiyeh a travaillé en Israël. Il parle hébreu et sait ce qu’il faut faire. Il a laissé la porte ouverte. Ils ont commencé par tirer partout. Lorsqu’ils sont entrés, les soldats nous ont demandé de lever les mains et de sortir. Ils étaient huit ou dix. C’est alors qu’ils ont tiré. Mon père a été tué sur le coup. Il avait trente balles dans le corps ! Il a été tué sous mes yeux. Tout le monde s’est mis a crier et à pleurer. Ils ont tiré à nouveau. Plusieurs autres membres de la famille ont été blessés, surtout des enfants dont mon frère Ahmed, âgé de 4 ans. Il a reçu deux balles dans la poitrine et des éclats dans la tête. Puis ils ont incendié une pièce. On ne voyait plus rien, On étouffait. Au bout de dix minutes, nous avons été autorisés à sortir et à nous diriger vers la route principale. J’avais mon frère dans mes bras. Les Israéliens nous ont craché dessus. Les ambulances ne pouvaient pas approcher. Nous avons trouvé refuge dans une maison. Mon frère Ahmed est mort."

Selon plusieurs autres témoins, cinq autres membres de la famille Samouni ont été tués par balles dont un jeune homme de 17 ans, qui était resté caché dans une maison. Certains blessés se sont vidés de leur sang. Un grand père de 75 ans est mort écrasé par un mur démoli au bulldozer.

Zahwa, la veuve d’Atiyeh, raconte en détail, les larmes aux yeux, le drame qu’elle a vécu. "C’était comme un jeu pour les soldats. Ils riaient", affirme-t-elle. Zeinab, 12 ans, qui a perdu son père, sa mère, deux frères et des cousins. Shiffa, 19 ans a également enterré son père, sa mère, sa tante et son oncle. Almassa, 13 ans, se souvient comment un soldat a tiré sur Messaouda qui avait son bébé de 6 mois dans les bras, et qui est mort. Tous ont perdu plusieurs proches.

"Pourquoi, pourquoi ?", répète Nabayia. "Il n’y avait pas de résistance, pas de combattants, pas d’armes. Quel est notre crime ? Quelle faute avons nous commise ? Que le monde entier réponde à cette question. Il ne peut plus y avoir de paix avec Israël. Mon prochain fils, je vais l’éduquer pour être un moudjahid, pour qu’il venge tous ces enfants, tous ces morts."

Interrogée, la porte-parole de l’armée, Avital Leibovitch, a assuré jeudi qu’"une enquête est en cours. Mais je veux que vous sachiez que la brigade Givati n’est pas entraînée pour tuer des femmes et des enfants et que des tirs des mortiers sont partis de Zeitoun." Le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (Ocha) avait recensé, le 8 janvier, Zeitoun parmi les "plus graves incidents" de l’offensive israélienne.

Les Samouni sont des agriculteurs. Les champs alentour ont été ravagés par les chars. Au moins 300 personnes sont aujourd’hui sans abri. "Comment voulez-vous que l’on aime les Israéliens ?, crie Mouna. Ils tuent par plaisir et personne ne dit jamais rien. Notre sang ne vaut rien. C’est le plus grand massacre commis dans la bande de Gaza. Combien de temps encore allons nous être terrorisés et massacrés ?"

Michel Bôle-Richard

3) Gaza : le massacre de Zeitoun, Par Tom Eley

Source

Dans les annales des crimes de guerre, le nom de « Zeitoun » prendra place aux côtés de noms comme « My Lai », « Fallouja », « Sabra et Chatila », « Guernica », « Nankin », « Lidice » et « Wounded Knee ».

Ces deux derniers jours, le massacre qui s’est déroulé à Zeitoun, un quartier au Sud de Gaza City, a commencé à sortir de l’ombre. Des groupes d’aide humanitaire, dont la Croix-Rouge, ont utilisé depuis mercredi les pauses de trois heures dans les bombardements israéliens pour tenter tant bien que mal d’évacuer les blessés, il semble que certains d’entre eux y soient encore. La plupart des morts ont été abandonnés sur place.

Ce qui est particulièrement abominable dans le massacre de Zeitoun — dont les détails continuent à faire surface — c’est le comportement sadique des Forces de défense israéliennes (FDI). C’est une exécution en masse qui s’est poursuivie plusieurs jours durant.

Les FDI ont trompé les résidents, leur promettant qu’ils seraient saufs s’ils se rassemblaient en grand nombre dans des bâtiments précis, puis ils les ont bombardés. Durant quatre jours, les Israéliens ont ensuite laissé les malades et les mourants — tous des civils, dont une majorité de jeunes enfants — sans assistance médicale, sans eau ni nourriture, alors qu’ils jouissaient d’un contrôle total sur cette zone. De plus, ils ont repoussé les demandes répétées des travailleurs humanitaires d’accéder au quartier.

Le nombre de morts à Zeitoun n’est pas connu avec certitude. Pour le moment, il semble qu’il se situe entre 70 et 85. Mais ce nombre pourrait augmenter significativement, les blessés laissés sans assistance continuant à mourir, et les travailleurs humanitaires découvrant les corps des victimes dans les bâtiments bombardés.

Israël a bombardé Zeitoun le dimanche, en prenant rapidement le contrôle. La cité occupe une position stratégique au Sud de la ville de Gaza, qui pourrait être utilisée par les FDI pour lancer une attaque sur la ville de Gaza proprement dite.

Selon des survivants, après avoir envahi la ville, les FDI ont poussé les familles nombreuses à se regrouper dans des bâtiments situés au centre de la ville, les faisant avancer sous la menace des armes d’un bâtiment à l’autre. Les FDI ont déclaré aux résidents de Zeitoun qu’ils les emmenaient dans des bâtiments qui n’allaient pas être bombardés.

Mais dans un cas au moins, il a été révélé que les FDI ont enfermé 110 Palestiniens dans un bâtiment qui a été bombardé moins de 24 heures plus tard, tuant peut-être 70 personnes, tous civils. Les travailleurs humanitaires n’ont découvert les corps qu’après avoir été tenus durant quatre jours à l’écart de ce quartier de Zeitoun.

Ceux qui étaient dans le bâtiment, qui a été décrit comme un « entrepôt » par un survivant, ont été abandonnés à l’intérieur sans eau ni nourriture. Au bout d’une journée, trois hommes ont tenté de s’aventurer à l’extérieur pour trouver de la nourriture. Ils ont immédiatement été touchés par un tir de barrage des FDI. À ce moment, un missile a frappé le toit de l’entrepôt.

Meysa Samouni, 19 ans, a survécu à l’attaque avec sa petite sœur de deux ans, qui a été blessée, elle a décrit la scène : « Lorsque le missile est tombé, je me suis plaquée au sol avec ma sœur en dessous de moi. Tout s’est rempli de fumée et de poussière, et j’ai entendu des cris et des pleurs. Une fois que la fumée et la poussière sont un peu retombées, j’ai regardé autour de moi et j’ai vu 20 à 30 personnes qui étaient mortes, et environ 20 qui étaient blessées.

« Les personnes qui ont été tuées autour de moi étaient mon mari, qui a été touché dans le dos, mon beau-frère qui a été touché à la tête et dont le cerveau était sur le sol, ma belle-mère Rabab, le frère de mon beau-père Talal, et sa femme Rhama Muhammad a-Samouni, 45 ans, la femme du fils de Talal, Maha Muhammad a-Samouni, 19 ans, et son fils, Mohammed Hamli a-Samouni, cinq mois, dont tout le cerveau était sorti du corps, Razqa Mohammed a-Samouni, 50 ans, Hanan Khamis a-Samouni, 30 ans, et Hamdi Majid a-Samouni, 22 ans. »

Un médecin de la Croix-Rouge qui a visité Zeitoun a décrit une scène horrible au Telegraph. « Dans la maison Samouni, j’ai vu environ 10 corps et à l’extérieur 60 autres. Je n’étais pas capable de les compter précisément parce que nous n’avions pas beaucoup de temps et que nous cherchions les blessés… J’ai pu voir un bulldozer de l’armée israélienne abattre des maisons à proximité, mais nous manquions de temps et les soldats israéliens ont commencé à nous tirer dessus. »

« Nous avons dû abandonner environ huit blessés derrière nous parce que nous ne pouvions pas les atteindre et qu’il n’était plus sûr pour nous de rester. »

Dans un autre bâtiment de Zeitoun, les Israéliens ont rassemblé 80 personnes. Des survivants racontent que des soldats israéliens ont abattu des gens de sang-froid lorsqu’ils ont tenté de s’enfuir. D’après un autre survivant, un homme, Atiyeh Samouni, a été abattu par les Israéliens après avoir ouvert sa porte pour les accueillir. Puis son fils de deux ans a été abattu aussi.

Toujours d’après les survivants, la plupart des hommes de Zeitoun ont été arrêtés, cagoulés, et emmenés ailleurs. Certains ont été utilisés comme boucliers humains.

La déclaration publique du Bureau des Nations unies pour la Coordination des affaires humanitaires concernant ce bombardement s’appuyait sur les récits des survivants, il venait confirmer un reportage de l’agence Associated Press et des témoignages réunis par un groupe israélien de défense des droits de l’Homme.

C’est dans le même quartier que la veille la Croix-Rouge avait trouvé quatre enfants presque morts près des corps de leurs mères. La Croix-Rouge a découvert les corps de 15 autres personnes dans un bâtiment bombardé, qui ont probablement eu des morts lentes et très douloureuses dues à l’absence d’assistance médicale. Des soldats israéliens étaient stationnés à moins de 90 mètres de cette famille.

Les agences humanitaires ont appris le massacre de Zeitoun lorsque des survivants du clan Samouni sont arrivés à la ville de Gaza au début de la semaine. Selon le Telegraph, « Une poignée de survivants, certains blessés, d’autres portant des enfants morts ou mourants, ont rejoint à pied la principale route nord-sud de Gaza avant d’être emmenés à l’hôpital sur des brancards. Trois jeunes enfants ont été enterrés dans la ville de Gaza ce soir-là. »

Mais Israël a refusé à la Croix-Rouge la permission de se rendre dans le quartier jusqu’à mercredi.

Une centaine d’autres personnes qui avaient besoin d’un traitement médical ont été évacuées de Zeitoun, non en raison de blessures, mais à cause de la déshydratation et de la famine. La ville est restée sans eau ni nourriture depuis qu’Israël l’a occupée dimanche.

À Genève, le Haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme, Navi Pillay, a condamné les atrocités commises à Gaza. Israël affirme que toutes ses actions sont justifiées par les tirs de roquettes dérisoires des Palestiniens. Mais Pillay a déclaré que cela ne dispensait pas Israël de se conformer aux lois internationales. Dans un entretien accordé à la BBC, Pillay a déclaré que les actions d’Israël semblaient réunir « tous les éléments des crimes de guerre ».

L’ONU et le Programme mondial contre la faim ont interrompu leurs apports d’aide alimentaire à Gaza en raison des attaques commises régulièrement par les FDI contre des organisations humanitaires. Depuis mercredi, Israël affirme avoir observé un cessez-le-feu de trois heures par jour pour permettre aux travailleurs humanitaires de se rendre dans les zones sous contrôle des FDI. Cependant, en plusieurs occasions, les FDI ont tiré sur les travailleurs humanitaires durant la prétendue pause de trois heures.

Selon la convention de Genève, une armée qui envahit un pays est responsable de la prise en charge des malades, des blessés et de l’approvisionnement en nourriture dans les territoires qu’elle contrôle. Israël enfreint manifestement ces conventions, bloquant complètement la livraison de nourriture et de médicaments, tirant sur les ambulances et les empêchant de parvenir jusqu’aux blessés, et laissant mourir les malades et les blessés sous son contrôle.

Certains éléments indiquent que Zeitoun a été spécifiquement désignée par les FDI pour faire un exemple. Le Telegraph mentionne que c’était un lieu connu pour l’activité du Hamas.

Le massacre de Zeitoun est un crime de guerre abominable dont les FDI et le gouvernement israélien portent la responsabilité. Mais le déchaînement de violence des FDI ne serait pas possible sans le soutien plein et entier des États-Unis et la complicité des Nations unies, des puissances européennes et des régimes arabes du Moyen-orient.

Si Israël entre dans la ville de Gaza, qui abrite plus de 400 000 habitants, les méthodes employées à Zeitoun seront réemployées à une échelle bien plus grande.

(Article original anglais publié le 9 janvier)


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