PS "Rénover maintenant dans la fidélité" argumente "Ségolène Royal anti-laïque ?"

jeudi 31 août 2006.
 

La laïcité, ce n’est assurément pas le cheval de bataille de cette candidate ! Les déclarations de Ségolène Royal sur ce thème sont aussi rares qu’ambigües. On connait toutefois sa définition de la laïcité, pour le moins restrictive : "La vraie notion de la laïcité, ce n’est pas le refus des religions, mais le respect de toutes les religions et de ceux qui les pratiquent " dit-elle dans Le Parisien (23 février 2006).

Pour Ségolène Royal, la polémique sur le voile, c’est beaucoup de bruits pour rien ! D’ailleurs en pleine polémique sur le voile à l’école, la candidate préfère faire diversion avec le string.

Elle se lance alors dans une campagne anti-string au pire moment, à tel point qu’on ne peut s’empecher, à tort ou à raison, d’opposer l’un à l’autre. Aurait-on affaire à une sorte de donnant-donnant à l’adresse des religieux ? Le string, répète S. Royal, est une "atteinte à la dignité de la femme". Et le voile, c’est quoi ? C’est que Mme Royal a un sens des priorités qui lui est très personnel.

Le voile : les dessins animés japonais, "je pense que c’est beaucoup plus grave"

En 89 déjà, elle jugeait cette affaire insignifiante. Ségolène a d’autres bêtes noires bien plus sérieuses : les mangas et les dessins animés dits "violents" par exemple. Goldorak serait-il une menace "bien plus sérieuse" pour la démocratie qu’un Tariq Ramadan ?

"Qu’est-ce qui est le plus inquiétant pour les valeurs françaises ou européennes ? Trois filles qui portent un foulard et qui finissent par l’enlever ou bien le fait que tous les jours des millions d’enfants voient pendant trois heures d’affilée des dessins animés japonais où on s’entretue. [...] Moi je pense que c’est beaucoup plus grave, ce qui se passe à la télévision, et tout le monde s’en fiche ".

Tout le monde en effet ne peut suivre Ségolène dans ses excès...

Une mixité remise en question

L’ordre moral prôné par Ségolène Royal (elle préfère utiliser le terme du pape Benoit XVI : l’"ordre juste") ressemble par bien des aspects à celui prôné par les intégristes. Aussi, arrive-t-il que ses points de vue rencontrent ceux de ces religieux. Il en est ainsi de la question de la mixité.

Ségolène Royal défend les horaires d’accès réservé aux femmes dans les piscines municipales, demandés par les associations islamistes :

"Dans certains cas, si les municipalités le font, c’est peut être que ça correspond à une demande. Les femmes enceintes ou les filles qui se font embêter à la piscine par les garçons, ça mérite d’être regardé." (interview sur RTL, citée par D. Bernard).

A l’école, elle suggère de "réfléchir à des aménagements d’espaces non mixtes, des moments d’accalmie. Lors des cours d’éducation sexuelle par exemple, c’est indispensable. En éducation physique, à la piscine, pourquoi pas. Et même à la cantine qui est un moment fort de déclenchement de violence : on s’y bouscule beaucoup" (Le Parisien, 8 septembre 2003).

"Ca mérite d’être regardé", "pourquoi pas", "réfléchir"... Le problème, c’est que sur ce thème, Ségolène ne tranche jamais totalement. Celà permet bien sûr d’envisager un revirement positif (comme sur les questions en rapports avec les droits homos par exemple qu’elle a fini par accepter du bout des lèvres et poussé par son parti). Mais ce flou prouve surtout la faiblesse de son ancrage dans la laïcité.

Ses positions que l’on peut qualifier de presque "anti-laïques" semblent davantage le fait d’un féminisme qui fait "fausse route" (pour reprendre le titre de Badinter) que le fruit d’une éducation religieuse stricte. Avec Royal, la femme reste enfermée dans ses spécificités biologiques, éternelle victime. C’est ainsi que nombre de féministes rejoignent les islamistes... par d’autres chemins. C’est pour protéger la femme par exemple que des féministes suédoises demandent des wagons qui leur seraient réservées dans le métro de Stockholm, à l’image de celui de Téhéran. C’est toujours au nom de la protection de la femme qu’on l’enferme, dans un wagon ou sous un voile !

Silence radio sur l’affaire des caricatures

Comme sur nombre de sujets polémiques, Ségolène Royal préfère ne pas s’exprimer. C’est ainsi que durant la crise internationale qui a suivi les caricatures du prophète, elle n’aura pas dit un seul mot.

Les seuls propos rapportés sur le sujet émane du Monde. Le quotidien retrace une conversation entre la présidente de la région Poitou-Charentes et un de ses amis : " N’aie pas peur, Jean-Pierre ! Je ne laisserai pas insulter Dieu !" Ségolène Royal, qui se dit "croyante", trouve en effet inadmissible qu’on insulte l’image sacrée du Prophète musulman", renchérit la journaliste, témoin des propos (voir article). Pour Royal, plutôt renoncer à l’esprit critique que d’encourager l’« islamophobie », concept malheureux qui confond critique de la religion et attaque contre les croyants. Cette façon, face aux démocrates, de donner raison aux théocrates est assez inquiétante pour une candidate possible à l’Elysée...

Toutefois, Ségolène Royal, appartient encore au Parti Socialiste. Sur cette question peut être, comme sur d’autres, elle devra revoir sa copie. Pour le PS, l’idéal laïque n’a pas pris une ride et reste "consubstantiel à la philosophie moderne de l’État".

YB


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