Le Projet d’émancipation de la République sociale ( Manifeste PRS 5)

dimanche 27 août 2006.
 

Ce projet s’enracine dans l’histoire de la République laïque, du mouvement ouvrier et du socialisme au pays de la Grande Révolution de 1789-1793. Il vise le dépassement du nouvel âge du capitalisme grâce à l’appropriation par le peuple des moyens politiques et économiques permettant son émancipation. Il construit pour cela la République sociale, au sens de la formule de Jaurès : « le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale ».

L’émancipation est le processus par lequel l’homme s’affranchit de ses servitudes. C’est celui par lequel l’esclave devient homme libre. C’est le chemin que construit chacun pour réaliser pleinement ses possibilités. C’est aussi l’horizon qui donne un sens et une direction d’ensemble aux efforts de tous pour rendre le monde meilleur, pour aller vers un développement plus humain. Le projet d’émancipation s’appuie sur des siècles de progrès humain. Il n’est sûrement pas dépassé. A notre tour, nous voulons le faire vivre.

C’est un projet de transformation sociale et politique. Il vise un nouveau partage des richesses et l’adoption d’un vrai modèle de développement durable et de production maîtrisée garantissant l’accès aux droits et la préservation des biens communs de l’Humanité. C’est un projet républicain, qui garantit la primauté partout de la souveraineté populaire une et indivisible, de la loi, de l’égalité laïque et du développement humain.

1 L’émancipation est l’affaire de tous et de chacun L’émancipation est un processus à la fois individuel et collectif.

Elle est toujours individuelle dans le sens où chaque homme est le sujet et l’acteur de sa propre émancipation. L’histoire montre que l’émancipation ne peut être ni concédée ni imposée. C’est ce que nous enseigne l’exemple de la colonisation ou, sur un plan très différent, les échecs rencontrés par bien des expériences révolutionnaires.

L’émancipation est d’abord une conquête sur soi-même car elle implique le dépassement de l’étroitesse des intérêts sociaux et des préjugés dans lesquels baigne chaque homme. L’émancipation n’est pas le fruit d’une nécessité aveugle : elle doit être voulue consciemment. C’est pourquoi l’émancipation ne peut être que l’œuvre de citoyens éduqués et motivés. Les militants de l’émancipation accordent donc une place centrale à l’éducation, à la liberté de conscience, et aujourd’hui à la bataille culturelle contre l’enfermement idéologique dans lequel nous conduit le nouvel âge du capitalisme.

En même temps, l’émancipation est nécessairement collective. Aucun être ne peut être libre si les conditions sociales et politiques n’en sont pas réunies. La citoyenneté implique une puissante machinerie sociale émancipant l’homme de la soumission aux aléas quotidiens qui dominent l’état de nature. Elle exige une construction politique collective sans laquelle il n’y a pas de formation de l’intérêt général. C’est pourquoi le mouvement ouvrier s’est montré le meilleur continuateur des Lumières lors des deux siècles derniers.

La République sociale est à la fois un objectif et un processus : s’appuyant sur la société motivée, elle rend aux peuples les moyens de leur souveraineté, par la démocratie politique jusqu’au bout et l’appropriation collective des biens communs de l’Humanité, pour un autre mode de développement, soucieux des populations et de la planète.

2 L’émancipation est nécessairement globale

Le philosophe républicain Henri Pena-Ruiz distingue six registres de l’émancipation : l’émancipation juridique, politique, intellectuelle, éthique, culturelle et sociale. Mais l’émancipation elle-même est un processus global. « Les luttes pour la justice et la liberté privilégient tour à tour un des registres de l’émancipation, avec pour horizon une émancipation totale, concernant l’homme comme tel, compris dans tous ses domaines d’épanouissement. C’est dire qu’un registre isolé d’émancipation reste fragile, voire sujet à retournement, dès lors que demeurent des facteurs dans les autres registres. »

Ainsi, l’émancipation juridique toute seule ne suffit pas : l’Etat de droit est insuffisant sans les conditions sociales qui lui donnent corps. De même, l’émancipation sociale est insuffisante sans l’émancipation intellectuelle qui libère de la soumission à l’idéologie dominante. Le projet émancipateur doit donc articuler dans une même dynamique toutes les dimensions de l’émancipation sans en négliger aucune. L’émancipation est donc un projet politique extrêmement exigeant. Elle exige en effet la souveraineté populaire, l’égalité, la liberté, la laïcité, la diffusion des lumières publiques, la vertu républicaine. Le projet émancipateur met à l’ordre du jour la République sociale à chaque endroit où la société est en crise et arrive à son point de rupture.


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