34ème Congrès du PCF : Premiers bilans

vendredi 12 décembre 2008.
 

1) Orthodoxes, identitaires... : Buffet face aux chapelles du PCF Article de Rue 89

Aux nostalgiques ou aux partisans d’une "métamorphose" du parti, les 873 délégués communistes réunis en congrès du 11 au 14 décembre ont donc préféré le "changement dans la continuité" proposé par Marie-George Buffet. Cette dernière devra composer avec les divers courants du parti, et réussir à remobiliser les militants.

Cliquez ici pour voir le diaporama de Michel Soudais en plein écran 68,7% ont adopté sa plate-forme commune qui affirme que le communisme doit rester une "référence fondamentale" du PCF mais dans une "conception neuve". "La voie des transformations du PCF nous apparaît plus féconde que celle de la recherche de la constitution d’un autre parti aux contours incertains" souligne le texte qui prévoit le lancement d’un énième "chantier de transformations novatrices du PCF" et promet à nouveau la création d’une commission nationale pour "impulser un travail de réflexion" sur ces « "transformations".

Un dauphin : le directeur de L’Humanité, Pierre Laurent

Et, c’est à peu près dans la même proportion, 67,7%, que les délégués ont reconduit pour la troisième fois leur première secrétaire à la tête du parti. Du moins de façon provisoire car celle-ci a promis de partir avant la fin de son mandat de trois ans.

Les sceptiques diront qu’elle avait déjà déclaré ne pas vouloir se représenter en 2008, après son score calamiteux de 1,93% à l’élection présidentielle de 2007. Elle explique ce nouveau tour de piste par un souci d’assurer la relève.

Pendant cette période, elle dirigera le parti avec une équipe rajeunie d’une demi-douzaine de personnes, animée par Pierre Laurent, 51 ans. Directeur de l’Humanité où il est entré en 1985 comme journaliste économique, il est le fils de Paul Laurent, dirigeant communiste des années 70, proche de Georges Marchais, et frère de Michel Laurent, membre de la direction sortante.

"On vous avait promis un congrès à feu et à sang, un congrès des fractures ou une oraison funèbre pour notre parti. Vous, les communistes, vous avez préféré l’échange et le débat pour changer le monde", s’est exclamée, visiblement soulagée, la secrétaire nationale fraîchement réélue.

Certes, le climat était plus à l’écoute qu’aux règlements de compte. Mais la forme ne saurait cacher le fond et ce congrès à mis en évidence les difficultés auxquelles le PCF et Marie-George Buffet doivent faire face.

Des militants démobilisés

Bien que confortablement élue, Marie-Georges Buffet n’atteint pas le score de 91% qu’elle avait obtenu au congrès de 2006. Il ne lui a certainement pas échappé qu’un très grand nombre de militants ont boudé la phase préparatoire au congrès et à peine 50,3% ont participé, fin octobre, au vote du texte d’orientation qu’elle présentait et qui a servi de base à la plate-forme commune.

Un désintérêt qui va l’obliger à repartir à la conquête de ses militants en même temps qu’elle devra redonner le goût aux électeurs de revoter PCF.

De même qu’il lui faudra prendre en compte les sensibilités minoritaires qu’elle a obligé à se compter en refusant de les prendre sur sa liste de candidats au conseil national :

Les "orthodoxes", qui s’agrippent à leur identité communiste et ont pour chef de file l’historien Nicolas Marchand. Les "identitaires", proches des premiers avec un zeste de souverainisme, conduits par André Gérin, maire de Vénissieux et député du Rhône.

Fin octobre, Nicolas Marchand avait soutenu la plate-forme commune présentée par Marie-George Buffet. André Gérin avait lui présenté un texte alternatif "Faire vivre et renforcer le PCF" qui avait recueilli 24,03% des voix des militants. Samedi dernier les "orthodoxes" n’ont rassemblés que 5,6% des suffrages sur leur liste, et, les identitaires 10,2%.

La surprise est venue des "transformateurs", partisans d’une "métamorphose" du parti et dont la liste a fait 16,4%.

Ces "transformateurs" rassemblent :

Les Communistes unitaires, représentés par Pierre Zarka, partisans d’une ouverture avec la gauche radicale et qui ont annoncé samedi leur ralliement à la Fédération pour une alternative sociale écologique créée avec les Alternatifs et des écologistes. Une attitude qui pourrait entrainer des sanctions de la part de la direction du PCF Les communistes partisans de l’ouverture du PCF à d’autres forces, mais plus proches de la démarche de Die Linke en Allemagne et de Jean-Luc Mélenchon et son Parti de gauche, en France "que de la démarche des Communistes unitaires" précise la secrétaire départementale des Hautes-Pyrénées, Marie-Pierre Vieu.

Un front commun des "nonistes" aux européennes ?

Même les européennes ne seront pas une sinécure pour Marie-George Buffet. La proposition de Front qu’elle a lancé ne fait pas l’unanimité au sein du parti. La fédération du Nord, par exemple, y est hostile. Et comme la plate-forme adoptée au congrès précise que les militants "voteront" sur les listes proposées aux élections européennes, les mois qui viennent risquent d’être joyeux au PCF.

Sans compter que, pour le moment, seul Parti de gauche a répondu favorablement à cette proposition de Front électoral. A la LCR, Alain Krivine, invité au congrès du PCF, ne cache pas qu’il est hostile à "tout accord non programmatique, sans lendemain", et encore plus avec des "alliés de la social-démocratie", autrement dit du PS.

En fait la LCR/NPA lorgne plus du côté de la future Fédération pour mener la bataille des européennes. Cette Fédération dont les Communistes unitaires sont justement partie prenante !

► Rectifié le 17/12 à 17h45. Score des motions présentées. Merci à Jérôme Metellus, responsable de La Riposte qui nous a signalé l’erreur par mail.

de Christiane Chombeau


2) Le PCF débat en congrès de son devenir (par Christian Picquet, courant UNIR LCR)

C’est ce jeudi 11 décembre qu’a débuté le 34° Congrès du Parti communiste français, à La Défense. Un congrès qui intervient à un moment charnière de la vie d’une gauche menacée de désintégration sous l’effet concomitant de la mutation libérale-démocrate du Parti socialiste et de l’inexistence d’une offre de transformation véritable de la société. Un congrès dont l’enjeu n’est autre que le devenir même du parti, sa stratégie et son projet, sa place dans les réorganisations qui s’esquissent de l’espace politique hexagonal. Un congrès dont les débats concernent, pour cette raison, toutes les forces qui, à gauche, n’ont pas renoncé à conduire une opposition frontale au sarkozysme et à défendre des propositions de rupture avec un capitalisme en crise durable. Mais un congrès qui s’ouvre aussi sous tension, dont l’issue paraît des plus incertaines à l’heure où ces lignes sont écrites, qui se révèle en proie à des affrontements pouvant aller jusqu’à la présentation de listes alternatives pour la composition de la future direction. Signe d’une grande instabilité et d’un malaise sourd, à peine plus de la moitié des adhérents ont pris part au vote sur les documents déposés, 24% se retrouvant sur le texte des « orthodoxes » (André Gérin, Henri Alleg…),15% se prononçant pour une autre orientation oppositionnelle (émanant d’un petit courant trotskyste jadis influent en Grande-Bretagne), et 61% allant à la « base commune » proposée par la grande majorité de la direction sortante. Des sensibilités comme les Communistes unitaires ou les amis de Jean-Claude Gayssot avaient appelé à l’abstention ou au vote nul.

C’est donc le projet de « base commune », défendu entre autres par Marie-George Buffet, qui fera, durant les quatre jours du congrès, l’objet des débats et amendements. C’est de ce texte que je partirai donc, pour engager la discussion sur quelques problèmes de fond avec nos camarades communistes. Pour remarquer, en tout premier lieu, que les orientations proposées demeurent au milieu du gué. Quel combat pour une authentique alternative et une perspective de pouvoir crédible, à même de ne pas retomber dans les affres des alternances conduites, dans le passé, sous l’égide du Parti socialiste ? Quelles alliances nouer pour tenir compte, à la fois, des impasses catastrophiques sur lesquelles ont débouché les politiques d’Union de la gauche ou de Gauche plurielle, comme des promesses inabouties du rassemblement antilibéral initié avec la campagne du « non » de gauche au traité constitutionnel européen ? De quel projet se doter, afin que le monde du travail, et plus généralement le peuple de gauche, disposent enfin d’une force, d’une représentation politique à la hauteur de leurs attentes et des batailles difficiles qu’il leur faut mener face aux assauts incessants du sarkozysme ? Toutes ces questions sont bien abordées par le projet majoritaire, sans toutefois recevoir de réponses satisfaisantes.

Vieilles recettes ou nouvelle voie ?

Ainsi, quoique ne fût pas reprise la proposition de « gauche durable » - que Marie-George Buffet, François Hollande et Cécile Duflot avaient cru bon de porter sur les fonts baptismaux à l’occasion de la dernière fête de l’Humanité -, le projet de « base commune » ne s’en fixe-t-il pas moins l’objectif d’« une majorité, un gouvernement, une présidence de la République qui impulseraient une politique de gauche porteuse de grandes réformes transformatrices ». Une démarche que Jean-François Gau précisait en ces termes lors du conseil national du 19 novembre : « Il nous faut continuer à proposer au Parti socialiste, aux Verts, à toutes les forces de gauche de résister ensemble et de se mettre enfin au travail pour élaborer un projet alternatif. » Mais comment se contenter de cette réaffirmation formelle, alors que le centre de gravité de la rue de Solferino ne cesse de s’éloigner des valeurs élémentaires de la gauche pour adopter la posture d’une une simple variante du centre gauche ? Comment ignorer que les principaux courants de la direction socialiste, à l’exception de celui d’Henri Emmanuelli ou Benoît Hamon, lorgnent vers le centre pour retrouver le chemin du pouvoir, ne pariant manifestement plus guère sur les vertus de l’alliance avec leurs partenaires traditionnels de gauche.

La « base commune » n’esquive d’ailleurs pas totalement la difficulté. « La gauche vit une véritable crise d’alternative », y est-il noté. À ceci près que ses rédacteurs se gardent bien d’admettre que l’évolution à droite de l’ensemble de la social-démocratie européenne s’avère irréversible, aucune réorientation n’étant réellement imaginable, à moins que ne surviennent des fractures majeures en son sein. S’il en fallait une preuve, Martine Aubry l’aura fournie, lors du dernier conseil national socialiste, le 6 décembre, lorsqu’elle éclaira singulièrement « l’ancrage à gauche » revendiqué par sa majorité de direction, en réaffirmant avec vigueur son arrimage au Parti socialiste européen. Lequel PSE se montre parfaitement incapable de s’extraire d’une construction européenne dont la tourmente financière révèle l’impasse, nombre de ses composantes gouvernant même avec la droite (comme en Allemagne ou en Autriche), lorsqu’elles ne tendent pas à remplacer cette dernière par la politique de dévastation sociale mise en œuvre (à l’instar du Labour Party de Tony Blair et Gordon Brown).

Les formules utilisées, dans le document majoritaire, pour caractériser les évolutions à gauche ne permettent pas, en conséquence, de définir une orientation efficiente. « Une conversion du PS, des Verts, du PRG au social-libéralisme, ouvertement revendiquée en leur sein, l’alliance avec le centre, seraient des impasses, lit-on, par exemple. Ils décrédibiliseraient encore la perspective de changement, boucheraient la voie au rassemblement des forces de gauche (pour le Parti communiste la participation à des majorités ou des gouvernements est impossible si cela ne permet pas des améliorations réelles dans la vie de notre peuple), et rendraient hautement improbables la victoire sur une droite mobilisée et rassemblée. » La prudence des termes employés, comme l’utilisation du conditionnel, reviennent de facto à faire l’impasse sur les pas d’ores et déjà accomplis dans la direction de la « conversion » du PS et de ses alliés à un libéralisme tempéré : les abstentions à répétition des parlementaires socialistes sur de grands projets gouvernementaux, à l’instar du plan de sauvetage des banques ; le rapprochement des radicaux de gauche avec l’Élysée, tel qu’il s’est notamment traduit dans le vote d’approbation de la dernière révision constitutionnelle, pourtant destinée à accentuer le présidentialisme sarkozyen ; la coalition de centre droit que Daniel Cohn-Bendit s’apprête à conduire aux européennes, aux côtés de personnalités issues du Modem (Eva Joly) ou de l’écologie de droite (Antoine Waechter ou les proches de Nicolas Hulot)…

La « base commune » relève, à juste titre, que « nombreux sont celles et ceux, y compris dans l’électorat socialiste, que les débats et les évolutions du PS désarçonnent, qui souhaitent un projet combatif et audacieux. Voilà pourquoi nous parions sur leur intervention, la relance d’un débat de projet mieux ancré dans les enjeux contemporains, la confrontation d’idées, la ténacité dans la volonté de rassemblement de toutes celles et ceux qui souhaitent amorcer de nouvelles dynamiques, refaire émerger du neuf à gauche ». C’est si vrai que tous les sondages démontrent, comme lors du débat référendaire de 2005, qu’une majorité d’électeurs de gauche, à commencer par les sympathisants du PS, aspirent à une politique tournée vers la satisfaction des besoins du plus grand nombre en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, de protection sociale ou de services publics. Sauf qu’il est deux manières de s’appuyer sur ce potentiel. L’une consiste, ainsi que cela a été fait sans discontinuer depuis une quarantaine d’années, à faire pression sur le Parti socialiste pour tenter d’infléchir à gauche son cours politique. Elle ne débouche sur rien, sinon sur de nouveaux désastres et la satellisation, probablement définitive, du Parti communiste comme de la fraction concernée de la gauche de transformation, par le social-libéralisme. L’autre vise à changer de fond en comble la donne, à conquérir une majorité à gauche sur une ligne de rupture avec le capitalisme libéral, dans l’objectif de créer les conditions d’un gouvernement et d’une majorité qui se placeraient, cette fois, au service des travailleurs, de la jeunesse, du peuple. Telle était l’option des collectifs antilibéraux de 2006, dans leur fameux texte « Ambition-Stratégie », avant que la rencontre de Saint-Ouen et le refus de la direction du PCF d’envisager une autre candidature à la présidentielle que celle de sa secrétaire nationale, ne viennent sanctionner l’échec. Un échec dont les communistes, autant que l’ensemble des composantes qui s’étaient engagées dans le processus, acquittent aujourd’hui eux-mêmes le très lourd tribut. L’acquis de la tentative unitaire de 2005-2006 reste, à notre sens du moins, l’unique voie susceptible d’amener à la reconstruction d’une gauche de gauche dans l’avenir, de proposer au mouvement social un répondant politique mobilisateur, de réveiller l’espoir du changement social. Et les tournures emberlificotées du document d’orientation du 34° Congrès ne peuvent que retarder cette clarification indispensable, au risque, il nous faut le souligner ici, de la possible dilapidation de ce qu’incarne encore, en dépit de sa crise et de son déclin, la tradition communiste.

Faire force commune

Naturellement, cette discussion en introduit une autre, à propos de l’avenir du parti. Il faut « une force porteuse d’avenir, identifiée à un projet d’émancipation du XXI° siècle, unie sur un projet », affirme le texte directionnel. Il n’en conclut pas moins, curieusement, que si ladite force n’est pas actuellement le PCF - « son affaiblissement des trente dernières années montre combien il lui faut se renouveler » -, il se doit de postuler à le devenir : « Nous faisons donc aujourd’hui un choix : engager de profondes transformations de notre parti pour devenir cette force. La voie de la transformation du PCF nous apparaît plus féconde que celle de la recherche de la constitution d’un autre parti aux contours incertains. »

Parlons sans faux-fuyants. Cette déclaration d’intention nous semble relever de la plus totale illusion. Des défaites enregistrées tout au long du siècle passé, de la faillite des modèles ayant longtemps influencé le mouvement ouvrier - qu’il s’agisse du projet keynésien de la social-démocratie ou de celui qui se référait aux régimes bureaucratiques de l’Est européen -, de l’impuissance rencontrée par les diverses tentatives de renouvellement de la pensée révolutionnaire, nul ne peut prétendre, dorénavant, s’émanciper pour son propre compte. Face à l’offensive planétaire d’une contre-révolution libérale, une nouvelle ligne de clivage a surgi à gauche : celle qui oppose tenants de l’accompagnement du nouvel ordre capitaliste, et partisans d’une rupture déterminée avec lui. Les reconstructions de demain appelleront, dans ce contexte, une synthèse audacieuse du meilleur des traditions ayant structuré la gauche. La définition d’un programme novateur pour le siècle à venir nécessitera l’expertise de secteurs militants du mouvement social, qui pâtissent si durement de l’absence d’un débouché politique à la mesure de leurs engagements quotidiens.

C’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons, pour notre part, dans les tentatives de construction de nouveaux partis, larges et pluralistes, tels que Die Linke en Allemagne, Synaspismos-Syriza en Grèce, le Parti socialiste néerlandais ou le Bloc de gauche du Portugal. C’est du besoin d’un rassemblement du même type, de la conviction qu’il n’est aucun avenir pour les lignes de repliement sur les identités particulières qui composent la gauche radicale, que nous tentons de convaincre nos propres camarades de la LCR-NPA. Cela nous autorise à nous adresser, fraternellement mais franchement, aux militantes et militants du Parti communiste : leur apport, autant que ceux du socialisme historique, de l’écologie sociale, du courant révolutionnaire ou de l’expérience autogestionnaire, est indispensable à la refondation stratégique, programmatique, culturelle qui s’impose à tous, en vue de relever les défis de la crise historique du capitalisme et du danger de volatilisation qui plane sur la gauche de gauche. Il risque, en revanche, de se scléroser définitivement si les énergies disponibles restent dispersées comme elles le sont aujourd’hui.

Pire, à reculer toujours devant les changements de cap indispensables, le Parti communiste ne peut que nourrir des tendances internes à la régression sectaire et dogmatique. Il n’est nullement anodin qu’un André Gérin – le maire de Vénissieux, figure de l’enfermement du parti et nostalgique des pratiques hégémoniques d’antan – vienne d’appeler ses amis à voter en faveur de la « base commune » défendue par Marie-George Buffet. Et que, presque simultanément, les secteurs ayant osé poser la question du dépassement du PCF dans une force nouvelle, ou simplement de « l’ouverture » du parti, de Roger Martelli à Pierre Zarka, de Dominique Grador à Gérald Briant, dénoncent une tentative d’élimination dans la composition du futur conseil national. Si cette tendance devait se confirmer, et sans vouloir nous ingérer dans les affaires intérieures du Parti communiste, qu’il nous soit tout de même permis de dire qu’il s’agirait-là d’un bien mauvais message délivré, au-delà de l’aire d’influence communiste, à celles et ceux qui attendent du neuf à gauche.

Le rendez-vous à ne pas manquer

Ces débats, nous entendons les mener, sans ultimatum ni préalable, avec les communistes. Nous le savons bien, ils ne seront tranchés qu’à la chaleur de l’expérience commune. Une force nouvelle, appelée à bouleverser la physionomie de la gauche, ne se décrète pas. Elle résultera de débats, de confrontations, de reclassements qui créeront une conviction partagée, mettront pratiquement à l’ordre du jour une nouvelle construction, en établiront la faisabilité, dessineront de nouvelles hypothèses programmatiques et stratégiques pertinentes. Après tout, si l’on se réfère à l’exemple allemand, Die Linke n’eût jamais été fondée sans un assez long temps préalable au cours duquel les cultures et histoires qu’elle regroupe actuellement purent vérifier, pas à pas, la solidité de leurs convergences à travers une pratique de front commun.

Et c’est bien, dans l’immédiat, à la constitution d’un front qu’il importe de nous atteler. Front auquel il ne devrait manquer aucune organisation ou courant de la gauche de transformation. Front pour la riposte aux attaques de la droite et du Medef, afin que les mobilisations puissent s’adosser, sur le champ politique, à des propositions cohérentes et audibles de rupture avec le libéral-capitalisme. Front également pour la participation à la dernière élection nationale qui se déroulera avant l’échéance de 2012, le scrutin européen de l’an prochain. Comment, en effet, imaginer faire alors l’impasse, ou se présenter en concurrence les uns avec les autres, alors qu’il faudra, tout à la fois, sanctionner Nicolas Sarkozy et son clan de casseurs de droits et conquêtes, offrir au monde du travail l’opportunité d’exprimer avec la force maximale ses aspirations à la justice et à l’égalité sociales, prolonger le « non » populaire de 2005 en portant l’exigence d’une autre Europe, libérée de la tyrannie des marchés-rois ?

C’est dans cet esprit que nous nous sommes, parmi les premiers, réjouis de la décision du conseil national communiste d’en appeler à des listes de rassemblement pour juin 2009. Puis, dans la foulée de la rupture intervenue au PS, que nous avons salué la proposition d’un front de gauche formulée par le tout nouveau Parti de gauche. Le débat s’est désormais ouvert au NPA, afin qu’il ne laisse pas passer cette chance historique de changer la donne à gauche et dans le pays. Formons donc le vœu que le 34° Congrès du PCF ne ferme pas la porte qui s’est entrouverte ces dernières semaines, mais qu’il l’ouvre davantage encore…


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