21 novembre 2008 Adieu à la moutarde de Dijon.

mercredi 22 novembre 2023.
 

La désindustrialisation de la France continue. Vendredi 21 novembre, on apprenait que la moutarde de Dijon ne sera plus fabriquée en France.

Près de 300 emplois supprimés chez Amora-Maille

Dijon tourne la page d’un siècle de son histoire avec la fermeture, avant la fin 2009, de l’usine Amora-Maille, quai Nicolas-Rolin. Jeudi 20 novembre, les 184 salariés du site historique, siège social de la filiale d’Unilever, ont appris sa fermeture. Elle ne fabrique déjà plus de moutarde depuis 2007, mais de la mayonnaise, des sauces et du ketchup. Les mayonnaises rejoindront les chaînes de moutarde, dans l’usine de Chevigny-Saint-Sauveur (135 salariés), près de Dijon. Le ketchup partira en Espagne, les sauces seront sous-traitées.

Dans un communiqué, Hervé Laureau, président d’Amora-Maille, met en cause la compétitivité d’une usine en centre-ville et la chute des ventes de la marque de près de 20 % depuis cinq ans, au profit des marques de distributeurs.

La réorganisation du leader de la moutarde (250 millions d’euros de chiffre d’affaires, environ 500 salariés) s’étend au-delà de l’usine qui a vu la naissance de la marque. Elle touche 265 postes, 296 selon les syndicats. L’usine de cornichons d’Appoigny (77 salariés), dans l’Yonne, ferme. La distribution des condiments et sauces, étendue à tous les produits alimentaires d’Unilever fabriqués en France, est externalisée chez FM Logistic à Fauvernay, à une quinzaine de kilomètres de Dijon. Les équipes marketing de Dijon et de Crawley (Grande-Bretagne) rejoignent celles du siège d’Unilever France, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Quant aux activités de recherche, elles sont rassemblées au centre de R&D d’Unilever de Vlaardingen, aux Pays-Bas. Vendredi, une partie des salariés n’était pas à leur poste. C’est pour eux l’incompréhension. "Nous n’avons jamais fait une année dans le rouge", plaide Bernard Deschamps, délégué CFDT.

Dans un communiqué commun, François Rebsamen, maire (PS) de Dijon, et François Patriat, président (PS) du conseil régional de Bourgogne, disent leur intention d’"intervenir auprès de la direction nationale du groupe" et de se mobiliser "aux côtés des salariés".

Selon Unilever France, la décision de fermer trois sites d’Amora-Maille n’est pas liée au vaste plan de restructuration annoncé en 2007, qui prévoyait la suppression de 20 000 postes au niveau mondial en quatre ans, dont 12 000 en Europe. "Pour nous, il y a clairement un lien. 60 % du plan a été réalisé, il reste donc 40 % à faire", rétorque Gérard Cazorla, délégué syndical CGT d’Unilever France.

de Christiane Perruchot


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