Meeting de lancement du Parti de gauche : Intervention de Claude Debons

samedi 29 novembre 2008.
 

La dernière fois que j’ai pris la parole dans cette salle, c’était il y a deux ans et nous avions échoué à désigner un candidat unitaire antilibéral pour les présidentielles. Mais en vous voyant ici, nombreux et enthousiastes, je suis sûr que ce soir nous aurons donné avec succès le coup d’envoi du nouveau Parti de Gauche.

Cette création répond à une nécessité. Beaucoup de nos concitoyens souffrent au quotidien. Certains ont du mal à boucler les fins de mois ou connaissent le chômage. D’autres subissent le drame des sans abris, le scandale du mal-logement, la traque inacceptable des immigrés. C’est contre tout cela que nous allons lutter car c’est une insulte à la dignité humaine.

Tous les jours, l’actualité nous rappelle ce besoin d’alternative.

C’est Arcelor Mital qui annonce 9000 suppressions d’emplois, alors que le groupe a réalisé 8,6 milliards de dollars de profit au 3° trimestre et annonce encore 3 milliards au 4° trimestre.

Des licenciements au service des exigences de rentabilité maximum pour les actionnaires…

Cet exemple nous amène aux racines de la crise actuelle. Le discours dominant cherche à limiter la responsabilité aux inventions folles d’une finance débridée : subprimes, titrisation, stock-options…

Mais il se garde bien de braquer les projecteurs sur l’origine de ces masses financières investies dans la spéculation mondiale.

Cette crise est celle du capitalisme néo-libéral qui s’est imposé depuis 3 décennies. Rappelez-vous, le maître mot fut alors la restauration des profits aux dépens des salaires.

Et les classes dominantes ne mégotèrent pas sur la bataille idéologique pour y parvenir. « Vive la crise » disaient-ils au milieu des années 80, et même une certaine gauche tressa des louanges au néo-libéralisme.

Dans les entreprises, tous les moyens furent bon pour augmenter les profits en faisant baisser le coût du travail comme ils disent : licenciements, précarité, flexibilité, gel des salaires. Et les gouvernements successifs ont contribué avec des exonérations de cotisations sociales, la réduction des systèmes sociaux, la privatisation des services publics.

Les luttes n’ont pas manqué pour s’opposer à ces politiques, mais elles n’ont pas permis d’empêcher les reculs. Et sur le plan politique, c’est le renoncement à gauche qui dominait.

La conséquence c’est une formidable modification de la répartition des richesses créées au bénéfice des détenteurs du capital et au détriment des travailleurs.

Pas moins de 10 points du PIB, 180 milliards d’euros par ans accaparés par les actionnaires, qui ont nourri un train de vie extravagant de la bourgeoisie et alimenté une spéculation financière effrénée. La financiarisation a surfé sur la dégradation de la condition salariale.

On comprend pourquoi le discours dominant se garde bien de pointer la responsabilité du système lui-même dans les dérèglements actuels.

Parce que cela conduit évidemment à proposer des mesures d’une toute autre ampleur que la simple régulation de la finance mondiale.

D’abord, il faut un bouclier social augmentant les salaires, pensions et minima sociaux, s’opposant aux licenciements, développant les protections sociales et les services publics.

Ensuite, il faut des réformes structurelles qui rompent avec les logiques capitalistes. Un seul exemple, le secteur bancaire. La crise l’a montré, le système bancaire est essentiel à la vie des citoyens et à la vie économique. Il devrait donc relever d’une logique de service public au service de l’intérêt général.

Enfin, il faut rouvrir le débat sur le dépassement du capitalisme.

La crise nous conforte dans notre opposition à un système fondé sur une double exploitation :

- exploitation du travail, aggravée par la mise en concurrence des systèmes sociaux dans le cadre de la mondialisation.

- exploitation de la planète, avec le pillage des ressources naturelles, avec des modes de production et de consommation néfastes pour l’environnement.

La recherche du profit maximum et de l’accumulation effrénée du capital ne font bon ménage ni avec le bien-être des citoyens, ni avec l’avenir de l’Humanité.

Et on ne peut espérer du capitalisme qu’il s’autorégule, l’histoire a suffisamment démontré le contraire.

C’est pourquoi, nous voulons lui substituer une autre logique guidée par l’intérêt général, fondée sur la satisfaction des besoins sociaux, la redistribution des richesses, le développement des biens publics, une planification écologique au service d’un développement non productiviste.

On nous objectera bien sûr que les précédentes tentatives de dépassement du capitalisme ont mal tourné. Et même si nous n’avons jamais soutenu les dictatures du socialisme réel nous n’échappons pas à l’ombre portée du cauchemar stalinien.

C’est pourquoi, la démocratie doit être le levier essentiel du changement en lien avec les mobilisations et les luttes sociales. D’où l’importance de la bataille idéologique, du travail d’éducation populaire, pour rendre majoritaires ces perspectives de changement.

Oui, la souveraineté populaire, la volonté majoritaire des citoyens, doit s’imposer contre la dictature actuelle des actionnaires, des marchés financiers et des multinationales.

« La démocratie jusqu’au bout ! » disait Jean Jaurès :

- Démocratie politique pour une VI° République rompant avec la dérive monarchique de la V°.

- Démocratie économique par la socialisation des biens communs et la planification écologique du développement.

- Démocratie sociale par de véritables contre-pouvoirs pour les salariés dans les entreprises.

- Démocratie européenne faisant prévaloir l’intérêt des peuples contre la concurrence libre et non faussée.

Alors oui,

Contre le parti des financiers et des spéculateurs,

contre Sarkozy et Parisot, contre la droite et le Medef,

Aux côtés des luttes, pour la justice sociale et la dignité humaine,

Faisons du parti de Gauche

- le parti de la démocratie jusqu’au bout,

- le parti de la révolution démocratique pour la République sociale.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message