Le 34è congrès du PCF sera-t-il à la hauteur des enjeux ? (texte de dirigeants communistes dont 11 membres du Comité Exécutif National)

mercredi 12 novembre 2008.
 

Réflexions pour aller au bout des choix de la base commune et nommer clairement ce que nous voulons

Contribution destinée à nourrir le débat

François Auguste, Nicole Borvo, Joël Canapa, Sophie Celton, Patrice Cohen-Séat, Jean-Marc Coppola, Marie-Claire Culié, Pierre Dharréville, Michel Duffour, Elisabeth Gauthier, Brigitte Gonthier-Maurin, Joëlle Greder, Fabienne Haloui, Alain Hayot, Gérard Mazet, Gérard Piel, Marjolaine Rauze, Gilles Ravache, Jean-Claude Sandrier, Richard Sheehan.

Plus que jamais, le capitalisme exploite et pille l’humanité comme la nature. « Comme la nuée porte l’orage », il porte en lui non seulement la guerre, mais toutes les crises et catastrophes possibles. La crise financière –dont tout laisse à penser qu’elle est en train de déboucher sur une récession mondiale catastrophique– éclaire d’un jour encore plus cru la dangerosité de ce système, et l’urgence d’en changer. Notre congrès doit être l’un des éléments de ce signal : il est grand temps ! La violence du choc est en train de bouleverser profondément les visions du monde. Les forces de soutien au capitalisme, mais aussi les forces d’accommodement s’en trouvent déboussolées. A tel point que la phase actuelle peut aussi déboucher sur des aventures incontrôlables qui feraient le lit de régimes autoritaires et populistes très dangereux. Mais de nouveaux espaces de débat et de combat s’ouvrent face à l’urgence de mesures concrètes et de changements fondamentaux. La crise rend évidentes nombre d’idées et d’analyses que nous avons portées de toutes nos forces depuis des années. Elle valide aux yeux des peuples le caractère absurde et ravageur de ce système. Elle peut conduire à une phase d’exceptionnelle politisation populaire, susceptible de transformer toute la vie politique et ouvrir une véritable alternative. Il doit y avoir, en politique aussi, un avant et un après la crise.

La crise mondiale du capitalisme peut ouvrir une phase décisive de notre combat politique. Nous avons raison de vouloir changer le système dans une démarche démocratique, et la situation actuelle met en lumière la nécessité de nous doter d’une grande ambition et donc de nous métamorphoser nous-mêmes pour être en mesure de la porter haut et fort. Elle renouvelle également les territoires de la lutte des classes et crée les conditions de larges rassemblements de celles et ceux qui ne veulent pas être les victimes de la domination du capital. Tout cela remet sur le devant de la scène la nécessité d’une organisation politique capable de rassembler en son sein et de se rassembler avec d’autres, capable de mettre en mouvement, capable d’agir pour remettre le pouvoir entre les mains des hommes et des femmes, capable de transformer la société.

Jamais il n’y a eu tant besoin de communisme, c’est-à-dire d’un mouvement réel et très concret de contestation du capitalisme. Et pourtant, le communisme est en crise, et notre Parti en très grande difficulté. Le projet de « base commune » adopté va-t-il nous donner les moyens d’être présents, comme force politique, dans ce moment d’importance historique, et d’y faire valoir notre projet de société, avec son ambition radicale de changement et sa démarche de transformations concrètes immédiates ? Nous pensons que oui, ce texte nous y engage, à la condition de lui donner tout son sens en allant vraiment au bout des choix proposés. A la condition de permettre à notre congrès de poser des actes forts pour aller de l’avant.

Qu’il s’agisse du projet, de notre démarche de rassemblement, ou du Parti que nous voulons être, dire clairement et assumer pleinement les changements que nous proposons implique de les nommer. Car ce qui n’a pas de nom n’existe pas vraiment.

Que dit la base commune ? Que nous proposons de répondre à la crise actuelle en engageant un processus de rupture radicale avec le capitalisme. Nous voulons en finir avec la domination insupportable du capital sur le travail. Par des grandes réformes concrètes, nous voulons initier des renversements de valeurs, de priorités, de rapports de force. Un renversement. Les communistes ne sont pas des partisans du tout ou rien. Ils proposent de remettre la société en chantier. Dans quel sens ? Les mots en « anti » ne suffisent pas. Mais la base commune évoque dans ce sens trois révolutions coperniciennes pour remettre notre communisme au cœur des contradictions actuelles, donner vie à nos « fondamentaux » et définir les renversements de valeurs dont nous voulons être acteurs. Nommons les.

La première pourrait se résumer ainsi : nous voulons être porteurs d’un projet de « mondialité ». « Mondialité », c’est le mot employé par Edouard Glissant pour exprimer que la mondialisation peut ouvrir la porte à des changements émancipateurs. Parler de mondialité, c’est accepter la part d’internationalisme de la mondialisation, et même plus, la revendiquer. C’est concevoir la solidarité à l’échelle du monde. C’est s’opposer frontalement à la mondialisation capitaliste pour mettre en chantier un projet commun aux femmes et aux hommes du monde entier : celui de faire humanité ensemble. Nous ne sommes pas des nationalistes protectionnistes, nous sommes des combattants d’une Europe réinventée, des combattants d’une civilisation solidaire et pacifique, des combattants de la mondialité.

La deuxième révolution que nous proposons est celle de « l’éco-progrès » partagé. Imposer les nouvelles normes sociales et écologiques dont les sociétés ont besoin suppose une intervention politique déterminée pour faire reculer la domination capitaliste. Il s’agit pour nous de réinvestir le champ du progrès. Il s’agit de passer à un nouveau mode de production et de répartition des richesses. A un nouveau mode de travail, de vie, de partage solidaire de la planète, des biens et des activités humaines. Il faut réorienter complètement le développement du monde, et c’est aux pays dits développés de fournir les premiers efforts de novation dans le cadre d’une prise de conscience globale. Dépasser le capitalisme, c’est commencer dès maintenant à lui substituer d’autres logiques, humaines, sociales, écologiques, économiques, culturelles, pacifiques…

La troisième révolution pourrait prendre le nom de « démocratie générale », dont la démocratie participative serait le cœur. Il s’agit non seulement de mieux porter encore notre parti pris de la démocratie, mais aussi de dire en quoi elle diffère de ce qui porte aujourd’hui ce nom. Une démocratie sans frontières, qui ne s’arrête pas aux portes de l’économie et des entreprises. Nous refusons que la grande majorité des choix engageant l’avenir de l’humanité et de la planète soient effectués par une poignée d’actionnaires. Une démocratie qui dépasse la représentation et la délégation de pouvoirs au profit d’une citoyenneté active. Nous voulons promouvoir une démocratie d’intervention citoyenne permanente, une démocratie de co-élaboration et de codécision. Une démocratie qui s’étende, au delà de notre hexagone, à l’Europe et aux institutions internationales. Nous voulons donner tout son sens au mot de « citoyens du monde » dans lequel tant d’hommes et de femmes se reconnaissent.

Que dit encore la base commune ? Que notre époque appelle et rend possible un très large rassemblement populaire de celles et ceux – une très grande majorité de notre peuple – qui subissent de plein fouet les conséquences des politiques néolibérales. Et qu’il nous faut en prendre l’initiative dans des formes absolument inédites, tirant les leçons des échecs du passé. Nous ne voulons pas reproduire une gauche plurielle qui a dépossédé le peuple de son pouvoir d’intervention. Nous ne voulons pas reproduire l’échec des collectifs antilibéraux qui, lors de la présidentielle, ne sont pas parvenus à sortir d’une radicalité marginalisée. Nous faisons le choix de conforter et de participer à tous les fronts de résistance qui se dressent sur la voie de la droite et du MEDEF et de mener la bataille politique et idéologique qui est la nôtre. Et nous savons que ces fronts ne prendront pas l’ampleur nécessaire s’ils butent, comme le mouvement social lui-même, sur l’absence d’alternative politique. C’est pourquoi nous voulons construire un rassemblement aussi ambitieux que le fut en son époque le Front Populaire. Disons-le, nous voulons construire un nouveau Front Populaire et Citoyen ! Un nouveau Front Populaire, c’est-à-dire une nouvelle dynamique populaire et une nouvelle alliance de forces politiques et sociales, sur un objectif immédiat de progrès social et les grandes réformes structurantes qui le rendront possible. Un Front populaire qui ne se brise pas cette fois-ci sur le mur de l’argent, avec les conséquences que l’on connaît. Le monde du travail, les milieux populaires, le mouvement des idées peuvent faire leur cette idée. Il y a dans la société les bases politiques d’un rassemblement de cette ampleur, c’est-à-dire une attente immense à laquelle la gauche n’a pas su trouver de réponse ces dix dernières années. Une telle perspective ouvrirait une nouvelle phase de l’histoire de la gauche. Il lui faut un grand nom. Faire grandir cette idée est essentiel, dans une campagne que pourrait lancer notre parti dans tout le pays et auprès des forces susceptibles de partager cet objectif. Et pour cela co-organisons avec tous ceux et celles qui voudront s’engager dans cette démarche, à travers toute la société, les réseaux populaires et citoyens qui en feront un grand mouvement politique. Oui, nous voulons rassembler une majorité pour que ça change !

Que dit enfin la base commune ? Elle appelle notre parti à de profonds changements, à une métamorphose. De quelle nature ? Il s’agit de faire face avec audace et créativité à la crise de la politique, de la gauche, et du communisme lui-même, pour permettre à des centaines de milliers de femmes et d’hommes, qui peuvent combattre avec nous pour les grandes réformes concrètes que nous proposons, de s’engager politiquement. Et pour le plus grand nombre possible d’entre eux, de faire de notre Parti le leur. Sachons, aujourd’hui, nous tourner résolument vers les jeunes, les salarié-e-s, les hommes et les femmes des quartiers populaires, les militant-e-s syndicalistes ou associatifs, les gens de culture, les intellectuels. Vers les hommes et les femmes qui veulent une gauche qui s’assume, à l’heure où l’idée-même est menacée de disparaître. Tous ont leurs sensibilités propres, leurs trajectoires politiques, leurs façons de voir les choses. S’imaginer qu’ils nous rejoindront en se coulant dans le moule d’une culture issue de près de 90 ans d’histoire est illusoire. Et inefficace. De leurs différences, et des nôtres, enrichissons-nous mutuellement. Ouvrons-nous, comme le dit la base commune, à d’autres cultures politiques. Et donnons leur toute leur place dans notre Parti transformé dans cet objectif.

Là aussi se pose la question de nommer ce que nous voulons faire, et devenir. Oui, nous voulons rassembler tout à la fois celles et ceux qui s’engagent en mettant le communisme au cœur de leurs références, et bien d’autres qui sont prêts à partager les mêmes combats politiques en y venant par d’autres références ou d’autres chemins. Nous devons produire un acte public qui donne ce signal. N’est-il pas nécessaire, pour qu’existe ce Parti ainsi métamorphosé, et d’abord pour manifester notre volonté de le construire, de lui donner un nom qui lui corresponde ? Un nom qui, inséparablement, assume notre histoire et montre de façon visible que nous en tirons les leçons, un nom qui dise le communisme qui est aujourd’hui le nôtre, démocratique, écologiste, féministe, solidaire, libertaire. Un nom qui, du même coup, contribuera à nous libérer des fausses images de nous-mêmes qui nous renvoient, dans l’esprit de tant de femmes et d’hommes, à une conception du communisme qui n’est depuis très longtemps plus la nôtre. A nous libérer d’une image qui ne correspond pas à ce que nous sommes. A tourner symboliquement une page, pour ne plus apparaître comme un parti du passé mais tourné vers l’avenir, résolument. N’est-ce pas en faisant ce signe, porteur de sens, que nous donnerons corps à la métamorphose -assumons-la pleinement- que nous devons accomplir ? Tout en y gardant notre référence communiste, ne pouvons-nous pas chercher et trouver ensemble ce nom ? Ne pourrions-nous pas accoler au beau nom de communiste, qui dit notre refus du capitalisme et notre idéal de solidarité et d’émancipation, celui de la démocratie, ce qui dirait notre rupture totale et définitive avec le stalinisme et notre passion de la liberté et de la citoyenneté ? Cette question du nom, nous en sommes tout à fait conscients, est difficile puisque nous voulons continuer notre parti, et le métamorphoser réellement. S’il est possible d’imaginer un autre type d’acte public qui dise cela aussi fortement, énonçons-le. La question mérite débat.

Quoiqu’il en soit, il y a urgence à rassembler les communistes sur des objectifs audacieux, sur un cap clair. La période qui s’ouvre doit nous permettre de mieux vivre notre diversité, de poursuivre dans la voie d’une expression pleine et entière de la souveraineté des communistes dans les débats et les choix. Notre parti, malgré les coups reçus, est une force. Une force à continuer dans un nouvel élan. Face à la violence du capitalisme et des attaques politiques que nous connaissons depuis plusieurs années, il a montré sa vivacité et la chance que constitue une organisation politique dans les batailles à mener. Nous devons tout faire pour lui permettre de redevenir le grand parti populaire dont notre pays a besoin.

Formuler un projet politique qui détonne, avancer une proposition mobilisatrice pour sortir notre peuple de l’impasse, reconstruire un parti communiste d’avenir, ce sont des préoccupations que les communistes ont en commun et qui peuvent nous rassembler. Soyons libres dans ce débat.

C’est en allant au bout de nos intentions, en les rendant visibles et compréhensibles, qu’il apparaîtra évident que les communistes bougent, qu’ils sont décidés à relever le défi, et qu’ils sont capables, dans les temps nouveaux comme à d’autres époques, de faire bouger les lignes à gauche et dans la société. Alors oui, ce congrès, un congrès d’un nouvel élan, sera à la hauteur des enjeux. E-mail du 1er destinataire E-mail du 2e destinataire E-mail du 3e destinataire E-mail du 4e destinataire Votre e-mail Votre nom et prénom Y joindre un message Veuillez recopier le code, les lettres en majuscule Réflexions pour aller au bout des choix de la base commune et nommer clairement ce que nous voulons Contribution destinée à nourrir le débat signée par : François Auguste, Nicole Borvo, Joël Canapa, Sophie Celton, Patrice Cohen-Séat, Jean-Marc Coppola, Marie-Claire Culié, Pierre Dharréville, Michel Duffour, Elisabeth Gauthier, Brigitte Gonthier-Maurin, Joëlle Greder, Fabienne Haloui, Alain Hayot, Gérard Mazet, Gérard Piel, Marjolaine Rauze, Gilles Ravache, Jean-Claude Sandrier, Richard Sheehan. Notre congrès sera-t-il à la hauteur des enjeux ? C’est la question que se posent nombre de communistes, avec une certaine inquiétude. Plus que jamais, le capitalisme exploite et pille l’humanité comme la nature. « Comme la nuée porte l’orage », il porte en lui non seulement la guerre, mais toutes les crises et catastrophes possibles. La crise financière –dont tout laisse à penser qu’elle est en train de déboucher sur une récession mondiale catastrophique– éclaire d’un jour encore plus cru la dangerosité de ce système, et l’urgence d’en changer. Notre congrès doit être l’un des éléments de ce signal : il est grand temps ! La violence du choc est en train de bouleverser profondément les visions du monde. Les forces de soutien au capitalisme, mais aussi les forces d’accommodement s’en trouvent déboussolées. A tel point que la phase actuelle peut aussi déboucher sur des aventures incontrôlables qui feraient le lit de régimes autoritaires et populistes très dangereux. Mais de nouveaux espaces de débat et de combat s’ouvrent face à l’urgence de mesures concrètes et de changements fondamentaux. La crise rend évidentes nombre d’idées et d’analyses que nous avons portées de toutes nos forces depuis des années. Elle valide aux yeux des peuples le caractère absurde et ravageur de ce système. Elle peut conduire à une phase d’exceptionnelle politisation populaire, susceptible de transformer toute la vie politique et ouvrir une véritable alternative. Il doit y avoir, en politique aussi, un avant et un après la crise. La crise mondiale du capitalisme peut ouvrir une phase décisive de notre combat politique. Nous avons raison de vouloir changer le système dans une démarche démocratique, et la situation actuelle met en lumière la nécessité de nous doter d’une grande ambition et donc de nous métamorphoser nous-mêmes pour être en mesure de la porter haut et fort. Elle renouvelle également les territoires de la lutte des classes et crée les conditions de larges rassemblements de celles et ceux qui ne veulent pas être les victimes de la domination du capital. Tout cela remet sur le devant de la scène la nécessité d’une organisation politique capable de rassembler en son sein et de se rassembler avec d’autres, capable de mettre en mouvement, capable d’agir pour remettre le pouvoir entre les mains des hommes et des femmes, capable de transformer la société. Jamais il n’y a eu tant besoin de communisme, c’est-à-dire d’un mouvement réel et très concret de contestation du capitalisme. Et pourtant, le communisme est en crise, et notre Parti en très grande difficulté. Le projet de « base commune » adopté va-t-il nous donner les moyens d’être présents, comme force politique, dans ce moment d’importance historique, et d’y faire valoir notre projet de société, avec son ambition radicale de changement et sa démarche de transformations concrètes immédiates ? Nous pensons que oui, ce texte nous y engage, à la condition de lui donner tout son sens en allant vraiment au bout des choix proposés. A la condition de permettre à notre congrès de poser des actes forts pour aller de l’avant. Qu’il s’agisse du projet, de notre démarche de rassemblement, ou du Parti que nous voulons être, dire clairement et assumer pleinement les changements que nous proposons implique de les nommer. Car ce qui n’a pas de nom n’existe pas vraiment. Que dit la base commune ? Que nous proposons de répondre à la crise actuelle en engageant un processus de rupture radicale avec le capitalisme. Nous voulons en finir avec la domination insupportable du capital sur le travail. Par des grandes réformes concrètes, nous voulons initier des renversements de valeurs, de priorités, de rapports de force. Un renversement. Les communistes ne sont pas des partisans du tout ou rien. Ils proposent de remettre la société en chantier. Dans quel sens ? Les mots en « anti » ne suffisent pas. Mais la base commune évoque dans ce sens trois révolutions coperniciennes pour remettre notre communisme au cœur des contradictions actuelles, donner vie à nos « fondamentaux » et définir les renversements de valeurs dont nous voulons être acteurs. Nommons les. La première pourrait se résumer ainsi : nous voulons être porteurs d’un projet de « mondialité ». « Mondialité », c’est le mot employé par Edouard Glissant pour exprimer que la mondialisation peut ouvrir la porte à des changements émancipateurs. Parler de mondialité, c’est accepter la part d’internationalisme de la mondialisation, et même plus, la revendiquer. C’est concevoir la solidarité à l’échelle du monde. C’est s’opposer frontalement à la mondialisation capitaliste pour mettre en chantier un projet commun aux femmes et aux hommes du monde entier : celui de faire humanité ensemble. Nous ne sommes pas des nationalistes protectionnistes, nous sommes des combattants d’une Europe réinventée, des combattants d’une civilisation solidaire et pacifique, des combattants de la mondialité. La deuxième révolution que nous proposons est celle de « l’éco-progrès » partagé. Imposer les nouvelles normes sociales et écologiques dont les sociétés ont besoin suppose une intervention politique déterminée pour faire reculer la domination capitaliste. Il s’agit pour nous de réinvestir le champ du progrès. Il s’agit de passer à un nouveau mode de production et de répartition des richesses. A un nouveau mode de travail, de vie, de partage solidaire de la planète, des biens et des activités humaines. Il faut réorienter complètement le développement du monde, et c’est aux pays dits développés de fournir les premiers efforts de novation dans le cadre d’une prise de conscience globale. Dépasser le capitalisme, c’est commencer dès maintenant à lui substituer d’autres logiques, humaines, sociales, écologiques, économiques, culturelles, pacifiques… La troisième révolution pourrait prendre le nom de « démocratie générale », dont la démocratie participative serait le cœur. Il s’agit non seulement de mieux porter encore notre parti pris de la démocratie, mais aussi de dire en quoi elle diffère de ce qui porte aujourd’hui ce nom. Une démocratie sans frontières, qui ne s’arrête pas aux portes de l’économie et des entreprises. Nous refusons que la grande majorité des choix engageant l’avenir de l’humanité et de la planète soient effectués par une poignée d’actionnaires. Une démocratie qui dépasse la représentation et la délégation de pouvoirs au profit d’une citoyenneté active. Nous voulons promouvoir une démocratie d’intervention citoyenne permanente, une démocratie de co-élaboration et de codécision. Une démocratie qui s’étende, au delà de notre hexagone, à l’Europe et aux institutions internationales. Nous voulons donner tout son sens au mot de « citoyens du monde » dans lequel tant d’hommes et de femmes se reconnaissent. Que dit encore la base commune ? Que notre époque appelle et rend possible un très large rassemblement populaire de celles et ceux – une très grande majorité de notre peuple – qui subissent de plein fouet les conséquences des politiques néolibérales. Et qu’il nous faut en prendre l’initiative dans des formes absolument inédites, tirant les leçons des échecs du passé. Nous ne voulons pas reproduire une gauche plurielle qui a dépossédé le peuple de son pouvoir d’intervention. Nous ne voulons pas reproduire l’échec des collectifs antilibéraux qui, lors de la présidentielle, ne sont pas parvenus à sortir d’une radicalité marginalisée. Nous faisons le choix de conforter et de participer à tous les fronts de résistance qui se dressent sur la voie de la droite et du MEDEF et de mener la bataille politique et idéologique qui est la nôtre. Et nous savons que ces fronts ne prendront pas l’ampleur nécessaire s’ils butent, comme le mouvement social lui-même, sur l’absence d’alternative politique. C’est pourquoi nous voulons construire un rassemblement aussi ambitieux que le fut en son époque le Front Populaire. Disons-le, nous voulons construire un nouveau Front Populaire et Citoyen ! Un nouveau Front Populaire, c’est-à-dire une nouvelle dynamique populaire et une nouvelle alliance de forces politiques et sociales, sur un objectif immédiat de progrès social et les grandes réformes structurantes qui le rendront possible. Un Front populaire qui ne se brise pas cette fois-ci sur le mur de l’argent, avec les conséquences que l’on connaît. Le monde du travail, les milieux populaires, le mouvement des idées peuvent faire leur cette idée. Il y a dans la société les bases politiques d’un rassemblement de cette ampleur, c’est-à-dire une attente immense à laquelle la gauche n’a pas su trouver de réponse ces dix dernières années. Une telle perspective ouvrirait une nouvelle phase de l’histoire de la gauche. Il lui faut un grand nom. Faire grandir cette idée est essentiel, dans une campagne que pourrait lancer notre parti dans tout le pays et auprès des forces susceptibles de partager cet objectif. Et pour cela co-organisons avec tous ceux et celles qui voudront s’engager dans cette démarche, à travers toute la société, les réseaux populaires et citoyens qui en feront un grand mouvement politique. Oui, nous voulons rassembler une majorité pour que ça change ! Que dit enfin la base commune ? Elle appelle notre parti à de profonds changements, à une métamorphose. De quelle nature ? Il s’agit de faire face avec audace et créativité à la crise de la politique, de la gauche, et du communisme lui-même, pour permettre à des centaines de milliers de femmes et d’hommes, qui peuvent combattre avec nous pour les grandes réformes concrètes que nous proposons, de s’engager politiquement. Et pour le plus grand nombre possible d’entre eux, de faire de notre Parti le leur. Sachons, aujourd’hui, nous tourner résolument vers les jeunes, les salarié-e-s, les hommes et les femmes des quartiers populaires, les militant-e-s syndicalistes ou associatifs, les gens de culture, les intellectuels. Vers les hommes et les femmes qui veulent une gauche qui s’assume, à l’heure où l’idée-même est menacée de disparaître. Tous ont leurs sensibilités propres, leurs trajectoires politiques, leurs façons de voir les choses. S’imaginer qu’ils nous rejoindront en se coulant dans le moule d’une culture issue de près de 90 ans d’histoire est illusoire. Et inefficace. De leurs différences, et des nôtres, enrichissons-nous mutuellement. Ouvrons-nous, comme le dit la base commune, à d’autres cultures politiques. Et donnons leur toute leur place dans notre Parti transformé dans cet objectif. Là aussi se pose la question de nommer ce que nous voulons faire, et devenir. Oui, nous voulons rassembler tout à la fois celles et ceux qui s’engagent en mettant le communisme au cœur de leurs références, et bien d’autres qui sont prêts à partager les mêmes combats politiques en y venant par d’autres références ou d’autres chemins. Nous devons produire un acte public qui donne ce signal. N’est-il pas nécessaire, pour qu’existe ce Parti ainsi métamorphosé, et d’abord pour manifester notre volonté de le construire, de lui donner un nom qui lui corresponde ? Un nom qui, inséparablement, assume notre histoire et montre de façon visible que nous en tirons les leçons, un nom qui dise le communisme qui est aujourd’hui le nôtre, démocratique, écologiste, féministe, solidaire, libertaire. Un nom qui, du même coup, contribuera à nous libérer des fausses images de nous-mêmes qui nous renvoient, dans l’esprit de tant de femmes et d’hommes, à une conception du communisme qui n’est depuis très longtemps plus la nôtre. A nous libérer d’une image qui ne correspond pas à ce que nous sommes. A tourner symboliquement une page, pour ne plus apparaître comme un parti du passé mais tourné vers l’avenir, résolument. N’est-ce pas en faisant ce signe, porteur de sens, que nous donnerons corps à la métamorphose -assumons-la pleinement- que nous devons accomplir ? Tout en y gardant notre référence communiste, ne pouvons-nous pas chercher et trouver ensemble ce nom ? Ne pourrions-nous pas accoler au beau nom de communiste, qui dit notre refus du capitalisme et notre idéal de solidarité et d’émancipation, celui de la démocratie, ce qui dirait notre rupture totale et définitive avec le stalinisme et notre passion de la liberté et de la citoyenneté ? Cette question du nom, nous en sommes tout à fait conscients, est difficile puisque nous voulons continuer notre parti, et le métamorphoser réellement. S’il est possible d’imaginer un autre type d’acte public qui dise cela aussi fortement, énonçons-le. La question mérite débat. Quoiqu’il en soit, il y a urgence à rassembler les communistes sur des objectifs audacieux, sur un cap clair. La période qui s’ouvre doit nous permettre de mieux vivre notre diversité, de poursuivre dans la voie d’une expression pleine et entière de la souveraineté des communistes dans les débats et les choix. Notre parti, malgré les coups reçus, est une force. Une force à continuer dans un nouvel élan. Face à la violence du capitalisme et des attaques politiques que nous connaissons depuis plusieurs années, il a montré sa vivacité et la chance que constitue une organisation politique dans les batailles à mener. Nous devons tout faire pour lui permettre de redevenir le grand parti populaire dont notre pays a besoin. Formuler un projet politique qui détonne, avancer une proposition mobilisatrice pour sortir notre peuple de l’impasse, reconstruire un parti communiste d’avenir, ce sont des préoccupations que les communistes ont en commun et qui peuvent nous rassembler. Soyons libres dans ce débat. C’est en allant au bout de nos intentions, en les rendant visibles et compréhensibles, qu’il apparaîtra évident que les communistes bougent, qu’ils sont décidés à relever le défi, et qu’ils sont capables, dans les temps nouveaux comme à d’autres époques, de faire bouger les lignes à gauche et dans la société. Alors oui, ce congrès, un congrès d’un nouvel élan, sera à la hauteur des enjeux.


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