Ils vivaient en France...

mardi 15 août 2006.
 

Première expulsion d’une famille sans-papiers ayant déposé un dossier en préfecture et correspondant auc critères établis

13 août 2006

Alexandre, Inna et Vladislas ont été expulsés

13 août : fin du délai officiel de dépôt des dossiers pour les familles sans papiers et expulsion de la famille KOSTYUBA dont la régularisation a été refusée.

Déclaration sinistre et lourde de sens : pas de pitié pour les enfants nés en France, pour les familles venues avec l’espoir d’y trouver asile, respect des droits et possibilité de vivre des jours meilleurs.

Alexandre, Inna et Vladislas ont le triste privilège de voir leur vie, celle de gens sans histoire depuis quatre ans, devenue en 48 heures l’illustration de l’avenir que le gouvernement a tracé pour les sans papiers. Refus de régularisation, alors que tous les critères objectifs étaient réunis : en France depuis 4 ans, un enfant né à Corbeil Essonne et scolarisé depuis septembre 2005 en maternelle. Parmi les motifs contestables invoqués et couverts par le « médiateur » Klarsfeld, la scolarisation de l’enfant en maternelle n’est pas reconnue contrairement à l’énoncé de la circulaire du 13 juin 2006 « y compris en classe maternelle ».

Arrestation à l’occasion d’une convocation à la préfecture (pendant le même temps, le préfet reçoit RESF sur le sujet de l’après circulaire), départ précipité avec deux valises, rétention lointaine, pressions morales sur la séparation possible de la famille en cas de refus d’embarquer, rétention judiciaire dans les locaux de la police dans l’aéroport, contact minimum avec un avocat, et présence maximum de la police qui pose les conditions du marché : l’enfant ne pouvant rester en garde à vue, il sera obligatoirement placé en foyer de l’ASE (Aide sociale à l’enfance), pour une durée inconnue, dépendant de la décision du juge des libertés (remise en liberté ou non) prévue pour le lendemain.

Devant ce chantage, un seul moyen d’éviter la séparation : accepter l’expulsion. Vladislas, 3 ans, est cramponné en pleurs depuis le début à sa mère. Il est emmené au foyer pour la nuit, situation insoutenable pour les parents qui ont accepté leur expulsion au petit matin. Dans un appel téléphonique à la Cimade, Inna remercie et dit « On n’a pas eu le choix ». Ils sont expulsés vers l’Ukraine, pays qu’ils ont quitté pour des raisons politiques, pays où le gouvernement en place est redevenu celui qu’ils ont fui.

Le Réseau Education sans frontières prend acte de cette expulsion, la première (à sa connaissance) d’une famille ayant déposé un dossier dans le cadre de la circulaire du 13 juin. Il complimente le préfet de l’Essonne de sa diligence -efficace et rapide- premier fusil de la chasse à l’enfant. Bravo !

Il félicite le « médiateur » Arno Klarsfeld pour son approbation du bannissement d’un enfant de trois ans né en France et de ses parents, décision qu’il a jugée « ferme et légitime ».

Il rappelle les propos du ministre de l’intérieur ayant exprimé à plusieurs reprises sa volonté de faire preuve d’humanité et d’exceptionnelle bienveillance. Nous craignons de devoir dans les semaines qui viennent dénoncer les formes étranges prises par cette « humanité », telle qu’elle s’est dévoilée aujourd’hui. Humanité et ambition présidentielle auraient-elles du mal à s’accorder quand il s’agit de capter des électeurs ?

La mobilisation autour de cette famille arrachée à sa vie en France à la faveur d’un long week-end estival, les soutiens reçus, le dégoût et la détermination exprimés pour refuser cette politique, doivent faire entendre au gouvernement et à ses exécuteurs qu’il y a en France une large partie de l’opinion qui ne l’acceptera pas et qui s’opposera à sa mise en oeuvre par tous les moyens à sa disposition.


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