Toussaint 2008 Alleluia pour les profiteurs Requiem pour les autres (Petites nouvelles du dimanche)

vendredi 7 novembre 2008.
 

1) A quoi va servir l’argent versé aux banques par l’Etat américain ?

Les médias s’étendent beaucoup sur les centaines de milliards versés aux banques pour "sauver l’économie de la planète". La réalité est très différente.

Ce jeudi 30 octobre, le site du Washington Post a révélé un scandale parfaitement caché par tous les bien-pensants aux ordres de la finance internationale tant ceux qui en sont conscients que ceux qui se couchent par principe ou par habitude.

Les banques américaines vont recevoir plus de 163 milliards de dollars versés par le Trésor américain pour les renflouer. Que vont faire les banques américaines de ces 163 milliards de dollars payés par les contribuables ?

Aider les millions d’accèdants à la propriété que les banques ont mis à la rue parce qu’ils n’honoraient pas leurs remboursements de prêts à taux variables ???

Mais non, mais non : les banques américaines vont utiliser la moitié de ces 163 milliards de dollars, avec la permission du gouvernement de George W. Bush, pour assurer le versement des dividendes à leurs actionnaires dans les trois années qui viennent !

Avant, pendant et après la crise : Actionnaires d’abord !

2) " Moi, je vais gagner beaucoup d’argent... Si les gens savaient ce qu’on gagne, on rétablirait la guillotine et des têtes valseraient sur des piques "

Jeudi 30 octobre 2008, dans le Nouvel Observateur, page 14, la journaliste Doan Bui interroge un spéculateur anglais, Simon Cawkwell.

Simon Cawkwell accueille la journaliste en lui offrant le champagne. « Au désespoir ! A la ruine ! A ces marchés stupides qui me permettent de m’enrichir ! Les krachs, j’adore, il n’y a pas de périodes plus excitantes. J’ai connu celui de 1987, mais j’étais moins riche à l’époque, je ne pouvais pas miser de grosses sommes. Cette crise-là est bonne, très bonne, pour mes affaires. Evidemment, il va y avoir beaucoup de chômage, des années de récession. Mais moi, je vais gagner beaucoup d’argent. »

Se sent-il coupable ?

« Mais pourquoi, ma chère ? Je serais bien stupide de ne pas en profiter. »

Au total, Evil Knievil pense que la crise actuelle lui rapportera 4,5 millions d’euros.

« Une broutille. Si vous saviez combien certains ont raflé ! »

David Freud, petit-fils de Sigmund Freud et ex-banquier d’affaires, a lui aussi joué au jeu des bonus, ces primes qui font passer les salaires des footballeurs pour de vulgaires pourboires : « Si les gens savaient ce qu’on gagne, on rétablirait la guillotine et des têtes valseraient sur des piques. »

3) Les 50 patrons français les mieux payés s’en mettent plein les poches : millions d’euros, centaines et milliers de fois le SMIC, revenu de 2007 en hausse de 20% par rapport à 2006

Au moment où Sarkozy feint de vouloir moraliser le capitalisme, l’enquête publiée ce jeudi 30 octobre par le magazine Capital, rend compte d’une réalité, encore une fois, très différente.

En 2007, alors que la moitié des salariés ont perçu moins de 1 600 euros net, la fiche de paie des 50 patrons français les mieux payés affichait en moyenne 383 000 euros brut par mois, soit l’équivalent de 310 fois le SMIC. Ces messieurs dames ont été gratifiés d’une augmentation de 20 %, à faire pâlir l’ensemble des salariés qui, dans la majorité des cas, ont vu, eux, leur pouvoir d’achat stagner, au mieux, ou reculer, souvent.

Patron le mieux payé de France, Jean-Philippe Thierry, à la tête d’AGF Allianz, a empoché 23,2 millions d’euros de salaire, soit 1,9 million d’euros par mois (et 30000 fois le SMIC tous revenus compris) , selon le classement établi par Capital.

Deuxième de ce palmarès, Pierre Verluca, patron de Vallourec, dont la rémunération a bondi de 32% en 2007 à 12,4 millions d’euros, "alors que le profit de sa société augmentait d’à peine 8%", relève le magazine.

Suivent Gérard Mestrallet (Suez, 12,2 millions d’euros), Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain, 10,2 millions d’euros) et Xavier Huillard (10 millions d’euros). Ce classement prend en compte les salaires, les avantages en nature (voiture de fonction...) et les plus-value sur les stocks-options (des actions offertes par l’entreprise à un prix préférentiel, et revendues au prix du marché).

4) Et les stocks options (70% de plus qu’en 2006) Et les actions...

Je garderai toujours en mémoire ce jour où l’assemblée nationale a voté la création des stocks options. Parmi les députés socialistes : 131 pour et 7 contre. J’aimerais bien qu’aujourd’hui les 131 en question tirent honnêtement le bilan de ce vote devant les citoyens.

En 2007, note Capital, les stock-options, « vitaminées par la flambée de la Bourse », ont « rapporté 70 % de plus » aux patrons qu’en 2006. Provocateurs au regard de ce que gagne le commun des salariés, ces chiffres restent très en dessous de la vérité des revenus de certains grands patrons, avertit le magazine. Il faut en effet, explique-t-il, y ajouter le jackpot que leur rapportent leurs propres actions en Bourse.

Ainsi Bernard Arnault a-t-il encaissé 4,1 millions d’euros de salaire comme PDG de LVMH, soit « une goutte d’eau » dans ses 376 millions d’euros de revenus, qui comprennent les dividendes touchés comme actionnaire principal du groupe de luxe. En tête de ce classement des plus gros dividendes, il devance François Pinault, fondateur de PPR, qui a palpé 259 millions d’euros, et Liliane Betancourt, première actionnaire de L’Oréal (256 millions d’euros). Les familles Peugeot (groupe PSA) et Halley (Carrefour) dépassent également le seuil des 100 millions de dividendes.

5) Les vrais assistés en veulent toujours plus

Voici deux ans, notre ami Robert Mascarell avait mis en ligne sur ce site un article sur les vrais assistés, à savoir les profiteurs capitalistes.

La crise actuelle permet à l’ineffable Laurence Parisot d’en demander toujours plus "on peut se demander si les mesures sont à la hauteur de la situation"

La crise actuelle permet à Nicolas Sarkozy de répondre au voeu de Laurence, de varier et compléter cet assistanat doré.

Le gouvernement Fillon vient de créer un "Fonds stratégique d’investissement". Quel nom ronflant pour couvrir la réalité : Les entreprises, par un coup de fil à la Caisse des Dépôts et Consignations, pourront "signifier d’éventuels besoins en capital".

Prenons l’exemple de Renault qui a fait, en 2007, 2,5 milliards d’euros de profit et dont les actionnaires ont touché 800 millions de dividendes. Aujourd’hui, cette entreprise peut bénéficier du "Fonds stratégique d’investissement" alors que dans le même temps, elle supprime plusieurs centaines d’emplois !

6) Non au « code de gouvernance éthique » adopté par le MEDEF, à la demande de Nicolas Sarkozy.

Depuis quinze jours, la droite essaie de se dédouaner de ses responsabilités dans l’éclatement de la crise financière et économique. Exemple le plus honteux et le plus hypocrite : le fameux « code de gouvernance éthique ».

Cette charte entérine et justifie les stock-options et les actions gratuites (tout juste soumises à des « conditions de performance »… financières), et ne dit mot des rémunérations proprement dites. Elle refuse seulement les parachutes dorés pour les grands patrons "en situation d’échec". Prenons le cas de Bernard Arnault : avec 376 millions d’euros de revenu annuel, il ne craint pas grand chose de cette perte éventuelle.

Pour paraître s’occuper aussi des salariés, le gouvernement a glissé un amendement dans son projet de loi sur « les revenus du travail », demandant aux entreprises qui attribuent des stock-options et des actions à leurs dirigeants d’en distribuer aussi à leurs salariés, ou de conclure un accord d’intéressement ou de participation. L’effet pervers de ce type de mesure est connu (diminuer le salaire proprement dit de son sens et de son rôle vis à vis des cotisations sociales, des retraites...) et il ne s’agit évidemment que de miettes comme on donne les os du poulet au chien en fin de repas.

Un seule mesure s’impose : l’interdiction des stocks options et options gratuites.

7) Sarko et Laurence Parisot entonnent "Vive la crise" pour justifier de déréguler encore plus !

* 30 000 suppressions d’emplois dans la Fonction publique en 2009

* licenciements collectifs et plans sociaux dans le secteur de l’automobile, de la vente par correspondance, du bâtiment...

* transfert sur le budget de l’état du coût des emplois supprimés par le MEDEF, en relançant une mesure autrefois décriée, les contrats aidés.

* Priorité renforcée aux CDD et loi autorisant le travail le dimanche

8) Oui mais, ça branle dans le manche

Les mauvais jours finiront

Quand tous les pauvres s’y mettront


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