Supprimer les paradis fiscaux ? Il serait temps (par Attac France)

jeudi 23 octobre 2008.
 

« Les trous noirs comme les centres offshore ne doivent plus exister... Leur disparition doit être le prélude à une "refondation" du système financier international », a déclaré hier François Fillon devant l’Assemblée nationale.

Le Premier ministre reprenait ici l’idée de Dominique Strauss-Kahn qui, en tant que président du FMI, suggère de « pourchasser et faire disparaître les paradis fiscaux ». Cette idée était déjà présente dans le discours de Toulon de Nicolas Sarkozy qui avait déclaré « Il faudra bien se poser des questions qui fâchent, comme celle des paradis fiscaux », et avait également été évoquée la semaine dernière par Eric Woerth pour qui « On ne peut pas accepter qu’il y ait des paradis fiscaux en Europe ».

Attac France s’étonne que ce ralliement à l’une des demandes majeures du mouvement altermondialiste depuis dix ans ait dû attendre qu’une catastrophe financière intervienne. Ne serait-ce pas parce qu’officiellement, selon le Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux (GAFI), il n’existerait plus de paradis fiscaux dans le monde et que la déclaration du gouvernement français ne l’engagerait à rien ? Or, hélas, les paradis se comptent par dizaines, et nombre d’entre eux sont en Europe ou aux portes de celle-ci. Les personnes et entreprises dont les fortunes sont exilées dans ces pays ont largement bénéficié de la spéculation et de la financiarisation qui nous ont conduits à la crise actuelle. A-t-on entendu le gouvernement leur demander une contribution pour éponger la casse sociale qui résultera de la crise ? Cela supposerait qu’il renonce à sa politique néolibérale et, notamment, à sa politique fiscale et à son bouclier fiscal.

Dans ce contexte, Attac exprime sa volonté de voir interdire le plus rapidement possible les paradis fiscaux, en commençant par :

* fermer toutes les filiales des banques dans ces pays et, le cas échéant, leurs sièges sociaux, sous peine d’être exclues du dispositif étatique d’aide décidé par l’Union européenne ;

* interdire tous les flux financiers en provenance ou à destination des paradis fiscaux ;

* entamer des poursuites judiciaires contre toutes les institutions, personnes morales et physiques impliquées dans l’affaire de la fraude fiscale au Liechtenstein.

Enfin, la remise en cause des paradis fiscaux prendra son véritable sens lorsque l’Union européenne aura abrogé les articles de ses traités qui interdisent de contrôler le mouvement des capitaux.

Attac France,

Montreuil, octobre 2008


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