68 Année 0 : Documentaire intéressant sur 1968 mais trop centré sur l’individuel

samedi 13 mai 2023.
 

Diffusé le 30 avril 2008 par la chaîne Arte dans le cadre du quarantième anniversaire de Mai 1968, "68 Année 0" est un documentaire intéressant mais trop limité au désenchantement individuel.

https://grm.revues.org/269

Le film que nous venons de voir introduit l’histoire et le bilan de 1968 sous un angle seulement individuel, revendiqué dès le début :

Avoir fait 68, c’est quoi ? c’est être fait de quoi ?

Vicky l’Italienne, Eva l’Allemande, Yves le Français apportent plusieurs réponses parfaitement justes

1ère réponse, l’Antifascisme

Ils insistent sur le fait que durant les années 1965 à 1968 les jeunes les plus politisés du mouvement étaient issus de familles qui avaient combattu le fascisme, qui avaient particulièrement souffert du fascisme.

Je confirme. La majorité des dirigeants nationaux que j’ai côtoyés étaient issus de familles juives communistes d’Europe de l’Est qui avaient effectivement beaucoup souffert du fascisme. J’avais opéré le même constat dans l’Aveyron et à Toulouse entre 1966 et 1968, avec une forte présence d’enfants de combattants républicains espagnols, de vrais Résistants, d’internationalistes et juifs pourchassés, de familles très engagées syndicalement et à gauche.

2ème réponse La peur d’une résurgence de régimes autoritaires et du fascisme

Marquée par les souvenirs de ses parents et grands parents, la jeune génération voit dans les nombreux coups d’état militaires pro-américains des années 1950, 1960 et début 1970 une résurgence de la fécondation du fascisme des années 1920 et 1930 par le grand capital international. Nous comprenions les régimes autoritaires mis en place, la répression policière des manifestations, les attentats provocateurs, la collusion entre néofascistes et Etat, les lois liberticides et antisociales de cette époque comme d’une part la remise en cause des acquis durement gagnés à la Libération, d’autre part un glissement vers l’autoritarisme et même, peut-être le fascisme si rien ne s’y opposait.

L’analyse souvent partagée, c’est que les USA et leurs alliés veulent profiter de l’affaiblissement de l’URSS (masqué par une prétendue "coexistence pacifique") pour imposer la loi des multinationales et du capital financier sur la planète. Pour parvenir à cet objectif, aucun coup d’état, aucun crime contre l’humanité, aucun génocide même n’est exclu.

Dans le documentaire "68 Année 0", Eva Quistorp rappelle que le mouvement étudiant allemand SDS analysait comme une résurgence du fascisme les lois d’urgence du printemps 1968 dont l’article 10 par exemple prévoyait des limitations du secret de la correspondance, du secret de télécommunication et du secret postal pour protéger l’ordre constitutionnel libéral et démocratique. La liberté d’aller et venir (art. 11) et la liberté professionnelle pouvaient également être restreintes dans certaines conditions.

Eva comme Vicky rappellent que la majorité des adultes allemands et italiens avaient vécu sous Hitler et Mussolini, de même pour la France avec le soutien au régime pétainiste, au moins au début. Face à leur mode de pensée, notre discours s’ancrait sur les aspirations d’émancipation humaine et sur l’anti-autoritarisme.

3ème réponse : Une conception du monde hantée par la complémentarité entre capitalisme « libéral », militarisme et fascisme

Nous savions tous le rôle du grand capital dans l’accession du fascisme au pouvoir en Italie comme en Allemagne, en Autriche comme au Portugal, etc. Pourquoi cela ne recommencerait-il pas si ses intérêts étaient à nouveau en jeu en Europe. Or, le poids de ce grand capital n’a pas régressé en Europe, au contraire.

Nous savions tous l’alliance de la droite, particulièrement les libéraux, avec les fascistes. En France, tous les députés de droite sauf un avaient été capables de voter légalement en 1940 la mise en place de la dictature pétainiste puis de couvrir légalement le coup d’état gaulliste de 1958. Pourquoi leur faire confiance ?

Nous savions tous l’utilisation du nationalisme guerrier par la presse capitaliste pour dévoyer les aspirations populaires vers la haine de l’étranger, vers la guerre

Ses souvenirs comme les réalités de l’époque nous conduisaient à une analyse de la période mondiale comme un tournant où l’humanité avait trois grands choix possibles :

-  domination capitaliste avec divers risques dont la guerre et le fascisme

-  domination stalinienne symbolisée par les goulags

-  émancipation collective, individuelle et citoyenne que nous considérions, à juste titre porter.

Cette formulation politique des enjeux générait une politisation très forte des militants qui apparaît peu dans le documentaire que nous venons de voir. 4ème réponse : des militants très politisés au cœur de la jeunesse. Exemple :

La fondation des Comités d’Action Lycéens

Dans les années 1956 à 1965, de premiers réseaux se constituent dans la jeunesse sur des positions essentiellement internationalistes, antifascistes (affrontements contre l’extrême droite dans les lycées et facultés durant la guerre d’Algérie), anticapitalistes et antistaliniennes.

Dans les années 1965 à 1968 en France, toutes les organisations de jeunesse connaissent une radicalisation politique et une forte contestation de l’ordre établi. C’est le cas dans l’UNEF, grand syndicat étudiant à l’époque mais aussi dans la Jeunesse Etudiante Chrétienne, dans les Equipes Unionistes protestantes, les Jeunesses Socialistes, les Etudiants du PSU etc. Pour l’histoire de 1968 en France et particulièrement des Comités d’Action Lycéens, c’est la crise du Mouvement de la Jeunesse Communiste qui présente la plus grande importance.

En 1965 puis 1966, tous les groupes de jeunes et individus considérés déviants par rapport à la ligne de la direction du Parti Communiste sont exclus. C’est le cas de jeunes des lycées parisiens Decour, Turgot, Henri IV qui animent un “ Comité d’information et d’action pour le soutien à la lutte du peuple Vietnamien ”. Exclus du MJCF en septembre 1966, ils adhérent aux Jeunesses Communistes Révolutionnaires naissantes et fondent des Comités Vietnam Lycéens. Le 13 décembre 1967, ils animent une grève majoritaire dans les classes terminales contre le projet de loi Fouchet de renforcement de la sélection à l’Université.

Suite à la grève du 13 décembre, un élève de seconde nommé Romain Charpentier dit Goupil est exclu du lycée Decour. Ses copains, essentiellement membres des JCR comme Michel Récanati, créent les Comités d’Action Lycéens pour la réintégration de Romain mais aussi sur un programme contre les lycées casernes. Première victoire : Romain Goupil est réintégré sur le lycée Voltaire.

5ème réponse Des trajectoires individuelles et la naissance d’une petite génération politique

Avoir fait 68, c’est quoi ? c’est être fait de quoi ? La part des trajectoires individuelles est évidente mais s’intègre dans un processus général. Pour ce qui me concerne, j’ai fait partie :

-  des quelques lycéens dont le groupe a été exclu par le PCF en 1966
-  En 1967, j’ai cofondé un groupe et l’avons nommé Le Pavé
-  Informé par le réseau JCR de ce qui se passait dans les lycées parisiens, j’ai fondé un Comité d’Action Lycéen sur Rodez qui a rapidement essaimé sur tous les lycées du département.

Le vendredi 3 mai 1968, le premier affrontement important entre jeunes et CRS, la première barricade sont essentiellement assumés par des lycéens. L’extrême droite ayant brûlé le local de l’UNEF à la Sorbonne, un meeting de protestation a été convoqué pour ce jour-là. L’extrême droite marche en commando vers la Sorbonne pour, prétend-elle, attaquer ce meeting. En fait, la police intervient en premier, boucle la Sorbonne avant l’arrivée de l’extrême droite et décide d’embarquer tous les étudiants antifascistes présents. Elle le fait très lentement en raison du nombre de jeunes dont toutes les personnalités du mouvement étudiant, de l’UNEF et d’extrême gauche, pour un nombre limité de cars de CRS. Elle le fait avec des méthodes fréquemment musclées. Peu à peu des lycéens sortant de leur établissement se groupent, sont rejoints par des jeunes sortant des bistrots du quartier latin.

Dans leur livre Génération, les auteurs décrivent ainsi la première barricade Sur ce barrage haut de trente centimètres, franchissable sans effort, une haie humaine se dresse. Ils sont jeunes, très jeunes, inexpérimentés mais résolus. Lorsque la police charge, ils ne s’enfuient guère, ils résistent, bombardent, contre-attaquent avec une rage froide, une haine imprévisible. . Aux alentours de 20h, les grenades de la police pilonnent l’artère vitale du quartier latin. Puis les brigades spéciales foncent, bidule au poing… Les ultimes émeutiers se dispersent. Ils ont tenu presque quatre heures. L’espace d’une soirée, les bâtons des « gardiens de la paix » suscitent des milliers d’enragés.

C’est alors que j’ai compris ce qu’est un bon militant politique. Demandant aux copains qui venaient de vivre cette aventure si on préparait la grève pour le lundi 6 mai, il me fut répondu « Surtout pas ! les matraquages du quartier latin vont susciter une solidarité profonde de la jeunesse du pays. Dans les lycées, profitons-en pour informer, expliquer, renforcer les CAL, améliorer notre liaison et préparer les jours suivants. « 

6ème réponse : Une génération plongée dans le combat politique 24h sur 24

Ce constat-là relève de l’évidence, non pas sur quelques jours mais sur quelques mois pour des dizaines de milliers, une dizaine d’années pour quelques milliers, sur toute la vie pour quelques-centaines. Yves Cohen affirme « Petit à petit, j’ai vécu 24h sur 24 dans la politique… Tout se discutait dans le politique ; tous les aspects de la vie prenaient un caractère politique ». Plus loin, il apporte un témoignage extrêmement important quant aux personnalités générées par un tel combat entre 16 et 19 ans : « la difficulté à ressentir les choses de la vie de façon émotive ». « La force de l’investissement politique marque particulièrement les rêves ».

Vicky résume bien cette force du combat politique dans sa vie devant ses archives étalées sur une table « Je n’ai pas gardé les lettres d’amour ; j’ai gardé le politique »

Eva se rappelle qu’elle ne se permettait aucune journée de repos « J’avais le sentiment de faire partie d’une révolution allemande. Je ne partais pas en vacances pour être toujours présente dans la révolution. IL ne se passait pas un jour sans une initiative importante. »

Petr Uhl ajoute « Chaque journée apportait une quantité d’évènements nouveaux et on s’en nourrissait. » Après l’intervention des chars russes « j’ai pris conscience que moi, je ne me soumettrai pas… J’étais un citoyen ; je suis devenu un homo politicus. C’est pour moi comme le fil unique de ma vie ». « En mars 1968, j’avais adhéré à une organisation internationale d’extrême gauche. Notre dénominateur commun était un socialisme démocratique ». 7ème réponse : Une jeune génération sans complexe, étincelle d’une crise révolutionnaire dont la grève générale des salariés constitue le fondement Vicky délivre une analyse tout à fait exacte sur la place des jeunes durant l’explosion de la crise révolutionnaire « Les jeunes n’avaient pas le goût de la défaite dans la bouche. Quand ils ont explosé, toutes les structures syndicales et politiques ont explosé ».

Petr Uhl témoigne de la libération soudaine des relations humaines « Contact différent entre dirigeants et personnes de la rue. Les gens parlaient beaucoup dans la rue. La société était touchée en profondeur par un sentiment de liberté et d’espoir.

Jean-Paul Gitta, ouvrier de Peugeot, décrit « l’ambiance extraordinaire, géniale, un feu d’artifice ; je n’avais pas assez de mes yeux pour m’imprégner. De vieux militants arrivaient « Enfin, j’aurais vécu ça dans ma vie ». Le drapeau ouge flottait sur le bâtiment occupé. Les gens s’occupaient ; certains écrivaient des poèmes. J’étais bien dans ma boîte. Rien ne pouvait se faire sans demander notre avis. Quand les CRS et Gardes mobiles ont réoccupé l’usine, l’ambiance était insurrectionnelle ».

Yves Cohen insiste lui sur « les groupes de paroles autour des affiches… les rencontres instantanées, même fugaces … la possibilité de discuter de tout entre des gens parfaitement inconnus ».

8ème réponse : Une génération perdue ?

Article de Médiapart sur ce film (Par Caroline Broué)

S’il y a bien un film à voir sur mai 68 avant de saturer définitivement et de ne plus rien lire ni regarder, c’est le formidable documentaire de Ruth Zylberman, 68, année zéro, qui sera diffusé le 30 avril sur Arte à 21h.

S’il y a bien un film à voir sur mai 68 avant de saturer définitivement et de ne plus rien lire ni regarder, c’est le formidable documentaire de Ruth Zylberman, 68, année zéro, qui sera diffusé le 30 avril sur Arte à 21h.

Ils s’appellent Vicky Franzinetti, Yves Cohen, Jean-Paul Gitta, Eva Quistorp, Petr Uhl et Anna Sabatova. En 1968, Vicky était une lycéenne italienne ; elle est devenue militante à Lotta Continua ; Yves était un étudiant parisien maoïste, il s’est ensuite « établi » aux usines Peugeot de Sochaux, et a suivi tout le mouvement de la Gauche prolétarienne de sa naissance à son auto-dissolution en 1973 ; Jean-Paul était un ouvrier de Peugeot acteur de la grève d’occupation de mai-juin 68 et militant syndical ; Eva était une jeune allemande immergée dans la contestation étudiante, elle s’est par la suite engagée dans le combat féministe et écologiste ; Petr et Anna formaient un couple tchécoslovaque contestataire qui a vécu son opposition au régime de « normalisation » soviétique au prix d’années d’emprisonnement, sans jamais perdre ni la foi ni l’espoir de lendemains qui chantent. 68, année zéro retrace ces six parcours bouleversés par les années 68.

Le premier mérite du film de Ruth Zylberman est d’avoir filmé ces inconnus qui, pour s’être engagés dans des activités syndicales, militantes ou politiques, n’ont pas pour autant occupé le devant de la scène ni monopolisé les caméras. Loin des discours nostalgiques des caciques revendiqués du « joli mois de mai », ces six personnages brillent par leur authenticité, leur force, leur lucidité, leur générosité, leur humilité, leur courage parfois, leur sensibilité... mais pas par leur égocentrisme. Leur témoignage permet de comprendre en quoi les années 68 ont noué destins personnels et ambitions collectives. Ils étaient au milieu de la foule, comme les autres, mais leur regard sur leurs engagements, ces années de contestation et les conséquences que ces années ont eues sur eux est un regard singulier qui en dit long sur leur génération. Autrement dit, quand on en a marre de voir, de lire ou d’entendre toujours les mêmes, les leaders devenus icônes, qu’ils aient « fait » 68 ou qu’ils s’y soient opposés, ces six figures fortes font du bien, et surtout nous instruisent beaucoup plus que ne l’ont fait jusqu’à présent les tenants officiels de l’histoire de mai 68.

C’est par la petite histoire des biographies anonymes, une histoire à échelle humaine, qu’on perçoit le mieux la grande Histoire.Le deuxième mérite du film de Ruth Zylberman repose sur son postulat de départ : tenter de comprendre qui étaient ces hommes et ces femmes qui ont « fait » 68. Que veut dire « avoir fait » 68 ? Et que signifie « être fait » de 68 ? Et si 68 n’était qu’un début, une « année zéro » ? Le documentaire s’étale en fait de 1967 à la fin des années 1970 (voire même jusqu’aux années 1989 pour la Tchécoslovaquie).

Comprendre 1968, ce n’est pas simplement comprendre les barricades de mai, c’est aussi inscrire le mouvement dans un contexte plus large. C’est un moment long de l’histoire, qui commence en 1968, mais qui se poursuit tout au long de la décennie suivante. Après 1968, ses échecs et ses désillusions, il a fallu chercher un prolongement aux premiers engagements : ce furent pour certains l’écologie ou le féminisme, pour d’autres (qui ne sont pas dans le film) le terrorisme. Les dérapages dans la violence, voilà pour Vicky Franzinetti ce qui a « permis aux forces les plus conservatrices et réactionnaires de relire le passé : 67, 68, 69 devaient inévitablement mener à ça ». Ce n’est pas dans l’esprit de Mai que les ennemis de 68 doivent chercher le mal, mais dans l’usage qui en a été fait ensuite. Des propos qui résonnent étrangement dans la France de 2008.

Le troisième mérite de 68, année zéro découle des deux premiers : c’est de montrer un 68 autrement, décentré à la fois temporellement et géographiquement. Comme le dit la réalisatrice, elle filme un « 68 dont les bornes chronologiques et topographiques excèdent largement celle du joli mois de mai parisien ». Au lieu de se limiter à Saint-Germain des Prés et à la Sorbonne, son film avance entre les ateliers de Peugeot à Sochaux, les facs turinoises, les portes de la Fiat, les rues pragoises et les communes de Berlin. En d’autres termes, 68 n’est plus seulement un événement parisien, mais un mouvement européen. Le chauvinisme mélancolique des commémorations françaises a un peu tendance à nous le faire oublier. Chaque mouvement s’inscrit dans un paysage national spécifique, de Prague à Berlin et de Paris à Turin ; néanmoins cette singularité nationale ne doit pas évacuer les résonances d’un pays à l’autre.

Ainsi, la mémoire de la 2e Guerre mondiale, de la résistance au nazisme et au fascisme, est partout présente. 68, année zéro est enfin un film générationnel, au sens où à la différence d’un Patrick Rotman par exemple, c’est une « enfant de » qui cherche à comprendre ce qu’a été l’époque de ses parents. Pourquoi une jeune femme de 37 ans s’intéresse-t-elle à ce moment ? Pourtant, ou peut-être justement, de la transmission, il n’est pas question dans le film. Aucun des personnages ne parle d’enfants. Sauf Vicky, la féministe, la juste, qui se dit coupable pour la nouvelle génération d’avoir perdu sur beaucoup de points, et de ne pas lui avoir transmis l’amour de la politique.Par certains côtés, et notamment par cet aspect générationnel, le film de Ruth Zylberman s’apparente au livre de Virginie Linhart, Le jour où mon père s’est tu (Seuil). Mais le film va bien au-delà de l’émotion que dégage le livre sur l’amour d’une fille pour son père. Ruth Zylberman n’en est pas à son premier fait d’armes : après des études d’histoire, un diplôme de l’Institut d’études politiques et un autre de l’Université de New York en poche, elle a déjà réalisé plusieurs documentaires historiques, pour France 5 et pour Arte. Elle semble faire comme l’Italienne de son film qui affirme à la fin, résumant son action, son parcours, son engagement : « Je fais ce qui me semble être juste au moment où je le fais ».

Il faut voir ce documentaire. Il est magnifique.


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