L’Europe, la SNCF, et le démantèlement en cours du service public (Par Daniel Bernard, Maire-Adjoint à Bagnolet, membre de la direction départementale de PRS-93)

jeudi 1er janvier 2015.
 

La privatisation de la poste rencontre une opposition forte aussi bien de la part des salariés concernés que des usagers. Rien de plus normal, car on imagine ce que donneraient des services dépendant uniquement du marché. C’est la notion même de service public qui serait remise en cause.

Cependant, l’exemple de la poste n’est pas isolé.

Ainsi depuis juin 2006 des trains de marchandises exploités par des grands groupes privés sont autorisés à circuler sur les voies de Réseau Ferré de France, société créée pour distinguer l’entretien des infrastructures qui appartenaient à la SNCF de l’exploitation des trains.

Depuis la situation s’est encore aggravée. En effet dès 2009, les Régions qui renouvelleront les contrats qui les lient à la SNCF pour les Transports Express Régionaux de voyageurs (TER), verront des groupes privés faire des offres.

Pire encore dès le premier janvier 2010, le trafic ferroviaire de voyageurs sera ouvert à la concurrence sur les lignes internationales. Sachant que, dans le cas d’un trajet Bruxelles-Marseille passant par Paris et Lyon, qui le voudra, pourra prendre ce train entre Paris et Lyon. Evidemment, d’un point de vue commercial, cela pourrait apparaître attractif. Mais on peut imaginer que la concurrence se fera sur les lignes les plus rentables, aux périodes de fortes affluences notamment.

La conséquence est immédiate : faire peser sur les comptes de la SNCF des coûts insupportables d’exploitation remettant en cause à long terme le maintien des lignes dites secondaires.

Plus grave encore, de longue date, notre réseau dont la couverture territoriale est dense, a la réputation d’être parmi les plus sécuritaires du monde. Qu’en sera-t-il demain ? Par ailleurs on peut penser que l’entretien des infrastructures laissé à la responsabilité nationale ne sera jamais répercuté au vrai prix aux groupes privés.

Enfin, en cette période de crise économico-financière d’une gravité exceptionnelle qui va frapper une fois de plus la classe moyenne et surtout les plus démunis, ce démantèlement du service public détruira un peu plus le lien social au bénéfice de l’idéologie libérale. Plus encore, tous ces services publics que sont le courrier, le chemin de fer, l’eau, l’éducation, l’électricité, le gaz, la radio-télévision, la santé et le téléphone participent directement à notre aménagement équilibré du territoire national qui sera ainsi fortement compromis.

Ce n’est pas cette Europe économico-financière que nous voulons mais une Europe plus sociale et solidaire.


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