On s’accordera ici sur les étapes ,les formes de débats et d’organisation et de liaisons souples , de coopérations dans les luttes immédiates,voire de constitution de listes aux européennes…C’est nécessaire chacun ici le pense et l’a dit.

Il y a urgence cependant à afficher notre objectif : la constitution d’une nouvelle force politique. Ce qui ne signifie pas que nous l’auto proclamions ici immédiatement. Il y faut des médiations ,un tempo ,des pratiques communes,un cadre permanent…UNE MAISON COMMUNE… tout le monde s‘accorde sur ce point ….Mais il faut en même temps cet affichage clair ,cet objectif revendiqué , recherché consciemment et sans attendre,construit au travers des pratiques d’actions ,d’expérimentations sociales et écologiques éprouvées ensemble.

Pour ma part je ne militerai pas pour un affichage « antilibéral » par trop négatif mais plutôt pour une force nouvelle de transformation sociale, écologique et républicaine. Je m’en explique brièvement ici.

Oui , nous sommes dans l’urgence sociale,écologique démocratique quand montent les périls et que disparaissent d’une façon ou d’une autre les grandes forces de gauche issues des 19ème et 20ème siècle. Par reniement comme la social démocratie européenne ou acte de décès pour les partis issus de la révolution d’Octobre.

Comme l’écrit l’historien nord américain ERIC HOBSBAWN en conclusion de son beau livre : « L’âge de extrêmes »

« …Si l’humanité doit avoir un semblant d’avenir, ce ne saurait être en prolongeant le passé ou le présent. Si nous essayons de construire le troisième millénaire sur cette base, nous échouerons. Et la rançon de l’échec, c’est-à-dire du refus de changer la société,ce sont les ténèbres. »

La forme de ce que nous allons expérimenter ensemble a bien sûr un lien étroit avec son contenu. Finies les dissociations entre stratégie , programme et tactiques. Ces hiatus ont été parfois tragiques , toujours chemins de l’échec pour le mouvement ouvrier. C’est pourquoi il convient d’être très vigilant sur les formes d’organisation et de vie démocratique d’une maison commune vers laquelle nous allons. D’autant plus que les solutions à la crise systémique du capitalisme ne sont ni dans le tout marchandise,ni dans le tout état. Mais du côté de la recherche par les citoyens mobilisés d’espaces d’autonomie , d’expérimentations sociales et citoyennes,de débats publics sur les bases et les limites de la société à inventer. Nous héritons en effet des grands échecs du 20ème siècle : ceux du stalinisme , du capitalisme mondialisé,du productivisme destructeur de la planète .Nous devons donc penser leur dépassement . Redoutable et belle tâche !

Je plaide pour une force nouvelle qui se saisisse des acquis républicains , càd laïques sans sectarisme et démocratiques jusqu’au bout. Une force qui dise qu’elle veut reconstruise un état , des lois, de nouveaux services publics, renationalise en gérant autrement des secteurs clefs à débattre, un parlement national doté de vrais pouvoirs càd qui en finisse avec le carcan qui étouffe la démocratie,personnalise partout la vie politique : la Constitution de la 5éme République. Et pour l’Europe , en œuvrant avec d’autres forces comme DIE LINKE en Allemagne, se batte pour une Constituante européenne comme axe central des élections européennes de 2009 afin que les peuples ne soient plus expulsés de la construction européenne mais en soient au contraire les artisans.

Je plaide enfin pour une force nouvelle qui ne soit pas celle du témoignage et de la marginalité. Mais une force qui sache aboutir à la gestion publique de l’Europe, de l’état ,des collectivités locales. Avec comme appui citoyen les luttes de résistance , d’expérimentation,d’invention du peuple…En clair, la recherche de majorités électorales sans quoi la politique reste du verbe. Ce qui implique un rassemblement de toute la gauche au niveau local et national, sur la base, évidemment conflictuelle, d’un programme de rupture avec le néo libéralisme et le bonapartisme politique de la Vème .

Ce que n’a jamais voulu faire en son temps par ex la direction du PCF dans le gouvernement d’Union Nationale issu du CNR de 1944 à 1947.Quand il n’a pas su ni voulu s’appuyer sur les expériences de gestion ouvrière de 15 grandes entreprises industrielles réquisitionnées quand les patrons étaient des collaborateurs avec les occupants nazis à Marseille , alors que le rapport de forces lui était favorable et qu’il pouvait les étendre . C’est vrai aussi qu’à l’époque Roosvelt et Staline avaient partagé le monde à Yalta. De même, à partir de mai 1981, quand 4 ministres communistes au gouvernement incitaient de fait la CGT et les syndicats de l’enseignement à rester l’arme au pied quand Mitterrand fit marche arrière sur la Constitution de 1958 ou sur la nationalisation laïque de l’enseignement. Ou quand les reculades sociales s’accentuèrent après le tournant de la rigueur de 1983.

C’est-à-dire de qu’il convient de nous préparer à un combat politique contre le social libéralisme du PS en prenant à témoin l’opinion,non en restant dans la radicalité qui refuse par avance toute alliance, mais en construisant un rapport de forces où la politique du PS est critiquée. D’autant que son propre électorat n’approuve pas toujours cette politique social libérale. On l’a vu avec les votes pour le NON de l’électorat socialiste au TCE en 2005 quand la direction du PS était pour le OUI. La politique ainsi conçue est une guerre de mouvement pas celle des tranchées.

Nous ne saurions donc nous cantonner à un partage des rôles : au PS la gestion,à nous la tribune. Les compromis électoraux s’apprécient en fonction d’un rapport de forces. Celui-ci ne peut se construire sur un a priori de refus de toute alliance de type Front populaire de toutes les gauches. Il y a péril et urgence social écologique ,démocratique. Comme l’écrivait Aragon : « Quand le blé est sous la grêle,fou qui fait le délicat. »

GP,signataire de l’appel de POLITIS à Marseille