D’une crise "financière" à une crise globale du capitalisme ?

dimanche 21 septembre 2008.
 

Si cette crise "financière" est bien la crise globale du capitalisme que nous voyons, alors nous sommes entrés dans une phase périlleuse de l’histoire de l’humanité.

Les relations sociales dans chaque pays et les relations entre les nations vont en être toutes atteintes dans le sens du durcissement des tensions et de la confrontation. Triste perspective si l’on se souvient que les deux dernières crises générales se sont dénouées dans des guerres mondiales. Et il est bien dans le ton du monde actuel qu’il en aille ainsi.

Dans ce monde entièrement dominé par le capitalisme, les divergences d’intérêts sont redevenues des conflits type dix neuvième siècle. Ils opposent des impérialismes en vue de la maitrise des matières premières, des marchés et des voies de communication. Le maintien de la paix redevient donc une question centrale. Bellicistes et pacifiques vont s’affronter idéologiquement. On doit se souvenir que la paix n’est pas l’état de nature entre les hommes. C’est une construction politique. Dès lors, la paix est un enjeu politique. Quelle stratégie construire dans ce but ? Face aux tensions, que faire : la force ou la négociation ?

Le point de vue de gauche dans le siècle passé est celui de la négociation et le refus de la force. Ce choix présuppose la reconnaissance des intérêts contradictoires des protagonistes. Le contraire du système blanc et noir, bon et méchant qui tient lieu de catégories mentales chez les importants aujourd’hui. Ce n’est pas tout. La paix et la guerre sont des dynamiques globales qui s’ancrent dans le sort des incendies locaux. Conflits ethniques, religieux, écologiques peuvent occasionner des départs de feux généraux sans commune mesure avec les origines ni leur impact local.

C’est pourquoi je range dans la même catégorie de danger la situation au Caucase entre nations et la situation en Bolivie. Là, les riches aidés par les USA ont entrepris de déstabiliser le pays en agissant pour sa partition. L’expulsion de l’ambassadeur US est une bonne chose, intuitu personae. En effet cet homme est un spécialiste de la déstabilisation sécessionniste. C’est lui qui négocia les accords de Dayton qui entérinèrent le nettoyage ethnique de la Bosnie. C’est lui qui représenta les USA au Kosovo. Il manigança la criminelle indépendance de cette province.

La réunion des chefs d’Etats américains a condamné les nouvelles activités des sécessionnistes boliviens. Je suis attristé de voir dans quel abandon la gauche laisse cette question. Le peu de solidarité et d’information qu’elle diffuse à ce sujet. Je crois que le devoir de la gauche de résistance est de se mettre en mouvement comme elle peut, dès qu’elle le peut. Peut-être que cela n’aura pas d’influence sur les évènements eux-mêmes. Mais ce n’est pas sûr. Ce qui est certain par contre c’est que cela permettra à tous ceux qui en seront saisis de comprendre comment la stratégie du « Choc des civilisations » se construit localement dans l’ethnicisation des conflits. « La politique locale est ethnique, dit Samuel Huntington l’inventeur de cette théorie, la politique globale est civilisationnelle ». Le complot pour la partition de la Bolivie n’est pas une affaire bolivienne.


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