Le Parti Socialiste, son congrès et son avenir vus par Vincent Peillon

vendredi 5 septembre 2008.
 

Question de Radio Monte Carlo : « Le PS peut-il se réconcilier et l’emporter à la prochaine Présidentielle ? »

« Je pense qu’on y arrivera, si on fait attention à sortir une dizaine d’individus qui sont éternellement malfaisants, qu’on connaît, qui ont été de toutes les combines, et qui sont d’ailleurs assis au secrétariat national depuis 25 ans. Je pense que ces quelques malfaisants doivent maintenant gentiment prendre leur retraite. Ça fait 25 ans qu’ils pourrissent la situation, ça fait 25 ans qu’ils font des combinaisons, 25 ans qu’ils trahissent leurs propres amis. Et je pense que l’on peut faire sans eux.

Après, il y a dans ce parti beaucoup de gens respectables ; donc on peut respecter une minorité : il y a une façon de vivre ensemble, même quand on ne pense pas la même chose sur tout. Mais il y a des gens qui pourrissent cette situation, qui ne respectent pas les règles collectives, qui font toujours des combines.

J’ai quitté François Hollande en 2002, parce qu’il n’a pas voulu, après pourtant ce choc du 21 avril, faire la refondation nécessaire. Il a refait des vieilles alliances - Fabius, Strauss-Kahn, etc. Ils l’ont tué, comme ils tuent tout le monde, comme ils se tuent eux-mêmes d’ailleurs. Mais ils s’obstinent. Et ils peuvent nous tuer collectivement. Donc je dis basta ! Que tous ceux qui veulent vraiment du neuf, que l’espoir trouve son chemin, s’associent dans ce Congrès et qu’on ouvre un nouveau cycle politique. »


Remarques de Jacques Serieys :

Vincent Peillon choisit la tactique qui a réussi à Ségolène Royal pour l’investiture socialiste aux présidentielles : faire passer les autres dirigeants du PS pour une bande de ringards et de combinards responsables de tous les malheurs du socialisme.

Je ne sous-estime évidemment pas la présence de combinards malfaisants dans les directions du Parti socialiste. Mais Vincent Peillon présente leur éradication comme une affaire de morale, un peu à la façon de Robespierre. Or, cette petite couche sociale parasite de combinards existe parce qu’elle rend service aux "grands élus" qui s’appuie sur eux pour faire vivre le parti comme rampe de lancement des carrières personnelles et non comme outil de transformation sociale.

De plus, Vincent est bien mal placé pour jouer cette partition.

Il s’est fait connaître en animant le courant de la droite du Parti socialiste en 1995.

En 2002, il a voulu se donner une nouvelle peau en cofondant le courant Nouveau Parti Socialiste que certains avaient intérêt à présenter comme la gauche du Parti Socialiste.

En 2008, il choisit un nouveau positionnement : Les combinards sont la cause des échecs du Parti depuis 25 ans (1983) ; qu’on les mette hors d’état de nuire, et basta "qu’on ouvre un nouveau cycle politique. »

Pour un socialiste souvent présenté par la presse comme un grand intellectuel, son bilan des 25 dernières années du PS paraît bien sommaire, sinon ridiculement apolitique.

Son argumentation en faveur d’une refondation nécessaire ne peut être comprise qu’en faveur d’une suppression de la représentation proportionnelle sur la base de textes lors des votes de congrès. Une telle "refondation" serait pire que le mal.

Jacques Serieys


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