Le bisphénol A dans les biberons européens : sans danger ? Voire !

mardi 2 septembre 2008.
 

Tandis que le Gouvernement canadien envisage d’interdire l’importation, la vente et la publicité pour les biberons en polycarbonate contenant du bisphénol A (BPA), l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) semble vouloir profiter de la torpeur de l’été pour clore en douce la polémique avec des arguments pour le moins surprenants. Antidote Europe, dont les chercheurs ont évalué la toxicité du bisphénol A sur des cellules humaines révélant ses activités cancérigène et de perturbateur endocrinien, dénonce la désinvolture de l’EFSA qui néglige de prendre en considération ces données pour réviser son avis.

Déjà le 29 janvier 2007, se basant sur une étude effectuée sur des rats, l’EFSA avait recommandé une dose journalière admissible (DJA) de 0,05 milligrammes par kilo de poids corporel. Dans son communiqué du 23 juillet 2008, bien que reconnaissant qu’il existe des "différences significatives entre humains et rongeurs", l’EFSA maintient cette DJA, ignorant visiblement les données de toxicogénomique (méthode mesurant la toxicité d’une substance d’après les perturbations imposées aux gènes) sur des cellules humaines et transmises à l’EFSA par Antidote Europe le 15 mai 2008. Ces données auraient pu permettre à l’EFSA de réévaluer la DJA à partir de données pertinentes pour l’homme.

Pour justifier son maintien de la DJA du BPA, l’EFSA remarque que "les personnes métabolisent et excrètent le BPA plus rapidement que les rongeurs" et conclut que "l’exposition du foetus humain au BPA serait négligeable car la mère métabolise et élimine rapidement le BPA". L’EFSA considère donc que métabolisation et élimination rapides protègent des effets toxiques. Ceci est pour le moins surprenant et en tout cas en contradiction flagrante avec les connaissances fondamentales de pharmacodynamique, puisque la plupart des médicaments sont métabolisés et éliminés dans les heures qui suivent la prise, ce qui ne les empêche pas d’avoir les effets thérapeutique recherchés… ou indésirables.

Antidote Europe demande que les autorités sanitaires évaluent très sérieusement les risques pour l’homme posés par son exposition massive au BPA (production annuelle : 3 millions de tonnes !), notamment sur des cellules humaines en culture, par des méthodes scientifiquement éprouvées et disponibles aujourd’hui, plutôt que de s’en remettre à des tests sur des animaux sans pertinence pour l’homme.


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