INVENTER UNE ALTERNATIVE POUR LE 21eme SIECLE (par Les Alternatifs)

samedi 12 juillet 2008.
 

Les dictatures bureaucratiques du "socialisme réellement existant" se sont écroulées.

Et, depuis un quart de siècle, nous vivons l’effondrement de la social-démocratie en Europe, en tant que doctrine politique, corps d’idées, mais aussi capacité de réalisations, projet et pratique de gouvernement.

Cet effondrement est lié au passage à une nouvelle période du capitalisme : financiarisation prédatrice, marchandisation de tous les aspects de la vie, régressions des acquis des compromis sociaux noués autour de l’Etat-Providence, tendances autoritaires et bellicistes.

De nouvelles formes politiques sont en gestation, entre autres au sein du mouvement altermondialiste et dans bon nombre de pays européens.

Elles restent encore trop marquées par une lutte « contre » plutôt que par une lutte « pour », et par des propositions héritées de la vision ancienne de la social-démocratie, plus que d’une visée nouvelle, alternative et autogestionnaire.

Les combats défensifs qui ont marqués une période longue sont largement responsables de ce retard, au même titre que le discrédit de l’action collective par l’idéologie dominante.

Il est donc nécessaire d’inventer un socialisme, une alternative - les Alternatifs diraient un éco socialisme autogestionnaire et altermondialiste - du 21e siècle.

La question de l’émancipation humaine est posée à travers la diversité des fronts de lutte :

l’émancipation à l’égard de l’oppression capitaliste

l’émancipation des femmes,

l’émancipation à l’égard du temps contraint

l’émancipation à l’égard de toutes les formes de pouvoir politique structurellement inégalitaires

l’émancipation écologique à l’égard du productivisme.

C’est aujourd’hui ce chantier qui est à l’ordre du jour.

L’ORIENTATION DES ALTERNATIFS

Dans cette phase d’invention, d’expérimentation, les Alternatifs portent trois démarches indissociables, deux d’entre-elles impliqueront échanges et partenariats avec le NPA.

- La construction d’une organisation politique autogestionnaire, alternative, écologiste, féministe, altermondialiste. Pour cette démarche, que nous souhaitons engager avant la fin 2009, nos interlocuteurs sont, outre des militant-e-s des multiples combats sociaux et écologiques, le courant communiste unitaire, des courants écologistes de gauche, pour partie issus des Verts, les secteurs de collectifs unitaires qui le souhaiteront. Des démarches s’esquissent dans le sens du regroupement (par exemple en Midi-Pyrénées), ce processus passera par des phases de coopération, mais nous souhaitons qu’il aboutisse à une organisation commune.

Mais, en tout état de cause, la constitution de la gauche alternative en force politique, qui se fera, à la différence du NPA, par l’échange entre des courants politiques divers, n’épuisera pas (pas plus que la création du NPA) la question de la convergence des forces de la gauche de transformation sociale.

- C’est pourquoi les Alternatifs proposent que toutes les composantes de cette gauche sociale et politique se retrouvent dans des espaces commun de débat sur les contenus d’une alternative.

- Ils agissent pour un front commun entre celles et ceux, organisations politiques, collectifs unitaires, courants, militant-e-s de tous les combats émancipateurs, qui n’acceptent pas de borner leur réflexion et leur action à l’aménagement du capitalisme et du productivisme.

A ce stade du processus, plutôt que la fusion dans un parti commun de gauche critique, i’ organisation de la convergence pourrait combiner une alliance permanente de différentes structures politiques, combinée à des collectifs unitaires.

Dans cette optique, respectant les différents parcours idéologiques et militants, nous proposons plutôt qu’une fusion, d’établir une alliance pérenne qui se confirmera au fil des échéances

A sa manière, le processus constitutif du NPA prouve qu’il est possible de ne pas découpler travail sur les contenus et construction militante. C’est un leçon nécessaire, notamment pour les secteurs antilibéraux qui lient trop peu réflexion et engagement dans les mobilisations comme ciment des convergences.

LE NPA : TRANSCROISSANCE REUSSIE

La LCR est en passe de réussir sa transcroissance. Transcroissance, car l’apport de plusieurs milliers d’adhérent-e-s non issus de la Ligue ne met pas en cause l’hégémonie de fait du courant politique initiateur du processus. Pour deux raisons majeures : d’une part, la diversité des aspirations qui trouvent une voie d’expression dans le NPA, d’écologistes radicaux à des ouvrièristes, font du courant politiquement et culturellement dominant le point d’équilibre et le facteur de cohésion du parti.

Transcroissance aussi, parce que le NPA se contitue autour d’un seul courant anticapitaliste, les courants communiste libertaire, alternatif, communiste critique n’y sont pas présents.

Mais transcroissance réussie, car l’apport de nombreux nouveaux adhérents, divers, souvent jeunes, va donner plus de poids à ce courant au sein de la gauche de gauche et dans les mobilisations, même si les contenus -portés à une large échelle par Olivier Besancenot -restent plus du domaine de la résistance "syndicaliste de gauche" que de l’alternative.

BIENVENUE DANS LA TROISIEME PERIODE ?

Le risque existe que la LCR/NPA s’engage dans une orientation limitant son projet à la poursuite de la construction du parti, à un tête à tête entre le parti et les radicalités sociales, en considérant que les relations à construire avec le champ politico social de la gauche de gauche ont, pour l’essentiel, vocation a être le vivier de son renforcement. Si tel etait le cas, les échanges avec d’autres courants et organisations, dont les Alternatifs seraient peu fructueux...

DEBATTRE, AGIR ENSEMBLE

Nous souhaitons qu’il en aille autrement, que des confrontations politiques, des coopérations, puissent se construire, y compris lors d’échéances comme les élections européennes de 2009.

Outre les soutiens unitaires indispensables aux mobilisations, d’autant plus que le PS est quasi absent de ces terrains, diverses questions traversent le champ de la gauche de transformation sociale et écologique.

- Celle de l’autogestion, qui n’est, pour les Alternatifs, ni un supplément d’âme ni un objectif lointain pour les lendemains de la prise du pouvoir. L’autogestion est une exigence immédiate, but et moyen à la fois, pratique dans les luttes et aspiration dans le fonctionnement même des structures associatives, syndicales, politiques. Elle ne résume évidemment pas à des formes démocratiques participatives. Cette question rejoint celle de l’organisation (des organisations) à construire. La forme réseau, pertinente pour une mobilisation sur un objectif commun, ne constitue nullement une garantie en terme de démocratie ou d’efficacité pour une organisation politique, mais la forme parti verticale est condamnée.

- Celle d’un éco socialisme Ce débat est esquissé au sein du NPA, pour les Alternatifs il est nécessaire (et il nous reste du chemin à faire) de dépasser la juxtaposition du rouge et du vert, le rouge l’emportant le plus souvent en définitive, pour aboutir à un projet d’émancipation humaine qui sera écologiste ou ne sera pas

- Celle des leviers de mobilisation. S’il est juste d’opposer le "tous ensemble" au saucissonnage des journées d’action, une réflexion est nécessaire sur la possibilité de construire des rapports de forces locaux, régionaux, autour d’entreprises en lutte, de la défense de secteurs publics, d’enjeux écologiques, ces rapports de forces pouvant permettre d’élargir le champ de la lutte.

- Celle du rapport au PS. Notre combat est d’abord orienté contre la droite et le capital. Nous ne sous-estimons pas les ambiguités de certains secteurs antilibéraux vis à vis du PS, y compris une partie de ceux avec qui nous souhaitons constituer une force de gauche alternative.

Pour notre part, nous nous positionnons clairement contre la participation à un gouvernement social libéral, donc, car les mots ont un sens, dominé par le PS, avec ou sans des alliés (Verts, PCF...), sans ignorer pour autant l’existence de courants minoritaires antilibéraux au sein de ce parti.

Nous n’excluons pas, sans sous-estimer les risques de digestion par l’institution, des accords d’union de la gauche dans des collectivités territoriales, si ces accords permettent la mise en oeuvre de politiques publiques socialement et écologiquement utiles, ou intégrant des avancées dans le sens de la démocratie active.

Il nous parait nécessaire de débattre dans la clarté de ces questions, en lien avec celle du rapport aux institutions.

Ces débats, cette construction unitaire, concernent, au delà de nos deux organisations, un champ politico-social large : nous y sommes prêts.

J.J. Boislaroussie

Tribune publiée dans le numéro de juillet de "Critique Communiste"


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