Le poulet chloré des USA de retour avec le TAFTA CETA ?

lundi 22 octobre 2018.
 

Dans les abattoirs des États-Unis, une fois plumé et prédécoupé, le poulet est plongé dans une solution associant plusieurs éléments entrant dans la composition de l’eau de Javel, afin d’éliminer les éventuelles bactéries pathogènes.

- A) Bruxelles et le poulet chloré des USA..

- B) Le poulet au chlore va-t-il débarquer dans nos assiettes ? (juillet 2014)

- C) Avec le tafta, 335 fois plus de volaille américaine (janvier 2016)

- D) CETA, le traité Cheval de Troie du TAFTA (Jean-Luc Mélenchon, septembre 2016)

F) Le CETA, c’est taré ! Retirez-le ! (16 février 2017)

E) CETA : On règlera les comptes en 2017 (30 octobre2016)

CETA Libre-échange : Juncker passe en force. Les mensonges de Hollande s’écroulent

D) CETA, le traité Cheval de Troie du TAFTA (Jean-Luc Mélenchon)

C) Avec le tafta, 335 fois plus de volaille américaine

Un rapport du département d’État à l’Agriculture des États-Unis montre que le secteur agricole états-unien bénéficierait davantage que celui de l’Europe de l’accord de libre-échange entre l’UE et les États-Unis actuellement en négociation.

Et si la prochaine dinde que vous mangerez pendant les fêtes venait de l’autre côté de l’océan Atlantique  ? Un rapport états-unien montre que, si un accord de commerce transatlantique était conclu, il bénéficierait avant tout à l’agriculture américaine, et non à celle de l’Europe. Les chiffres du document du département d’État à l’Agriculture des États-Unis sont éloquents  : si les droits de douane étaient réduits à néant, les exportations agricoles américaines vers le Vieux Continent progresseraient de 5,5 milliards de dollars (soit 5,105 milliards d’euros), contre seulement 800 millions de dollars (742 millions d’euros) pour les exportations européennes. En d’autres termes, le secteur agricole états-unien bénéficierait sept fois plus d’un accord que le secteur européen. Si l’Union européenne (UE) négocie un tel accord depuis 2013, c’est qu’elle espère se rattraper en obtenant l’ouverture du marché des services publics ou des services aux entreprises aux multinationales européennes. Au détriment de l’agriculture.

Ce rapport a été publié en novembre. Il vient d’être rendu public en Europe par le député européen socialiste belge Marc Tarabella. Dans une lettre, il demande au président de la Commission européenne la suspension des négociations portant sur la conclusion d’un traité de libre commerce et investissement entre les États-Unis et l’Europe (TTIP) et que l’exécutif européen s’exprime sur l’évaluation produite aux États-Unis. « La composante agricole ne saurait être la variable d’ajustement pour les autres chapitres dans la négociation sur le TTIP », dénonce le parlementaire. Les règles d’hygiène ne sont pas les mêmes des deux côtés de l’Atlantique

Car l’agriculture européenne serait durement touchée. Le rapport est instructif pour les chiffres qu’il apporte, et la philosophie qu’il sous-tend. Il examine plusieurs scenarii. Le premier est celui où seuls les droits de douane sont supprimés. Il correspond au résultat énoncé plus haut.

Les droits de douane entre les deux continents sont déjà bas  : en moyenne de 3,5 % pour les biens allant de l’UE vers les États-Unis et de 5,5 % pour ceux empruntant le chemin inverse. Mais l’agriculture européenne est particulièrement protégée. Ces taux de douane sont, dans le domaine agricole, en moyenne de 4,7 % et de 13,7 %. C’est dès lors un enjeu pour Washington que de les faire chuter. Car, « il est (…) important de rappeler que les États-Unis ont depuis plusieurs décennies une balance commerciale agroalimentaire excédentaire sur la plupart des régions, en particulier vis-à-vis de l’Asie, et que leurs rares déficits émanent de leurs échanges avec l’UE, et singulièrement avec la France », relevait en novembre 2014 Paul Verluise, directeur du site Diploweb.com. Un accord transatlantique permettrait de réduire le déficit commercial en matière agricole des États-Unis, ce qui renforcerait leur hégémonie. De plus, une chute des droits de douane sur certains produits où ils sont jusqu’alors très élevés pourrait en faire bondir les exportations. Pour le bœuf états-unien, elles pourraient progresser de 685 % par an  ! En conséquence, la production bovine états-unienne augmenterait de 1,33 % quand celle européenne chuterait de 1,11 %.

Un deuxième scénario est envisagé  : celui où les règles sanitaires et d’hygiène tombent. En effet, aujourd’hui les règles ne sont pas les mêmes des deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, aux États-Unis, on lave au chlore les poulets et l’on dope les vaches aux hormones  : des pratiques réprouvées en Europe. Si les normes européennes sont abandonnées, en sus des droits de douane, alors les exportations états-uniennes bondiraient de 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) contre 2 milliards de dollars pour les européennes. Aujourd’hui, les ventes de volaille étant confidentielles, elles pourraient bondir de… 33 505 %  !

Toutefois, le rapport énonce un troisième scénario  : celui où, du fait de l’affaiblissement des normes européennes, les consommateurs ne feraient plus confiance aux produits importés et se reporteraient sur de la nourriture locale. Dans ce cas, le gain en termes d’exportations pourrait être très faible. Cette hypothèse inquiète particulièrement Washington… et montre bien quel est l’enjeu des négociations  : la capacité des citoyens européens à établir les règles, y compris sur ce qu’ils mettent dans leurs assiettes.

Gaël De Santis, L’Humanité

B) Le poulet au chlore va-t-il débarquer dans nos assiettes ?

http://www.lefigaro.fr/sciences

Très fréquent aux États-Unis pour éradiquer les salmonelles, le nettoyage du poulet au chlore est formellement interdit dans l’UE, comme toute autre forme de traitement chimique des contaminations. Guidée par le mandat reçu de la part des États membres, l’Union européenne (UE) maintient une position claire depuis le début des négociations : non, les règles sanitaires en vigueur au sein de l’UE ne seront pas remises en cause. Les poulets américains, qui n’y sont plus vendus depuis 1997, resteront donc interdits sur le Vieux Continent. Une position qui dénote avec les atermoiements du passé, quand, en 2008, la Commission européenne proposait... d’autoriser l’importation de ces poulets.

Le tribunal supranational fait planer le doute

Mais la création d’un tribunal supranational qui trancherait les litiges entre les États et les multinationales pourrait être incluse dans le traité transatlantique. L’idée est férocement combattue par les Européens. En clair, si le traité transatlantique était signé, les fabricants américains de poulet pourraient tout à fait décider d’attaquer la France si celle-ci persistait à interdire la vente de leurs volailles, au nom de la concurrence. Et si le tribunal jugeait la requête fondée, la France pourrait être obligée de se plier à sa décision. C’est précisément ce que craint José Bové (EELV).

En offrant la possibilité à une entreprise d’attaquer un pays, l’accord mettrait donc en danger les règles européennes. C’est aussi l’avis du député Patrick Le Hyaric (FG), qui a expliqué à l’occasion d’une action de communication dans une piscine que « la mise en place de tribunaux arbitraux permettra aux entreprises privées d’attaquer les États sur leurs réglementations pour entrave à la concurrence ».

A) Bruxelles et le poulet chloré des USA... (juin 2008)

Banni depuis onze ans, le poulet américain trempé dans l’eau de Javel pourrait bientôt refaire son apparition dans l’assiette du consommateur européen. C’est la perspective qu’a tracée mercredi la Commission de Bruxelles en autorisant l’importation de volailles d’outre-Atlantique qui, afin d’être débarrassées de leurs microbes, sont trempées dans une solution associant plusieurs éléments entrant dans la composition du célèbre détergent. Une fois plumée et vidée et prédécoupée, la volaille est introduite dans une sorte de machine à laver d’où elle est censée ressortir, décontaminée. « Les opinions scientifiques ont démontré qu’il n’y a pas de risque immédiat pour la santé », a déclaré mercredi la Commission européenne, sous la bronca des eurodéputés, unanimes dans leur opposition. Un parlementaire grec, Dimitrios Papadimoulis, a dénoncé « un crime contre la santé des citoyens ».

La « promesse » d’une levée de l’embargo sur le poulet chloré américain sujet récurrent de contentieux entre Bruxelles et Washington avait déjà été évoquée le 13 mai par le commissaire européen à l’Industrie, Günter Verheugen, soucieux de renforcer les liens commerciaux transatlantiques. Côté scientifique, les avis sont partagés. Selon une étude réalisée par une association de consommateurs américains (Consumer Reports), le traitement antimicrobien pratiqué par les abattoirs américains n’aurait pas permis de réduire la présence de salmonelle et de campylobacter, cause d’infections diarrhéiques.

En revanche, l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) affirme n’avoir pas détecté de « problème » sanitaire, ni détecté de cas de résistance antimicrobienne. L’Efsa reste néanmoins prudente : les tests ont été réalisés in vitro et non in situ. En outre, l’Agence se dit « incapable » de prouver que le recours aux acides peroxydés l’une des quatre substances utilisées dans la décontamination du poulet garantit l’éradication où la réduction des bactéries. S’agissant du goût, affirme un expert vétérinaire, le procédé de décontamination est tellement rapide (quinze secondes) que le consommateur n’y verrait que du feu ! L’opposition au retour du poulet chloré serait donc essentiellement politique.

Une évaluation au bout de deux ans

Plusieurs capitales craignent également que la méthode américaine supplante progressivement les règlements sanitaires européens. Ces derniers prévoient un contrôle minutieux de l’élevage, de la surveillance journalière des poussins aux contrôles qualité réalisés à la sortie de l’abattoir. « Les Américains compensent l’insuffisance de leurs contrôles d’hygiène tout au long de la chaîne par cette opération radicale qu’est le chlorage », explique un vétérinaire. La fédération avicole française s’est inquiétée mercredi de possibles « distorsions de concurrence ».

Pour parer à ces critiques, la Commission a prévu une évaluation au bout de deux ans. Le recours aux solutions chlorées sera « optionnel », ajoute-t-elle, et concernera, non point des morceaux de la bête, mais des carcasses entières. Les consommateurs en seront informés grâce à l’introduction d’un étiquetage adapté. Enfin, les quatre substances de décontamination (dioxyde de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxydés) ne pourront pas être mélangées. « S’il y a des dangers, nous prendrons des mesures immédiates », a conclu un expert. Selon l’industrie avicole, 300 000 tonnes de poulet chloré seraient prêtes à être exportées dans l’UE.

De notre correspondant à Bruxelles, Pierre Avril (juin 2008)


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