Fumer provoque le cancer. Libéraliser provoque des licenciements.

mercredi 25 juin 2008.
 

L’acier et le tabac sont des milieux a priori très dissemblables. Certes, mais pris dans la tourmente d’un même système (le libéralisme économique), les mêmes causes donnent exactement les mêmes effets.

Le parallèle entre la triste situation de l’aciérie de Gandrange et celle encore moins enviable de la manufacture de tabac de Metz n’a pas été relevé par la presse. Pourtant il est édifiant, jugez plutôt :

Ces deux usines de la Lorraine sinistrée, distantes d’à peine 20km, employaient des ouvriers, techniciens, ingénieurs, qui allaient bosser tous les matins depuis des années pour un salaire qui ne leur permettait sûrement pas de louer le yacht de Bolloré.

Acte 1 : la privatisation

* En février1995, la SEITA est privatisée par le gouvernement Balladur en application du dogme libéral.

* Quelques mois plus tard, changement de gouvernement mais pas de méthodes : USINOR est privatisée par le gouvernement Chirac/Juppé, en application du dogme libéral.

Acte 2 : la fusion.

* Fin 1999, la SEITA fusionne avec l’espagnol TABACALERA pour créer la société ALTADIS, cotée à la bourse de Paris. Des usines sont déjà fermées à ce moment.

* En février 2002, USINOR fusionne avec le luxembourgeois ARBED et l’espagnol ACERALIA pour créer la société ARCELOR, cotée à la bourse de Paris

Acte 3 : l’OPA hostile

* En 2007, ARCELOR est victime d’une OPA hostile et rachetée pour 26.9 milliards d’euros par la société néerlandaise du milliardaire indien MITTAL.

* En janvier 2008, ALTADIS est victime d’un OPA hostile et rachetée pour 12.8 milliards d’euros par la société britannique IMPERIAL TOBACCO

Acte 4 : le dégraissage

* En janvier 2008, MITTAL annonce 595 licenciements à l’usine de Gandrange, pas assez rentable.

* En juin 2008, IMPERIAL TOBACCO annonce la suppression de 2440 emplois, dont 1060 en France, et ferme ses usines de Strasbourg et Metz, pas assez rentables. D’autres usines sont dégraissées, ainsi que le siège parisien pour cause de doublon de certains postes avec ceux d’IMPERIAL TOBACCO. Un grand classique. A noter que l’usine de Metz employait 380 personnes en 1974. Elles ne sont plus que 135 aujourd’hui.

Acte 5 : l’intervention des politiques

Et le parallèle ne va pas s’arrêter là : il n’y a pas besoin d’être aussi balèze en prédictions qu’Elizabeth Tessier pour affirmer que comme à Gandrange, on va assister à un ballet de politiciens éplorés et déterminés (certains d’entre eux sont même probablement sincères), qui vont venir faire leur petit numéro devant les salariés, avant de repartir en démontrant une fois de plus l’impuissance du pouvoir exécutif qui a laissé les clés au pouvoir économique. De toute façon, de Metz ou de Strasbourg, ils n’entendront pas les ricanements des dirigeants et actionnaires britanniques...

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