George Best, génie du football, beatles à la gueule d’ange

mardi 9 février 2016.
 

- 22 mai 1946 Naissance à Belfast (Irlande du Nord)
- Ballon d’or en 1968
- auteur de six buts le 7 février 1970, contre Northampton
- 3 décembre 2005 : 150000 personnes à ses obsèques
- le meilleur footballeur du monde aux yeux de Pelé et Maradona

A) George Best sur les terrains de football

https://www.youtube.com/watch?v=npl...

B) « Best of the Best », une autre histoire du foot anglais

On dit en Angleterre que le monde se divise en deux catégories. Ceux qui ont vu jouer George Best et les autres. Peu de joueurs de football ont en effet marqué autant l’histoire de ce sport avec une carrière aussi courte. Dix ans après sa disparition, le 25 novembre 2005, les hommages rendus de l’autre côté de la Manche et les diverses biographies du joueur de Manchester United sorties pour l’occasion, dont celle très complète intitulée Immortel, du journaliste anglais Duncan Hilton (1), permettent de mieux cerner la fascination pour cette icône des années 1960, première rock star du football, amateur de bons mots, de femmes et d’alcool, décédé de ses excès à l’âge de 58 ans. Pour mieux comprendre la dimension de George Best dans la société britannique, il faut revenir au 3 décembre 2005. Sous une pluie battante, plus de 150 000 personnes se serrent dans les rues de Belfast (capitale de l’Irlande du Nord), sa ville natale, pour applaudir le passage de son cercueil. Ce jour-là, sur d’innombrables pancartes et drapeaux, on peut lire  : «  Maradona good, Pelé better, George Best  ». Apolitique, «  Georgie Boy  » faisait l’unanimité chez les catholiques et les protestants. Et son patronyme le prédestinait à une existence hors du commun.

Comment ce petit gars fluet de Belfast, dont l’aéroport porte désormais le nom et qui orne les billets de 5 livres de l’Ulster Bank, a-t-il fait chavirer l’Angleterre  ?

«  Je suis né avec un talent pour lequel d’autres auraient été prêts à mourir  », disait Best. Repéré en 1963 par Manchester United (MU), il signe à 17 ans son premier contrat pro. MU porte alors le deuil du crash aérien de Munich, le 6 février 1958, lors duquel neuf joueurs sont décédés. Surnommé le «  Beatles à la gueule d’ange  » par le Daily Express, il met 10 buts pour sa deuxième saison (1964-1965) et permet aux Red Devils de décrocher le titre, le premier depuis huit ans.

En 1967, à 21 ans, il est sacré champion d’Angleterre pour la deuxième fois. Mèche, favoris, yeux bleus et fossette au menton, aussi agile sur les rectangles verts que sur les pistes de danse, le numéro 7 de MU reçoit plus de 10 000 lettres de fans par semaine et doit embaucher trois secrétaires pour y répondre. Toujours à la mode, ce passionné d’Oscar Wilde au QI proche de 150 se déplace en Jaguar Type E, celle de l’acteur américain Steve McQueen, et accumule les conquêtes.

1968 est son chef-d’œuvre  : élu footballeur de l’année en Angleterre, il remporte la Coupe d’Europe des clubs champions face aux Portugais de Benfica (4-1) en inscrivant un but dans les arrêts de jeu et il reçoit le ballon d’or. Adepte du petit pont, il dribble parfois le même défenseur deux fois de suite, même si ça ne sert à rien. «  Je n’aime pas les tactiques. Cela m’ennuie profondément. Tout ce que je fais, je l’improvise  », dit-il. Les marques ont tôt fait d’utiliser son potentiel glamour pour vendre des pulls, chewing-gum, lunettes de soleil… À 22 ans, Best, fils d’un ouvrier de chantier naval, est déjà millionnaire. Ce qui lui fait dire  : «  Par rapport à ceux qui triment à l’usine, mon salaire est de l’argent facile. Le football n’est pas un métier.  »

« Pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer… »

En 1969, l’entraîneur Matt Busby quitte Manchester United. Le club et George Best ne s’en relèveront pas. Peu à peu, il passe des pages sports aux unes des tabloïds. L’année suivante, il crache sur l’arbitre du match Irlande du Nord-Écosse. En 1971, il est suspendu six semaines pour une série d’exclusions. Il se rend de moins en moins à l’entraînement et boit de plus en plus. En mai 1972, il annonce sa retraite. Il a 25 ans. Il revient sur sa décision et quitte finalement MU en 1974. Pendant dix ans, il va errer de club en club, d’Afrique du Sud aux États-Unis en passant par l’Australie. «  J’avais une maison au bord de la mer, racontera-t-il un jour. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer…  »

Déclaré en faillite personnelle en 1982, il est même obligé de vendre son ballon d’or. Usé par deux divorces, l’alcool, les cures de désintoxication, une cirrhose et une greffe du foie en 2002, il décède en 2005 d’une infection pulmonaire. «  J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport, dira-t-il. Le reste, je l’ai gaspillé.  »

Nicolas Guillermin, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message