Romans préférés : Total Khéops, Chourmo, Soléa de Jean Claude Izzo

mardi 1er novembre 2016.
 

Du roman policier au roman à l’eau de rose en passant par les livres conseil-santé, nous n’avons parfois que le choix de l’embarras pour trouver un livre à lire durant les vacances. Ces trois romans, au titre a priori peu évocateur et énigmatique, peuvent briser le cercle vicieux des lectures peu stimulantes.

Il y a parfois des livres qui vous changent, qui vous parcourent et vous transportent. Les romans d’Izzo sont comme ça. Pour autant, ses livres n’ont pas de héros, si ce n’est la ville, SA ville devrait-on dire : Marseille. « Ici, il faut prendre partie. Se passionner. Etre pour, être contre. Etre violemment. Alors seulement, ce qui est à voir se donne à voir ».

Ecrits de 1995 à 1998 ces romans résonnent avec une certaine acuité : « Les métros, les gares grouillaient de flics. La France républicaine avait décidé de laver plus blanc. Immigration zéro. Le nouveau rêve français » et Izzo d’expliquer la montée du FN : « Le problème, c’en était devenu un avec la crise économique. Le chômage. Plus le chômage augmentait, plus on remarquait qu’il y avait des immigrés. (...) Les Français avaient bouffé tout leur pain blanc pendant les années 70. Mais leur pain noir, ça, il voulait le bouffer seuls. Pas question qu’on vienne en piquer une miette (...). Les Marseillais ne pensaient pas vraiment ça mais on leur avait filé la peur (...) La peur les empêchait de penser »... L’histoire pourrait paraître banale, celle d’un flic raté dans une ville en proie à la violence quotidienne : celle des illusions perdues de ces immigrés arrivés par bateaux et venus chercher un impossible bonheur ; celle du chômage de masse, celle du racisme et du Front national.

Ugo, Manu, Leila. Ses deux amis d’enfance qui ont mal tourné et Leila, jeune beurre des quartiers populaires. Tous trois retrouvés morts, ce qui va conduire Fabio Montale à mener son enquête, lui le flic sans envergure, qui aime la boisson anisée et les femmes. Ils les avaient toutes perdus. Incapable de les retenir et de leur dire son amour.

Ces trois livres ne sont donc pas de simples polars. Les plus beaux romans sont peut être ceux qui laissent à voir la société telle qu’elle est et les Hommes tels qu’ils sont dans leur complexité, leur ambiguïté, dans leur contradiction. Les romans d’Izzo ne sont peut être que le miroir de notre société, de ces doutes.

sur http://www.pourlarepubliquesociale.org de David Emain


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