La nouvelle déclaration de principe du Parti Socialiste (par Trait d’Union)

mercredi 14 mai 2008.
 

Ce sujet est important et il faut le traiter avec sérieux. Depuis la parution dans la presse du projet de déclaration de principe (discuté au BN) un petit retour en arrière s’impose. Car là encore ce qui se joue est souvent autant le contenu du texte proposé que l’interprétation que certains veulent en faire...

Tout d’abord une conférence de presse a été organisée par la direction du PS où Alain Bergougnioux et Henri Weber se félicitent l’un et l’autre de voir enterré l’ancienne déclaration de principe et surtout la phrase tellement pointée du doigt qu’il fallait la supprimer : « Parti de rassemblement, il met le réformisme au service de l’idéal révolutionnaire. ». Cette phrase Trait d’Union la connaît bien puisque c’est Jean Luc Mélenchon qui en 1990 au congrès de Rennes l’avait fait adopter. Effectivement dans la nouvelle version proposée au vote des militants le 29 mai prochain, cette phrase a disparu. Exit donc le terme « révolutionnaire », puisque comme l’a dit Henri Weber : « plus personne en France, même pas Olivier Besancenot, ne propose de s’emparer du pouvoir par la violence des armes.

Dans une démocratie avancée comme la France, la transformation sociale passe par la conviction, la conquête de la majorité et l’accumulation des réformes, non par la révolution. »... On est ici très loin de la formule de Léon Blum qui expliquait qu’il n’excluait aucune méthode pour prendre le pouvoir, y compris les moyens légaux... Enfin ce qui est le plus critiquable dans ce raisonnement c’est l’idée selon laquelle on met un signe d’égalité entre le terme « idéal révolutionnaire » et celui d’ « arme »...

Ces épisodes soulignent la préoccupation de l’axe majoritaire du parti. Il faut montrer que le « PS a changé », qu’il a « renoncé à son archaïsme » et ainsi de suite. Nous connaissons. Le numéro est bien rodé. Il a déjà été joué à de nombreuses reprises dans le passé.

Rappelons parmi d’autres grands moments d’aggiornamento : le premier changement de déclaration de principe (congrès de Rennes 1990), le congrès doctrinal de l’Arche (1991), la modernisation Jospin de 1995 (nouveaux statuts avec notamment élection du premier secrétaire au suffrage universel), le congrès de Dijon (adoption du « réformisme de gauche ») en 2002. Mais la vérité c’est que ces textes n’ont aucune incidence pratique. Ils accompagnent le mouvement de normalisation du PS, ils ne le créent pas. Cela n’enlève rien au sérieux que l’on doit apporter à ces textes et à leur rédaction.

Notre méthode de travail

Notre vote collectif final n’est pas encore fixé. Aucun vote formel n’est intervenu ou que ce soit (ni en Bureau national ni en commission de rédaction) contrairement à ce qui se dit ou s’écrit. Pour l’heure nous avons voulu poser un désaccord total avec ce que dit la déclaration de principe concernant l’Europe. Cette « réserve » a eu valeur d’abstention sur le texte aux yeux de la direction du parti qui l’a présentée comme telle à la presse. Il ne faut pas perdre de vue que le désaccord de la gauche du parti est aussi un argument de vente du texte pour les « modernes ». Il n’en reste pas moins que sur ce point notre opposition est en effet totale. En Bureau national nous avons également pointé que la déclaration ne disait rien sur la stratégie de rassemblement de la gauche.

Et le reste ? La discussion sur le reste du texte a été menée par nous complètement loyalement et avec l’effort pour convaincre. Pourquoi ? Notre but est d’arriver à un texte qui n’exclue aucune des cultures et tradition que l’actuel parti socialiste rassemble sous un même toit. Bien sûr, dans la mesure où la gauche du parti est minoritaire le texte de départ n’est pas le sien. Pour que chacun se rende bien compte du travail accompli, nous joignons des extraits du texte initial.

Chacun pourra constater qu’un important travail a été accompli pour que rien ne reste qui soit une interdiction de séjour vis-à-vis de nous. Il est juste de reconnaître que nombre de nos amendements, préécrits ou rédigés en séance de travail sont dorénavant intégrés au texte. Nous avons fait notre la formule contenu dans l’article 21 du nouveau projet : « Le Parti socialiste veut rassembler toutes les cultures de la gauche »...Nous l’avons fait d’autant plus facilement que le texte initial de cet article disait « le parti socialiste veut réunir toutes les forces de la gauche » et que la nouvelle rédaction est ....celle que nous avons proposé.

Nous avons travaillé en ayant en vue les objectifs suivants :

1. Ne pas entériner la philosophie du texte distribué initialement.

2. Empêcher que le texte devienne un manifeste du parti "Démocrate" comme c’est la pente dans toute l’Europe

3. Ne laisser passer aucune formulation qui rende la vie intenable au sein du parti pour notre "culture" aujourd’hui devenue minoritaire en son sein.

4. S’assurer de la présence des "marqueurs" qui comptent pour nous, que l’on peut résumer très sommairement :

République (par opposition à la seule démocratie)

Laïcité (par opposition à la seule neutralité religieuse)

Partage des richesses (par opposition à la concurrence libre et non faussée ou au pur et simple effacement du thème)

Emancipation de la personne (par opposition au thème de l’individualisme)

Modèle de l’économie mixte (par opposition à la seule économie de marché)

Parti de rassemblement des cultures de la gauche (par opposition au parti "du respect et de la discipline")

Il faut dire clairement que nous avons voulu éviter d’être placé dans une situation ou le texte comporterait des idées telles que nous soyons obligés d’être en opposition frontale sur tout le document comme nous le sommes sur l’article Europe. Il n’y avait aucun intérêt à laisser aller le texte au pire. Car alors la conséquence immédiate s’imposait : nous nous serions auto exclus. En effet comment rester membre d’un parti dont on désapprouve publiquement le fondement...C’est en ayant tout cela à l’esprit que nous apprécions le résultat final. Certes le texte n’est pas celui que nous aurions écrit. Mais ce n’est pas celui qui nous obligera à quitter le PS...

Le texte est à présent dans les fédérations où il doit être amendé. Puis il reviendra en discussion au niveau national, sera adopté en Convention et transmis au congrès du Parti pour le vote définitif. Le national va adresser le texte dans les fédérations, à charge pour elles de l’envoyer « aux secrétaires de section et de les inviter à organiser des réunions sur ce thème »...

Dans la circulaire n° 1360 du PS il est de plus dit : « Nous te demandons également d’organiser dans ta fédération une journée de travail suivie d’un conseil fédéral, dont l’objectif sera, après discussion, de déterminer les propositions que la fédération décide de transmettre à chacune des commissions de la rénovation » (déclaration de principe et Statuts). Dans cette même circulaire il est écrit : « ainsi, seules les propositions qui auront fait l’objet d’un travail collectif en vue de trouver un consensus au sein de la fédération pourront être transmises. »

C’est sur la base du document définitif qu’il faudra se prononcer. D’ici là, pour l’équipe nationale de Trait d’Union, il est essentiel de connaître les remarques et l’avis des camarades ainsi que les propositions d’amendements qu’ils comptent défendre en fédération. Nous devons en effet présenter et défendre nos amendements dans le maximum de fédérations...

En complément voici des extraits de la première version du projet de déclaration de principe sur laquelle nous étions amenés à travailler :

I - NOS FINALITES FONDAMENTALES

Art 1. L’idée socialiste vise à libérer la personne humaine de toutes les oppressions et de toutes les peurs, de toutes les discriminations et de tous les obscurantismes. Elle relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et d’une espérance pour une vie meilleure. Être socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’iI est.

Art. 2. La passion pour l’égalité, une égalité réelle des droits et des chances, est au cœur de notre idéal. Cette quête n’a de sens que par et pour les libertés. Égalité et liberté sont indissociables. La tâche des socialistes et de les rendre compatibles. À défaut, il y a recul sur tous les fronts, et d’abord sur celui même de l’égalité. Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et durable. Elle porte un message universel dès lors qu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux de chacun et de tous.

II - NOS OBJECTIFS POUR LE XXIE SIECLE

Art 5. La critique historique que font les socialistes du capitalisme, comme créateur d’inégalités, porteur d’irrationalité, facteur de crises, demeure d’actualité et, plus encore, à l’âge de la mondialisation libérale dominée par le capitalisme financier. Mais ce n’est pas une raison pour revenir à l’idée d’une économie et d’une société étatisées. Les marchés sont efficaces pour allouer les ressources, satisfaire les préférences des consommateurs, stimuler l’innovation, mais leurs déficiences et leurs limites ne permettent pas un développement qui assure les besoins humains et les équilibres écologiques. Les marchés ont une fonction légitime, s’ils sont encadrés dans des systèmes législatifs et juridiques, qui sont autant de règles contribuant à l’établissement d’une distribution équitable des richesses entre individus et entre peuples. La mondialisation appelle une action collective pour lui donner les règles qui lui manquent. Dans le cadre national, qui demeure souvent pertinent, les socialistes veulent un État qui régule et incite, qui protège et qui dialogue.

III - LES CARACTERES DU PARTI SOCIALISTE (OU NOTRE PARTI SOCIALISTE)

Art 13. Le Parti socialiste est un parti réformiste qui sait que la transformation sociale ne se décrète pas, qu’elle résulte d’une volonté collective forte assumée dans le temps, prenant en compte les réalités et l’histoire. Le Parti socialiste veut contribuer à changer la vie avec la société et par la société, par la loi et le contrat. Il ne considère jamais les rapports de force d’un moment comme figés ou indépassables. Il entend lutter contre tous les déterminismes sociaux, source d’injustices et d’inégalités.

Art 16. Le Parti socialiste est un parti populaire ancré dans le monde du travail. Il est le produit des combats politiques et des luttes sociales menées tout au long des XIXe et XXe siècles. Il entend aujourd’hui exprimer l’intérêt général du peuple français. Et pour cela, il veut représenter la société française dans toute sa diversité. Il fait de la parité entre


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